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La tombe du Ramesséum

Publié le 09/01/2015

Extrait du document

Lettré et magicien C e papyrus était en revan¬che accompagné d'un autre texte littéraire (papyrus Ramesséum I), très fragmen-taire et inconnu par ailleurs : le Discours du scribe Sasobek fils de Hatephator. D'après l'égyptologue français Geor-ges Posener, décédé dans les années 1980, il s'agit d'une « oeuvre morale incompré-hensible dans son état actuel », d'un genre proche du Conte du paysan. Autre document important, le papyrus Ramesséum D offre le plus ancien onomasticon égyp-tien. L'onomasticon est une sorte de condensé du savoir humain présenté sous la for¬me d'une liste de mots dési¬gnant les divers éléments du monde en commençant par les dieux, le roi, les esprits, les hommes, etc. Le plus célèbre onomasticon, celui d'Amené-mopé, daté du Nouvel Empire, est ainsi intitulé : « Début de l'enseignement pour ouvrir le coeur, éduquer l'ignorant et faire connaître tout ce qui existe, ce que Ptah a créé, ce que Thot a écrit, le ciel et ce qui s'y trouve, la terre et son contenu, ce que renferment les montagnes, ce que trans¬porte le flot, toute ce que Rê éclaire, tout ce qui croit sur la surface de la terre. » Enfin, le papyrus Ramesséum C com-porte au recto une copie des dépêches envoyées de la forte-resse nubienne de Semna à un officiel de Thèbes concernant les allées et venues commer¬ciales des Nubiens. La présence de ce document administratif dans la tombe s'explique sans doute par le fait que le verso fut réutilisé pour écrire un re¬cueil de formules magiques. La tombe du Ramesséum ne contenait pas seule¬ment des objets et des papyrus magiques, mais aussi de nombreux tex¬tes littéraires. Leur pré¬sence dans ce caveau est une indication précieuse qui permet de se faire une idée plus nette de l'identité des magiciens professionnels au pays des pharaons.

« Qui est le magicien égyptien? 0 n le comprend, la mise au jour de la tombe du Ra ­ messéum est une des décou­ vertes majeures de l'égypto­ logie, notamment parce que c'est un des rares groupes de textes de cette importance à avoir été retrouvés en place lors de fouilles dûment con­ trôlées.

Elle constitue par ailleurs un témoignage in­ comparable qui, selon Jean Yoyotte, nous montre ce que devait être la culture d'un modeste lettré de village aux alentours du W millénaire avant notre ère.

Quelle était la fonction de ce lett ré ? On a vu que les objets découverts avec le coffret invitent à con­ clure, à la suite de Alan H.

Gardiner, qu'il s'agissait d'un magicien et médecin profes­ sionnel.

Quinze papyrus sur les vingt -trois sont en effet des te xtes magiques.

Mais comment interpréter la pré­ sence de textes littéraires et d'un enseignement ? Selon le même auteur, le magicien se­ rait en fait aussi un conteur chargé de transmettre orale­ ment le savoir à la population locale.

Mais, comme l'a très justement souligné Jean Yoyotte, aucun des textes pré­ sents dans la tombe ne com­ porte d'histoires populaires.

Il s'agit d'œuvres composées à la cour sous l'impulsion de l'élite dirigeante et du pha­ raon.

Ces papyrus relèvent donc de la culture officielle égyptienne et non des histo­ riettes d'un amuseur public.

Prêtres et magiciens C ette trouvaille permet en réalité de se faire une idée plus précise de la place que tenaient les magiciens professionnels dans la société égyptienne .

Il ne s'agit aucu­ nement de marginaux, relé­ gués à la périphérie des vil­ lages et considérés avec plus ou moins de méfiance par ceux qui allaient les consul­ ter .

Au contraire, c'étaient les prêtres, versés dans les écrits et servant lors des cultes offi­ ciels dans les temples du pays, qui faisaient office de magiciens pour soigner, quand on les sollicitait, les maux de la population.

Ainsi, le prêtre pur attaché au culte de la dangereuse déesse lion­ ne Sekhmet était-il le plus à même de soigner les mala­ dies.

De même, les prêtres lecteurs, chargés d'assurer le bon déroulement des rites, étaient, du fait de leur pro­ fonde connaissance de l'écrit, considérés comme les mieux armés pour communiquer avec l'au-delà et influer sur les entités.

La tombe du Ra­ messéum était ainsi sans au­ cun doute celle d'un de ces prêtres lecteurs de province dont la bibliothèque com­ portait textes magiques, ri­ tuels et littéraires, preuve que en Égypte la magie fai­ sait partie intégrante de la religion officielle.. »

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