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L'architecture gothique

Publié le 18/11/2018

Extrait du document

architecture
LUMIÈRE ET ÉLÉVATION
 
Le terme « gothique » a été choisi par certains architectes et érudits italiens entre le xv et le xviiie siècle pour qualifier péjorativement l'art médiéval assimilé à un art barbare. Redécouvert au xixe siècle à la suite de restaurations et en particulier grâce aux écrits et travaux de Viollet-le-Duc, l’art gothique naît en fait en ile-de-France au début du xiie siècle avec la reconstruction de l'abbatiale de Saint-Denis ordonnée par l'abbé Suger. Les techniques de construction des églises romanes sont dans un premier temps perfectionnées. Ainsi, cette nouvelle architecture ne se distingue ni par l'arc brisé ni par l'ogive (improprement assimilée à l'art gothique dans l'expression « art ogival »), déjà présents dans l'architecture romane, mais par l'utilisation généralisée de la voûte sur croisée d'ogives à l'intérieur de l'édifice, de fenêtres en arc-brisé perçant les murs sur toute leur hauteur et de puissants arcs-boutants à l'extérieur.
Ces perfectionnements techniques s'inscrivent dans un contexte social, politique et intellectuel nouveaux dont les grands traits sont la naissance d'une civilisation urbaine, une première centralisation du pouvoir royal et une volonté de plus en plus affirmée de rationalisation.
 
La cathédrale, dont la construction demandait des moyens financiers considérables, devenait en effet l'expression de la puissance de l’évêque et de la richesse des villes tandis que le chantier mobilisait de nombreux corps de métiers très spécialisés et nécessitait une véritable division du travail.
Une fois achevée au xiiie siècle, la basilique de Saint-Denis deviendra aussi avec Paris (lieu du pouvoir) et Reims (lieu du sacre) l'un des trois « repères » de la monarchie.
Mais l'architecture gothique est sans doute aussi étroitement liée à des motivations d'ordre religieux.
puisqu'il est notamment conservé pour les roses des façades. Mais le grand avantage de l'arc brisé est sa solidité car il est formé de deux demi-arcs symétriques s'appuyant l’un sur l'autre et non pas d'un seul demi-cercle.
L'AVÈNEMENT D'UN NOUVEAU STYLE
ORIGINES ET NAISSANCE
L'abbé Sucer
ET LA BASILIQUE PE $AINT-DeNIS
La voûte sur croisée d'ogives, à la différence de la voûte en berceau, utilisée dans l'Antiquité et dans la première architecture
La basilique de Saint-Denis sert de modèle à de nombreuses cathédrales. Celle de Sens (11301168) est l'une des toutes premières expressions de ce « gothique primitif » qui s'exprime également dans celles de Laon, de Paris, de Bourges et de Chartres.
L'Age d'or
C'est la reconstruction de la cathédrale de Chartres, à la suite après lui avoir offert soutien financier et protection, la basilique royale de Saint-Denis est le « prototype » de l'architecture gothique.
La consécration en 1144 du chœur de la basilique en présence du roi Louis VII, d'Aliénor d'Aquitaine et de plusieurs évêques pourrait être considérée comme une date fondatrice du « temps des cathédrales ».
Le narthex et le chevet témoignent encore aujourd'hui des toutes premières transformations demandées par l'abbé Suger mais que la plus grande partie de l'église est édifiée par Pierre de Montreuil, l'architecte de la Sainte-Chapelle.
À la différence des conceptions « ascétiques » d'un Bernard de Clairvaux (et, à travers lui, de l'ordre des cisterciens qui connaît son plus grand essor au même moment) pour qui le lieu de culte devait avant tout accompagner le recueillement, l'idée que Suger se faisait de l’art était plutôt celle d'une élévation spirituelle et pour le prélat, comme en témoignent certains de ses écrits, la luminosité, loin de distraire l'âme du croyant signifiait plutôt transparence et transcendance. Ainsi, dans cet art gothique naissant, l'évidement des murs autorisait la pénétration de la lumière (divine) au cœur de l'édifice et l'élancement des piliers l'élévation (vers Dieu), dans certains cas vertigineuse, des cathédrales.
Des techniques remaniées
L'architecture gothique comporte ainsi un certain nombre de pièces maîtresses permettant d'alléger et d'aérer les murs, jusque-là très massifs et trapus, de répartir ainsi différemment poids et poussée et de construire des édifices de taille beaucoup plus haute. Les caractéristiques de l'art gothique sont le prolongement logique de l'art roman : la façade à deux tours était un héritage de l'art normand et l'on retrouve le déambulatoire à chapelles rayonnantes dans les églises de pèlerinage. En outre, l’arc en plein-cintre ne disparaît pas complètement


architecture

« C'est autour de 1220-1230, sous le règne de Saint-Louis, que Notre· Dame de Paris, reconstruite à partir de 1160, connaît ses transformations les plus importantes dans le style rayonnant : les fenêtres hautes sont élargies, les bras du transept sont agrandis afin d'introduire une grande rose et deux nouveaux portails sur chaque côté nord et sud.

Mais la majeure partie des très nombreux vitraux fut détruite au xvm• siècle et ceux du déambulatoire et des chapelles latérales ont été réintroduits dans un style médiéval par Viollet-le-Duc au XIX' siècle.

Seules subsistent dans leur facture presque originelle les trois grandes roses.

Les vitraux du Xlii' siècle de la Sainte-Chapelle de Paris, achevée en 1248, sont un autre exemple des joyaux de cette période.

Ce gothique rayonnant se propage du milieu du Xlii' à la fin du XIV' siècle que ce soit à Troyes, Évreux, Sées, Metz ou Strasbourg.

Le vitrail devient omniprésent dans ces « cages de verre » où les décorations viennent également rehausser les murs.

Des scènes bibliques y sont parfois peintes dans des couleurs très vives.

C'est aussi dans la seconde moitié du x11r siècle que l'art de la France du Nord s'étend dans le sud-ouest du pays, notamment grâce à l'architecte Jean Deschamps.

La construction des cathédrales de Clermont-Ferrand, de Limoges, de Rodez et de Narbonne lui est souvent attribuée.

Le gothique rayonnant se diffuse également avec succès vers l'Allemagne (Cologne) et l'Angleterre (Westminstet') où il évolue vers des variantes propres à chacun de ces pays.

EXPANSION ET VARIANTES L'ANGLETERRE C'est l'architecte français Guillaume de Sens qui reconstruit le cœur de la cathédrale de Canterbury en s'inspirant de celle de Sens.

À partir de 1245, après son incendie, l'abbaye de Westminster est rebâtie également en style rayonnant.

L'architecture gothique anglaise a des aspects originaux, en particulier la profusion d'ornements.

Vers 1340, de hautes et puissantes tours-lanternes, typiques du style normand (comme celle de la cathédrale de Rouen) sont bâties à la croisée des transepts (cathédrale de Salisbury).

On retrouve ces variantes à Exeter, Gloucester ou encore Bath.

Les motifs des remplages sont moins fluides qu'en France et surtout plus rectilignes, d'où le terme de« gothique perpendiculaire >>, couramment employé pour définir le style anglais.

La première cathédrale gothique en Allemagne est érigée en 1209 à Magdebourg.

C'est notamment par l'installation d'artistes et d'architectes français que l'art gothique se diffuse dans l'Empire germanique au cours du Xlii' siècle.

Les piliers à colonnettes de Laon sont ainsi repris continuant donc de construire de grandes basiliques charpentées selon les méthodes et les plans antiques, les Italiens ne négligent pas pour autant les principes techniques développés en France mais s'en serviront plus tard, en les associant à d'autres innovations qui annoncent l'avènement de la Renaissance.

LE GOTHIQUE FLAMBOYANT L'art gothique connaît un important tournant au xV' siècle.

Ces nouvelles tendances peuvent être considérées comme une réponse à un certain déclin de ce grand mouvement artistique : le« gothique flamboyant» en exprimerait en quelque sorte les derniers feux.

à Bamberg et à Naumburg tandis que =:U.:.:N..::A;::RT:....:::DÉ:::cê'o=R A.:.:T.:.:IF--:-� .,---�- -,-- des ateliers picards et champenois Les décorations architecturales sont travaillent à Trèves à partir de 1235 omniprésentes sur les façades, et à Marburg jusqu'en 1283.

les voûtes et leurs clefs.

Les fenêtres ont La construction souvent, dans leur partie supérieure, de Saint-Pierre de des nervures ondulées en forme de Cologne débute petites flammes et la lumière se diffuse en 1248.

Le dans toutes les directions, d'où le nom chœur aurait été de flamboyant pour baptiser ce style.

réalisé par des Le traitement de la voûte devient de plus ouvriers en plus complexe, avec l'apparition de d'Amiens.

Surtout liernes et tiercerons et surtout de clefs connu pour ses flèches qui atteignent 160 rn de hauteur, son style reste donc très français.

Cependant, l'Allemagne se distingue par la place qu'y tiennent les églises-halles aux trois nefs d'égale hauteur.

C'est cette particularité qui caractérisera alors le gothique allemand, qui se diffusera dans le sud du pays.

De plus en plus proche du style anglais pour la géométrie rigoureuse des motifs, le style allemand reste d'une extrême austérité, ne connaissant pas l'exubérance atteinte outre-Manche.

LES PAYS MÉDITERRANÉENS Dans les pays du Sud, c'est surtout l'Espagne qui subit l'influence de l'architecture en provenance de France.

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Les évêques de Burgos et de Tolède sont les premiers à l'encourager dans les années 1330.

La cathédrale de Le6n est la plus «française » des églises gothiques espagnoles : son plan est proche de celui de la cathédrale de Reims et son élévation rappelle celles de Beauvais et d'Amiens.

La Catalogne se distingue par un style particulier, marqué par les églises du sud de la France.

La simplification des lignes et l'égalisation entre nefs centrale et latérales sont ses caractéristiques principales.

Ainsi, la cathédrale de Barcelone présente trois nefs quasiment de même hauteur.

L'Italie, quant à elle, reste en grande partie à l'écart du style gothique, à l'exception de quelques églises comme Santa Croce à Florence et certains bâtiments civils comme le Palais public de Sienne.

Privilégiant les contreforts plutôt que l'arc-boutant, et pendantes.

Le gothique flamboyant se développe en France durant le xV' siècle et le premier quart du XVI' siècle où il hérite largement des variantes ayant vu le jour en Angleterre comme dans la Christ Church à Oxford.

La décoration flamboyante, qui imprime le dessin des verrières, est aussi particulièrement marquée dans la sculpture des façades, où un réseau complexe de nervures ornementales est généralement associé à des motifs végétaux ou animaliers.

À ces ornementations s'ajoute paradoxalement une simplification des formes intérieures : pour marquer l'élan continu de la construction, des supports à la voûte, l'étagement est atténué, l'étage du triforium est souvent supprimé et l'élévation des nefs centrales est réduite à deux étages tandis le chapiteau des piles peut disparaître ou être réduit à sa plus simple expression.

La plupart des grands édifices ayant été commencés aux Xli' et Xlii' siècles, cette esthétique tardive n'est bien souvent liée qu'aux travaux d'achèvement de certaines églises (façades des cathédrales d'Auxerre, de Rouen, de Toul ou de Troyes).

Ces constructions partielles sont parfois l'œuvre de grands architectes comme Jehan de Beauce (flèche nord de la cathédrale de Chartres) ou Martin et Pierre Chambiges (transept de celle de Senlis) En Italie, seule la cathédrale de Milan (1386) d'influence française, comme l'illustrent la façade sculptée de l'église San Pablo à Valladolid ,__ _ _ __ __,.,.

(après 1486) et celle de l'université de Salamanque (vers 1520).

LES AUTRES ARTS GOTHIQUES LE VITRAIL L'art gothique est inséparable de celui du vitrail.

S'il était connu dans l'Antiquité, cet art ne prend son essor qu'à l'époque romane.

Il se répand en Allemagne au X' siècle avant de connaître son âge d'or dans les premières cathédrales gothiques, en premier lieu à Saint-Denis et à Chartres qui abrite le principal atelier avant d'être supplantée par Paris.

!:ouverture des murs donne en effet aux maîtres verriers l'espace nécessaire pour déployer pleinement leur savoir­ faire.

Par sa transparence, la nef de la Sainte-Chapelle est le chef-d'œuvre par excellence en la matière : plus de 1 lOO scènes y sont représentées, retraçant toute l'histoire biblique, de la Genèse au Livre des Rois.

Le vitrail sert à la fois de source de lumière et de livre sacré ouvert et compréhensible.

Dans un souci d'instruire les fidèles, les fenêtres basses sont ainsi décorées de médaillons représentant des scènes et des personnages inspirés des épisodes bibliques de l'Ancien et du Nouveau Testament (parabole du bon samaritain par exemple que l'on peut retrouver à Chartres, Sens et Bourges), de la vie des saints et martyrs ou retraçant tout simplement certains événements historiques marquant notamment l'histoire de la ville ou de la cathédrale concernée (représentation à Saint-Denis de l'abbé Suger en prière).

Les donateurs sont également très souvent représentés.

C'est par exemple le cas à Chartres sur les vitraux inférieurs où apparaît la signature de toute une série de corporations de métiers ayant contribué financièrement à la construction.

Les fenêtres hautes accueillent les vitraux les plus élaborés représentant les personnages centraux du texte saint (apôtres, disciples, rois mages) tandis que les grandes roses glorifient le Christ (ascension) ou la Vierge (couronnement).

LA SCULPTURE Effectuées pour la basilique de Saint­ Denis, les premières recherches plastiques aboutissent aux grands portails triples ornés de statues­ colonnes, le long des fûts que ces dernières pouvaient ainsi """"""....,""'-- dissimuler.

Au Xlii' siècle, la sculpture se dégage de l'influence romane et de nouvelles figures (prophètes) ou les grands thèmes religieux (dormition, ascension, couronnement.

..

) apparaissent sur les portails.

Le jugement dernier représenté au tympan du portail central de la façade occidentale de la cathédrale de Bourges en est un exemple.

Les cathédrales de Chartres, d'Amiens, ou encore plus celle de Reims, illustrent bien la place croissante prise par la sculpture qui, de l'ornementation des portails, se développe sur ' toute la façade de l'édifice.

L'école Moïse.

Cette facture française exerce son influence en Allemagne, en particulier dans le Cavalier de Bamberg et les Douze Bienfaiteurs de Naumburg.

LE GOTHIQUE I NTERNATIONAL Dans les dernières décennies du XIV' siècle et pendant la première moitié du xV' siècle, se développe un nouveau style baptisé « gothique international » pour qualifier les influences réciproques entre artistes en particulier allemands, italiens et français.

Ce phénomène est encouragé par l'affirmation politique et économique des cours seigneuriales européennes et la diffusion croissante des cultures, des goûts et des techniques qui en découlent.. »

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