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Matisse : LA TRISTESSE DU ROI

Publié le 14/09/2014

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Immense composition de 292 cm de haut sur 386 cm de large, la Tristesse du roi est constituée de papiers peints à la gouache, décou­pés puis marouflés, c'est-à-dire col­lés, sur toile.

Créée en 1952 dans l'atelier de Matisse à Nice, elle est montrée au public pour la première fois la même année lors du Salon de Mai.

Consciente de l'importance de l'oeuvre, la Direction des musées de France l'achète à Matisse dès l'année suivante. La Tristesse du roi est ainsi placée en 1954 dans le hall d'honneur du musée national d'Art moderne, installé alors au Palais de Tokyo. Elle se trouve actuellement au Centre Georges-Pompidou, qui a accueilli le musée en 1977.

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« choisi d'orner de fleurs le manteau du musicien et de semer sur le fond de carreaux multico­ lores de schématiques et délicates feuilles - les «So ucoupes» - jaunes.

la vivacité des cou­ leurs, à peine corrigée par le corps noir du gui­ tariste, évoque l'insouciance des compositions de jeunesse du peintre, à l'époque de la joie de vivre ou de la Blouse roumaine, et les motifs flo­ raux et végétaux rappellent les visions éblouies de Tahiti, que l'artiste a visité vingt ans plus tôt.

la danseuse même , représentée dans une liberté de composition absolue, constitue un thème que Matisse a souvent traité, directe­ ment ou sous une forme proche (les bai­ gneuses de Luxe , calme et volupte}.

Tous ces motifs resurgissent dans une œuvre qui appa­ raît dès lors comme la récapitulation d'une car­ rière, la mémoire venant vaincre la vieillesse ou au moins apaiser sa •tristesse».

Des signes de papier la nouveauté de la Tristesse du roi réside cependant moins dans son thème ou dans ses motifs, exp lorés par d'autres peintres ou trai­ tés antérieurement par Matisse lui-même, que dans la technique utilisée .

La Tristesse du roi est réalisée au moyen de grands morceaux de papier que l'artiste, désormais infirme et inca­ pable de peindre, fait recouvrir de gouache par des assistants et qu'il d écoupe ensuite puis fait coller sur la toile selon ses indica­ tions.

Il s'agit là d'un procédé totalement nou­ veau, qui diffère aussi bien des papiers collés cubistes que des collages dada et surréalistes.

Alors que les premiers utilisent, au hasard, des &agments de papier, de tenture, d'embal­ lage, de journal, et que les seconds assemblent des bouts de photographies figurant des objets dont la réunion crée le caractère inso­ lite, les papiers de Matisse sont des morceaux de feuilles neuves que l'artiste fait peindre des couleurs de son choix.

C'est à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à partir de 1943, que Matisse expérimente ce procédé.

Il travaille alors à illustrer un livre, jazz, qui paraîtra en 1947.

Ce livre est consti­ tué d'une alternance de textes courts (des •petits riens», selon Matisse) et de planches en pleine page, qui reproduisent les premières gouaches découpées.

Dans les années sui­ vantes, Matisse reprend la même technique, en la développant cette fois à une échelle monumentale.

Il réalise des cartons pour des tentures et des tapisseries, de vastes tableaux, la Tristesse du roi, et des maquettes pour les vitraux et la décoration murale de la chapelle du Rosaire à Vence, sa dernière grande réalisa ­ tion.

Tailler dans la couleur pure l'augmentation du format s'accompagne d'une modification des formes.

les premières pro­ ductions sont simples, faites d'un motif unique - feuille, fleur, algue -; les dernières, entre 1950 et 195 3, sont plus variées et savantes.

La Tristesse du roi est de celles -là, traitée &ontale­ ment, faisant appel à des coloris puissants qui mettent en place de façon simple les volumes.

La Tristesse du roi, Henri Matisse , 1952 (Paris, musée national d 'Art moderne).

Sur le fond constitué de rectangles pourpres et bleu nuit, les • soucoupes volantes couleur d'or » se détachent, symboles de richesse, de chaleur du cœur, d'amour.

le caractère exceptionnel de l' œuvre réside aussi dans la manière dont Matisse procède pour déterminer les formes de ses découpages.

Il taille dans le pap ier à l'aide de ciseaux, sans jamais laisser guider sa main par des traces au crayon, et il n ' hésite pas à laisser apparaître quelquefois un côté malhabile pour mettre en valeur l'aspect spontané de la technique.

•Découper à vif dans la couleur me rappelle la taille directe des sculpteurs », écrit-il.

Mais c'est surtout avec le dessin que l'acte de découper entretient ici un rapport.

Matisse incise le papier coloré, comme il dessinerait avec un pinceau, en traçant directement dans, ou avec, la couleur.

Le même geste réunit contour et teinte , créant une forme d'expres­ sion plus concise, plus apte à rendre le motif avec la sobriété et la densité qu'a désirées le peintre.

Cette économie de moyens est non un point de départ , mais un aboutissement.

•Vous allez simplifier la peinture », avait annoncé Gustave Moreau à son élève .

Les gouaches découpées de Matisse illustrent cette prédic­ tion.

Mais elles interviennent tardivement dans la carrière de l 'artiste : •Il faut évidemment avoir tout son acqu is derrière soi et avoir su garder la fraîcheur de l'instinct [pour réaliser ces peintures ]», remarque -t-il.

-+ Voir auss i : p.

27 4 -275 (La cage aux fauves ).. »

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