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La nature morte (Exposé – Art – Collège/Lycée)

Publié le 15/11/2018

Extrait du document

Dans le courant du xve siècle, dans tous les pays du nord des Alpes, les peintres multiplient les meubles et objets dans la scène de l'Annonciation, leur thème privilégié. Certains les isolent du reste de la composition religieuse en pratiquant des niches ou bien encore des revers d'un panneau à sujet religieux, sur un diptyque ou un polyptyque. Mais c'est véritablement dans l'Italie des vingt premières années du xvie siècle, caractérisées par un essor culturel riche et complexe, que s'élabore la vraie nature morte.

Notamment avec la créativité et la variété des sujets de l'atelier de Raphaël (1483-1520).

C'est aussi l'émergence d'une autre branche de l'art italien de la Renaissance, les grotesques.

Ces ornements végétaux inspirés de ceux trouvés dans les monuments antiques sont la spécialité de Giovanni da Udine (1487-1564).

Rembrandt (1606-1669) : nature morte

En 1597, avec son tableau intitulé Corbeille de fruits, le peintre milanais Caravage (1571-1610) fait l'un des chefs-d'œuvre de la nature morte. Le peintre scandalise ses contemporains en affirmant qu'il lui faut «autant de soin pour faire un bon tableau de fleurs qu'un tableau de figures».

UN GENRE MILLÉNAIRE

 

Pratiquée depuis l'Antiquité, la représentation des objets ne devient un genre pictural en soi qu’au cours du xvi' siècle. Mais on la considérera encore longtemps comme un genre mineur de la peinture occidentale, après le portrait, le paysage et, surtout, la peinture d’histoire. La nature morte consiste à représenter toutes sortes d’objets inanimés - ustensiles domestiques, instruments scientifiques ou de musique, fleurs, fruits, animaux morts - en les plaçant comme principal ou seul sujet du tableau. Assortie ou non d’une dimension spirituelle ou symbolique, la nature morte permet à l’artiste de susciter l’émotion devant la beauté des objets et de leur assemblage.

 

On date des années 1750 l'apparition de l’expression «nature morte» dans la langue française et italienne. Elle remplace celle de «vie coye» («vie tranquille » ou « nature reposée », à rapprocher de still life, en anglais) apparue un siècle plus tôt en Angleterre. La «nature morte» est ainsi opposée à la «nature vivante» de la peinture dominée par la figure humaine, traditionnellement considérée comme le genre majeur.

DANS L’ANTIQUITÉ

Les Égyptiens peignaient sur les murs des chambres funéraires de nombreuses tables d’offrandes : elles montraient une accumulation de mets que le mort pouvait consommer dans l’au-delà. Les Grecs ont été les premiers Occidentaux à peindre de véritables natures mortes. Bien qu’aucune nature morte des IIIe et IIe siècles avant notre ère n’ait été conservée, on en a des témoignages : d’après Pline l’Ancien, le plus célèbre peintre grec de natures mortes fut Piraïkos (ive-iiie av. J.-C.), auteur de tableaux représentant surtout des victuailles. Notons aussi les œuvres plus tardives comme les mosaïques et les peintures de Pompéi et de Rome, exécutées sur le modèle grec.

Ce genre était très prisé, à la fois pour son réalisme et pour ses effets de trompe-l’œil. Il servait avant tout

au décor des salles d'apparat et de festin des riches demeures patriciennes.

AU MOYEN ÂGE

À partir du Ve siècle, le premier art chrétien puis Fort byzantin cantonnent la nature morte dans un rôle décoratif et symbolique. Les objets peints ou formés de mosaïques représentent seulement ceux du culte; les formes se schématisent; objets, fruits, fleurs se dépouillent de leurs attraits extérieurs.

Avec la montée de la philosophie aristotélicienne, on revient à l'observation de la nature. La nature morte réapparaît d’abord en Italie, au début du Trecento (XIVe siècle). Giotto (12677-1537), surtout, offre une observation attentive du monde et sait l’imiter avec un sens aigu de l'espace et de la perspective; il fait de nombreux émules.

Les peintres possèdent alors trois sujets de prédilection : l’Annonciation, la Cène et le Saint studieux. Ceux-ci leur offrent de multiples possibilités d'introduire des natures mortes comme par exemple les victuailles et le couvert disposés sur la table des Apôtres. Dans la seconde moitié du XIVe siècle, on assiste également à l'essor des enluminures lombardes (dans le nord de l'Italie) et franco-flamandes. Elles se caractérisent par un réalisme descriptif obtenu grâce au rendu méticuleux des textiles, des petits objets, des fleurs et des animaux. Ce réalisme prendra toute sa dimension avec la peinture à l’huile utilisée par les maîtres flamands dès le XVe siècle : Jan Van Eyck (1390-1441), le Maître de Flémalle (1380-1444). Imprégnée d'humanisme puritain, la société calviniste hollandaise du début du XVe siècle favorise l'émergence d'un nouveau thème pictural : la «Vanité» (compositions rappelant l'inutilité des biens terrestres et du luxe mondain face à la mort inévitable). Le crâne en est l'image symbole, qui éloigne la nature morte du plaisir des yeux.

Avec Manet, l'objet devient sujet d'expérience. Son art simplificateur dépouille la nature morte de sa vibration interne, comme dans ses Pivoines blanches La géométrisation des formes et la saturation des couleurs apparaissent avec Cézanne (Pommes vertes, 1873). Parallèlement, Émile Bernard épure la ligne et la couleur avant que Gauguin n'accorde aux choses une place aussi importante qu'aux personnages. Chaque artiste va ainsi adopter son style particulier à la nature morte, sans en faire toutefois un genre privilégié.

Édouard Manet (1832-1883) : mise en pratique des idées impressionnistes tout en reprenant l'art des maîtres du passé comme Chardin et Goya. Détails bruts, modification de la perspective à l'instar de l'art japonais.

« En Italie : plusieurs centres et courants stylistiques cohabitent au xvu• siècle, en Lombardie, à Gênes, à Florence, à Rome et à Naples.

Mais tous restent sous l'influence du Caravage : motifs, compositions, lumière diffuse.

Comme la nature morte demeure un genre «mineur>> dans la tradition italienne, les peintres recourent souvent à des scènes d'intérieur pour faire figurer des objets.

• Jacopo da Empoli (1551-1640) : vaisselle, denrées alimentaires.

• Pier Francesco Cittadini (1616-1681) : nature morte «opulente» rehaussée d'objets précieux et de tapis orientaux.

• Evarsito Baschenis (1617-1677) : instruments de musique, souvent associés à des livres et draperies pour les nimber de poésie rêveuse.

En Espagne, beaucoup d'artistes - à l'instar de Juan Sanchez Cotan (1560- 1627) -sont marqués par la peinture du Caravage; ils interprètent la nature (le bodegon) comme une image noble, austère, chargée de références morales.

Une intensité quasi religieuse s'exprime au travers des humbles fruits et légumes disposés sur une table.

• Francisco de Zurbaran (1598-1664) : natures mortes empreintes de ténébrisme, faites de quelques objets banals tels des légumes ou des cruches sur fond sombre.

exubérante) et peignent surtout des trophées de chasse.

Mais aucun maitre français n'égale l'art de Jean Baptiste Siméon Chardin (1699- 1779).

Celui-ci délaisse les grandes compositions pour le petit format et renouvelle le genre de la nature morte.

Compositions très élaborées, qui insistent sur le reflet des matières et qui mettent en avant un élément afin de créer la profondeur de la scène.

Jamais > que Chardin avait portée à son sommet.

Avec Manet, l'objet devient sujet d'expérience.

Son art simplificateur dépouille la nature morte de sa vibration interne, comme dans ses Pivoines blanches.

La géométrisation des formes et la saturation des couleurs apparaissent avec Cézanne (Pommes vertes, 1873).

Parallèlement, Émile Bernard épure la ligne et la couleur avant que Gauguin n'accorde aux choses une place aussi importante qu'aux personnages.

Chaque artiste va ainsi adopter son style particulier à la nature morte, sans en faire toutefois un genre privilégié.

• Édouard Manet (1832-1883) :mise en pratique des idées impressionnistes tout en reprenant l'art des maîtres du passé comme Chardin et Goya.

Détails bruts, modification de la perspective à l'instar de l'art japonais.

• Claude Monet (1840-1926) : réalisme de sa célèbre Nature morte (1884).

Étude des nymphéas et du phénomène de la réfraction lumineuse sur les formes et les couleurs des objets.

• Paul Cézanne (1839-1906) :abandon de la perspective pour exprimer la vérité des objets.

Tentative de traduire ses perceptions, de rendre sur la toile la consistance des objets.

Définition floue des contours, projection en avant des lignes de fuite.

Fruits, compotiers, fleurs sont ses sujets fétiches.

• Paul Gauguin (1848-1903) : utilisation arbitraire des couleurs, stylisation des objets qui se transforment en éléments picturaux.

Contrastes des couleurs donnant un style extrêmement original.

Fleurs de tournesol dans un fauteuil (1901 ), Le Jambon (1889).

• Vincent Van Gogh (1853-1890} : compositions déformées, mouvantes, déséquilibrées qui reflètent le caractère tourmenté et instable de l'artiste.

Couleurs épaisses et touche empâtée pour rendre compte de la consistance des objets.

Chaise et pipe (1888- 1889}, Souliers aux lacets (1887).

Le symbolisme trouve en cette fin de siècle des ressources étranges et illimitées dans les choses inanimées.

Le monde des fleurs devient par exemple pour Odilon Redon un «infini lointain>> .

IIIJiiJ!i!J Après l'ère de Cézanne, le genre de la nature morte sera cultivé essentiellement en France.

Désormais, le tableau n'est plus conçu comme une «fenêtre ouverte sur le monde» avec toute sa réalité, mais comme un objet autonome qui exprime la réalité même de l'œuvre.

Avec la rétrospective de Cézanne en 1907, les nouvelles générations d'artistes trouvent dans sa peinture une confirmation de leur conception de la forme.

Ils en font le modèle incontesté de leurs recherches.

Ainsi Henri Matisse (1869-1954) réduit à l'essentiel la palette impressionniste.

Il renoue avec la simplification des formes de Cézanne : les objets ne doivent être reproduits que par leurs caractéristiques (sphère, cube ...

).

!:éclat strident des couleurs employées par le fauvisme (1904-1907) auquel participe Matisse, caractérise les natures mortes de Raoul Dufy (1877- 1953) telles ses Anémones (1942).

En Allemagne, le vigoureux mouvement expressionniste veut mettre en évidence le lien qui unit les choses avec la souffrance existentielle de l'artiste.

Cela aboutit à des styles de natures mortes très divers mais tous marqués par la déformation des sujets, un manque d'harmonie et une discordance chromatique.

!:une des figures de l'expressionnisme français est Chaim Soutine (1894-1943) qui accentue les formes naturelles des objets et les représente dans un état proche de la putréfaction (Le Bœuf écorché, v.

1925).

Les artistes du cubisme apprécient tout particulièrement la nature morte; ils étudient le rôle joué par chacun des éléments picturaux : fonction de la ligne, volume des corps, etc.

• Georges Braque (1882-1963) :pour lui, la na ture morte correspond à «un espace tactile et même manuel ( ...

] >> dont la recherche est au centre de la première période cubiste (1907-1909).

Les objets sont dénués de contenu représentatif, brisés et placés dans un espace comprimé, sans profondeur.

Plus d'objets sujets de la peinture mais des tableaux-objets Corbeille de fruits (1908), Le Buffet (1920), Nature morte au guéridon (1929), La Cheminée (1922).

· Pablo Picasso (1881-1973) :tableaux conçus comme une «somme de destructions >>, un «démontage n de l'objet pour en révéler le squelette : lignes, volumes, couleur.

À partir de 1910 collages avec Georges Braque : papier, ficelles et autres objets accentuent la consistance matérielle et sensorielle des natures mortes :Nature morte ou piano (191 1-1912), Nature morte à la chaise cannée (1912), Guitare et bouteille de Bass (1913}.

Les peintres futuristes italiens (1909-1944) s'opposent à l'inertie et à la statique des formes cubistes.

lis conçoivent l'objet comme l'expression dynamique de la vie invisible des choses, tel que le fait Umberto Boccioni (1882-1916) :objets imbriqués et rayonnan t dans l'espace.

La peinture métaphysique (1910-1940) s'incarne dans les natures mortes de Giorgio De Chirico (1888-1978), qui insuffle aux objets une valeur énigmatique pour exprimer leur vérité cachée (Chant d'amour, 1914).

Selon la conception onirique et démystifiante de l'art prônée par les surréalistes, les natures mortes de Salvador Dali (1904-1989} ou de Renr Magritte (1898-1967) montrent des objets devenus des éléments évocateurs : ceux-ci visent à bousculer les habitudes visuelles et les préjugés culturels du spectateur.

Le pop art .....

incarne la fin de cette évolution, regardez une chose, plus elle se vide de sa substance.>>. »

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