GIORGIONE : LA TEMPÊTE

« GIORGIONE LATEMPÊTE Vers 1505 Peintre italien Analyse ♦^ Il s'agit d'un des rares tableaux de Giorgione que la critique unanime ait toujours reconnu comme autographe, bienqu'aujourd'hui encore les opinions divergent à propos de l'iconographie et de la date de l'œuvre. L'examen radiologique a révélé que dans un premier temps Giorgione avait conçu un second nu féminin à l'emplacement du jeune homme du premier plan.

Cette découverte viendrait renfor cer l'opinion de ceux qui considèrentquecette composition est le fruit de la fantaisie de l'artiste, expression instinctive d'unétatd'âme. Mais il serait surprenantqueLa Tempête, comme les autrestableaux « mystérieux » de Giorgione, ne soit pas liée au courant humaniste raffiné de la Venise de la fin du XVe siècle, qui avait une prédilection marquée pour les sujets hermétiques, intelligibles seulement pour de rares initiés. Le sensénigmatique decette œuvre contribue à la fascination exercée par la toile qui, exécutée probablement peu après 1505, exprime la pléni- ACCADEMIA VENISE XVIe siècle École vénitienne Toile 82 x73 cm tude du langage pictural de Giorgione.

Les per sonnages se fondent dans le paysage et le peintre ne leur accorde pas plus d'importancequ'aux autres composantes de la nature.

Dans l'instant même qui précède l'orage — un éclair avant- coureur déchireles nuages — la natureet l'homme vivent dans une harmonie enchantée. L'œuvre U L'œuvre se trouvait donc àl'origine dans la maison du vénitien Gabriele Vandramin où elle resta jusqu'en 1569 au moins. Elle était toujours à Venise en 1856, date à laquelle elle faisait partie de lacollection Manfrin, etfut choisie en 1875 pour le musée de Berlin. Interdite d'exportation par le gou vernement italien, elle fut achetée par le prince Giovannelli pour27000 lires. L'Accademia de Venise Tacheta en 1932 aux héritiers du prince. Les interprétations ^^ En 1530, l'œuvre fut décrite comme un «morceau de toile avec tempête, bohémienneet soldat», mais, comme les autres tableaux de Gior gione, son interprétation aura donné lieu à d'infi nies controverses.

L'un y voit une allégoriede la nature soumise à des transformations imprévues ; un autre, ladécouverte de Moïse ou l'enfance de Paris; certains ont cru y déceler une allégorie de laFortune, de la Force et de la Charité ouencore yreconnaître les figures d'Adam et Eve... En 1569, Marcantonio Michel ladécrivait dans l'in ventaire de la collection Vendramin comme « la représentation de Mercure et Vénus ». Du même peintre : PICTO 169 à 179 ©Nardini Editore, 1991.VPC Larousse-Laffont pour l'édition française Au-delà de toutes ces exégèses, le critique d'art Morassi approche de plus près, nous semble- t-il,le mystère de l'œuvre: « Quel que soit le sujet précis de ce tableau, il nous donne le sentiment de l'insertion de l'homme dans lanature,de savibration àl'unis son de la sienne, de son évolution et de son anéantissement en elle, selon un concept natu riste qui est à la base de l'art moderne.

Et comme ces termes sont exprimés ici pour la première fois, avec la fragrance virginale des idées écloses de l'âme des poètes, le pouvoirsuggestifde cette œuvre est absolu. L.l » Photo Archives Nardini fil:. »