LA TRISTESSE DU ROI de MATISSE

« ' - lA TRISTESSE DU ROI 1952 Peintre français Anal yse ....., Inutile d'essayer d'identifier l'espace où se déroule cette scène : Matisse s'éloigne radicale­ ment du réel ou, mieux, il simplifie chaque chose en la réduisant à des formes tellement essentiel­ les qu'elles en deviennent méconnaissables.

Nous ne nous trouvons ici ni dans une pièce, ni en aucun lieu connu.

Le peintre a affirmé la bi­ dimensionnalité de la toile en supprimant toute illusion de profondeur et ce sont uniquement les contrastes colorés qui créent l'espace de l 'oeuvre.

Les images et les formes apparaissent comme des zones de couleur juxtaposées les unes aux autres : après avoir coloré de grandes feuilles de papier, Matisse les a découpées et collées ensemble.

Travaillant avec la liberté d' un enfant , il s'amuse à assemb ler ces morceaux de papier coloré dont les tons, agissant à la manière d'un aimant , s 'attirent ou se repoussent.

C'est ainsi qu 'appa­ raît le fond de l'oeuvre , tout en aplats de couleurs vives et sans ombres : vert , amande , rose et bleu-mer.

Il dispose sur ce fond une grande tache verte qui ressemble à l'ébauche d'une figure humaine ; à côté d' elle une figure noire joue d'un instrument de musique qui ressemble à une gui­ tare et dont les sonorités s'éparpillent en p étales jaune vif en envahissant la partie droite du tableau où danse une belle figure féminine .

C'est elle qui permet d'identifier la scène qui se déroule sous nos yeux: Salomé danse pour satis x:xe siècle Pap iers gouachés et découpés 292 x 386 cm faire le vieil Hérode et obtenir ainsi la tête de saint Jean Baptiste.

Mais l'épisode biblique, sou­ venir de l'atelier de Gustave Moreau qui lui avait prédit «vous allez simplifier la peinture », compte à peine.

Matisse célèbre ici encore la danse et le plaisir de la musique qui s'expriment par la gaieté des couleurs et des rythmes décora­ tifs.

Seul le vieux roi , inactif et légèrement en marge de la composition, comme dans celle de Moreau , est terne et pauvre dans cette éclatante composition.

L ' œu vre [] Cett e œuvre témoigne des dernières recherches d e l' artist e qui commence à expérimenter la techni­ que des papiers color é s et découp és pour étudier des motifs isol é s, presqu e abstraits à force d'être sché­ matisés.

Matisse expos e ses papiers découp é s pour la premièr e fois en 1949.

Il s'agit alors de petits et moyens formats .

L' ann ée suivante , au Salon de Mai , ils ont déjà acquis une complexit é et une ampleur qui font le succès de cett e production bien accueillie par le publi c et la critique.

Cette techniqu e est définti vement consa crée lorsque l'État ac hète La Tristesse du roi au Salon de Mai en 1952.

«Il faut voir toute la vie comme lorsqu 'on était enfant » • Les papiers découpés s' ins è rent dans cette recherche perpétuelle dont Matisse a lui-même exprimé la fondamentalité : « Créer, c'est le pro­ pre de l'artiste ; où il n'y a pas de création , l'art n 'existe pas.

Mais on se tromperait si on attri­ buait ce pouvoir à un don inné[ ..

.

] , pour l'artiste l a création commence à la vision.

Voir c'est déjà une opération créatrice, et ·qui exige un effort.

Tout ce que nous voyons dans la vie courante , subit plus ou moins la déformation qu'en engen­ drent les habitudes acquises [ ...

].

L'effort néces­ saire pour s' en dégager exige une sorte de cou­ rage ; et ce courage est indispensable à l'artiste qui doit voir toutes choses comme s'il le s voyait pour la première fois : il faut voir toute la vie comme lorsqu'on était enfant; et la perte de cette possibilité vous enlève celle de vous expri­ mer de façon originale , c'est-à-dire personnelle.

» Du même peintre· PICTO 916 à 92 1 Photo musée national d'Art moderne.

© Nardini Editore, 1993 .

VPC Larousse-LaHont pour l'édrtion française , 1993 .

© Succession H.

Matiss e.

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