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Eugene Richards : une Amérique sans perfusion

Publié le 04/12/2018

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Eugene Richards n’est pas seulement un photo-reporter de presse ; il a aussi choisi le livre (il en a signé six) pour mode de diffusion, par déférence et référence aux grands ouvrages qui ont marqué l’histoire de la photographie : Naked City de Weegee (1936), New York de William Klein (1956), les Américains de Robert Frank (1958). L’engagement du photographe est total ; écrivant les textes de ses reportages, il devient auteur à part entière de son livre. Autonomie de la valeur esthétique photographique comme de la dimension sociale et critique de l’ensemble textes-images, ces livres correspondent aussi au développement d’une vision personnelle. On y est plus sensible à l’évocation d’un climat qu’à l’impact d’un compte rendu purement événementiel.

Plus connu aux États-Unis qu’en Europe, Eugene Richards a choisi la photographie, « persuadé qu ’en montrant la réalité, on arrive à la changer ». Caractérisée par des cadrages obliques, espaces chavirant où la perspective bascule, sa vision du réel est souvent cauchemardesque, mais il ne cherche jamais à rendre pittoresque les milieux de la marginalité. Conscient que sa pratique peut relever d’une certaine ambiguïté, associée au voyeurisme et à la complaisance pour les malheurs du monde, il tente, au lieu d’exploiter la misère des autres, d’en explorer les causes, soucieux de dépasser le simple fait de voir et de montrer.

 

Aller au-delà de l’événementiel et du spectaculaire, tel est son souci permanent, depuis ses premières photographies, qui datent de la fin des années soixante.

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