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L'ABSTRACTION

Publié le 17/01/2022

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Le mot est d'usage courant (par exemple l'art abstrait). L'application de l'abstraction à l'esthétique ne sera pas notre objet principal; il s'agira de l'abstraction au sens cognitif. Ca désigne un acte de l'esprit consistant à isoler un élément, une qualité, une relation, en portant spécifiquement l'attention sur cet élément et en négligeant le reste. L'abstrait s'oppose au concret comme le potentiel à la totalité. L'abstraction peut aussi désigner le résultat de cette activité de l'esprit. Un troisième sens, critiqué par Kant, est celui du « faire abstraction », qui est exclusif et ainsi antinomique par rapport aux deux premiers sens. L'abstraction isole par la pensée ce qui ne peut être isolé dans la représentation d'un objet. A cette lumière, la dissection d'un organe n'est pas une abstraction, et abstraire n'est pas analyser puisque l'analyse considère avec rigueur tous les éléments de la représentation analysée.

« drions, comme à une limite, vers la certitude définitive. J'estime, pour ma part, qu'il n'y a pas de principe d'où la solution des grands problèmes puisse se déduire mathématiquement.

Il estvrai que je ne vois pas non plus de fait décisif qui tranche la question, comme il arrive en physique et en chimie.

Seulement, dans desrégions diverses de l'expérience, je crois apercevoir des groupes différents de faits, dont chacun, sans nous donner la connaissancedésirée, nous montre une direction où la trouver.

Or, c'est quelque chose que d'avoir une direction.

Et c'est beaucoup que d'enavoir plusieurs, car ces directions doivent converger sur un même point, et ce point est justement celui que nous cherchons.

Bref,nous possédons dès à présent un certain nombre de lignes de faits , qui ne vont pas aussi loin qu'il faudrait, mais que nous pouvons prolonger hypothétiquement.

Je voudrais suivre avec vous quelques-unes d'entre elles.

Chacune, prise à part, nous conduira à uneconclusion simplement probable; mais toutes ensemble, par leur convergence, nous mettront en présence d'une telle accumulation deprobabilités que nous nous sentirons, je l'espère, sur le chemin de la certitude.

Nous nous en rapprocherons d'ailleurs indéfiniment,par le commun effort des bonnes volontés associées. Car la philosophie ne sera plus alors une construction, œuvre sys tématique d'un penseur unique.

Elle comportera, elle appellera sanscesse des additions, des corrections, des retouches.

Elle progressera comme la science positive.

Elle se fera, elle aussi, encollaboration. [Conscience, mémoire et temps] Voici la première direction où nous nous engagerons.

Qui dit esprit dit, avant tout, conscience.

Mais, qu'est ce que la conscience ?Vous pensez bien que je ne vais pas définir une chose aussi concrète, aussi constamment présente à l'expérience de chacun denous.

Mais sans donner de la conscience une définition qui serait moins claire qu'elle, je puis la caractériser par son trait le plusapparent : conscience signifie d'abord mémoire.

La mémoire peut manquer d'ampleur; elle peutn'embrasser qu'une faible partie du passé; elle peut ne retenir que ce qui vient d'arriver; mais la mémoire est là, ou bien alors laconscience n'y est pas.

Une conscience qui ne conserverait rien de son passé, qui s'oublierait sans cesse elle même, périrait etrenaîtrait à chaque instant : comment définir autrement l'inconscience ? Quand Leibniz disait de la matière que c'est “ un espritinstantané ”, ne la déclarait il pas, bon gré, mal gré, insensible ? Toute conscience est donc mémoire conservation et accu-mulation du passé dans le présent. Mais toute conscience est anticipation de l'avenir.

Considérez la direction de votre esprit à n'importe quel moment : vous trouverezqu'il s'occupe de ce qui est, mais en vue surtout de ce qui va être.

L'attention est une attente, et il n'y a pas de conscience sans unecertaine attention à la vie.

L'avenir est là; il nous appelle, ou plutôt il nous tire à lui : cette traction ininterrompue, qui nous faitavancer sur la route du temps, est cause aussi que nous agissons continuellement.

Toute action est un empiétement sur l'avenir. Retenir ce qui n'est déjà plus, anticiper sur ce qui n'est pas encore, voilà donc la première fonction de la conscience.

Il n'y aurait paspour elle de présent, si le présent se réduisait à l'instant mathématique.

Cet instant n'est que la limite, purement théorique, qui séparele passé de l'avenir; il peut à la rigueur être conçu, il n'est jamais perçu; quand nous croyons le surprendre, il est déjà loin de nous.Ce que nous percevons en fait, c'est une certaine épaisseur de durée qui se compose de deux parties: notre passé immédiat et notreavenir imminent.

Sur ce passé nous sommes appuyés, sur cet avenir nous sommes penchés; s'appuyer et se pencher ainsi est lepropre d'un être conscient.

Disons donc, si vous voulez, que la conscience est un trait d'union entre ce qui a été et ce qui sera, unpont jeté entre le passé et l'avenir.

Mais à quoi sert ce pont, et qu'est ce que la conscience est appelée à faire ? [Comment sait-on de l'extérieur qu'un autre être est conscient ?] Pour répondre à la question, demandons nous quels sont les êtres conscients et jusqu'où le domaine de la conscience s'étend dansla nature.

Mais n'exigeons pas ici l'évidence complète, rigoureuse, mathématique; nous n'obtiendrions rien.

Pour savoir de sciencecertaine qu'un être est conscient, il faudrait pénétrer en lui, coïncider avec lui, être lui.

je vous défie de prouver, par expérience oupar raisonnement, que moi, qui vous parle en ce moment, je sois un être conscient.

Je pourrais être unautomate ingénieusement construit par la nature, allant, venant, discourant; les paroles mêmes par lesquelles je me déclare conscientpourraient être prononcées inconsciemment. Toutefois, si la chose n'est pas impossible, vous m'avouerez qu'elle n'est guère probable.

Entre vous et moi il y a une ressemblance. »

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