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L'art byzantin

Publié le 24/11/2018

Extrait du document

La décoration intérieure des églises se résume principalement en panneaux mosaïqués. Les couleurs vives et la dorure de ces derniers produisent un effet lumineux qui est apprécié à la fois par le clergé orthodoxe et par les membres de la cour impériale présidée par l'empereur, maître de l’Église.

A LA GLOIRE DE L'EMPEREUR ET DE L'EGLISE

 

L'art byzantin prend naissance au v' siècle à Byzance, au cœur de l’Empire romain d'Orient. Il s'épanouit durant plus d’un millénaire, dans toute la Méditerranée orientale, les Balkans, la Russie, l'Italie du Sud et sur les côtes de l'Adriatique. À partir du xiie siècle, il ne subsiste plus que dans la capitale de l'empire en tant qu'art vivant, mais son rayonnement artistique et culturel dépasse encore très largement, à cette époque, les frontières de la ville. Seule la prise de Constantinople par les Ottomans, en 1453, entraîne son déclin.

 

Né pour glorifier l'empereur et l'Église chrétienne d'Orient

 

- ou orthodoxe -, l'art byzantin présente des traits stylistiques et iconographiques singuliers, qui traduisent l'intense et solennelle spiritualité de ses commanditaires.

 

À la différence de l'art romain

 

qui s'efforce de reproduire la réalité physique, l'art byzantin évoque un monde céleste, contemplatif, hors du temps et de l'espace, et imprégné de mysticisme. Ainsi, ses icônes et portraits de religieux sont des images stylisées, souvent présentées de face. Elles prennent toutefois, dans les couvents des régions périphériques de l’Empire, autonomes par rapport au pouvoir central, des traits plus spontanés et plus populaires.

 

Deux sources d'inspiration

 

L'art byzantin s'est constitué à partir de deux traditions artistiques, d'une part l'ancien art hiératique hérité de la Mésopotamie, via la Syrie et l'Égypte, depuis le ni’ siècle apr. J.-C., d'autre part l'hellénisme qui a survécu à Antioche et Alexandrie et que la civilisation byzantine continue d'exploiter

 

à la suite des Romains.

 

L'héritage hellénistique est toutefois vidé de son paganisme. Ses formes classiques, dont la plus typique est la statue, sont ignorées car elles ne correspondent pas

 

au caractère transcendant de la foi orthodoxe. Les artistes byzantins abandonnent ainsi toute suggestion de la forme humaine réelle, de même qu'ils éliminent la figuration de l'espace en imposant la loi de la frontalité et l'abstraction. Après le ve siècle, ils ne réalisent plus que des plaques d'ivoire en bas-relief, aux effets sculpturaux limités.

Cet exploit technique se double d’une contribution majeure

 

des Byzantins aux progrès de l'architecture : la transition entre la coupole circulaire et sa base carrée se fait par l'intermédiaire de pendentifs, pans de mur curvilignes d'allure triangulaire qui assurent la jonction entre les deux portions de l'édifice.

 

L'impression théâtrale, conférée par l'ampleur, la simplicité

 

et la hardiesse des lignes architecturales, est également servie par les mosaïques chatoyantes et les revêtements de marbre poli qui ornent les murs et les arches intérieures.

« • Parmi les œuvres de grandes dimensions figure la représentation de la Croix -en place et lieu du Christ ou de la Vierge -, sur les mosaïques du VIII' siècle de l'église Sainte- Irène de Constantinople.

• Ces décennies d'ostracisme ne pénalisent toutefois pas trop les arts décoratifs.

À défaut d'exercer leurs talents dans l e domaine sacré, les artistes s'expriment sans restriction dans le domaine profane .

Cet art profane, appliqué à des œuvres de petites dimensions, favorisera, au cours de la période suivan te, une humanisation de l'art religieux, dont les traces perdureront dans le mouvement de la Renaissance européenne.

·Apr ès l'abandon de l'iconoclasme et avec l'avènement de la nouvelle dynastie des Macédoniens (867-1057), l'art sacré byzantin entre dans son second âge d'or, aussi appelé « re naissance macédonienne"· • Au cours de cette période, les conquêtes arabes réduisent la superficie de l'Empire byzantin à sa seule partie européenne qui s'étend autour de Constantinople.

Cett e évolution favorise l 'influence de l'héritage classique du monde gréco-romain -plus proche géographiquement- dans l'expression artistique .

Ces nouvelles tendances se poursuivent sous la dyna stie des Comnènes (1081-1185) et durant trois siècles encore.

L' ARCHITICTURE • La production architecturale , désormais concentrée sur la ville de Constantinople , se réduit à la construction d'églises sur le plan centré à croix grecque, dotées d'une coupole surp lombant la croisée.

Durant cette période, les caractères de l'église centrée se fixent et se normalisen~ tout comme les thèmes abordés dans les mosaïques intérieures.

• À l'instar de Sainte-Sophie.

l'église centrée à croix grecque consiste en un dôme centra l couvrant un plan carré d'où partent les quatre bras égaux d'une croix.

La transition entre la coupole et la base carrée ne se fait plus par l'intermédiaire de pendentifs triangulaires, mais de trompes d'angle, sortes de petites arches dispo sées aux quatre coins de la base .

• La décoration extérieure, quasi inexistante au VI' siècle, fait son apparition.

Elle demeure toutefois assez sobre à Constantinople où les grands murs droits sont simplement égayés par les dessins que forment les combinaisons de la brique et de la pierre ou par des revêtements de marbre sculpté.

• À l'intérieur des églises en croix grecque, le décor de mosaïques est systématisé pour se conformer à la foi et aux pratiques liturgiques orthodoxes.

Comme le montrent notamment les décors des églises grecques de Saint-Luc en Phocide (v.

1000) et de Daphni (id., v.

1100) , ce décor adopte progressivement l'ordre issu de la disposition hiérarchique des sujets : - l a coupole centra le, point focal de l'église, est mise en valeur par un imme nse buste du Christ en gloire, le Pt1ntocrt1tor, souve rain de l 'univers contemplant la création au-dessous de lui; -la Vierge portant l'Enfant Jésus , est représentée dans l'abside, au-dessus de l'autel ; - les épisodes des Évangiles et de l a vie de la Vierge ornent les niveaux élevés sous la coupole ; - les thèmes célestes comme l'ascension du Christ sont réservés aux voûtes; -l'illustration de l a Pentecôte par des rayons de lumière descendant sur la tête des apôtres se déploie dans la voûte du bras orienta l ; - les saints les plus connus figurent sur les autres zones bien exposées de l'église ; - enfin, les saints de seco nd ordre sont r e légués dans les parties les plus basses et les moins éclai rées de l'édifice .

• Avec cette hiérarchie des images sacrées, l'intérieur de l'église devient une vaste icône en trois dimensions , symbole du cosmos.

LES ARTS DÉCORATIFS • L:influence de l'Ant iquit é est particuliè- ·;.l·~lar!!IJ':IIIR rement perceptible dans les m11nuscrits enluminés des IX' et x • siècles où les illustrations , qui occupent la page entière, s'inspirent des manuscrits de la période de plein épanouissement du style hellénistique.

Les artistes byzantins y reprennent les conventions classiques pour la r eprésentation de la figure humaine .

Celle-ci apparaît à nouveau en trois dimensions .

Les personnages sont représentés vêtus de tissu s drapés , disposés près du corps, qui révèlent les forme s de celui-ci.

Le volume du corps est en outre suggéré par des jeux d'ombre et de lumière qui créent l'illusion de la profondeur spatiale et donnent vie à la surface peinte.

• Pour la réalisation des images religieuses, les peintres byzant ins évitent toutefois de donner aux figures humaines une présence physique trop tangible .

Ils initient pour cela une nouvelle convention : les variations de tons sont cloisonnées ou rendues par un réseau de lignes sur une surface plane, préservant ainsi l 'intérêt visuel du personnage en évitant toute apparence trop corporelle .

• Durant cette période, les arts dits « mineurs " contribuent également au renom des artisans byzantin s.

Ces derniers excellent notamment dans la technique des émaux cloisonnés dont il reste quelques pièces célèbres Les sculpteurs d'ivoire atteigne nt aussi, à cette époque, le sommet de leur art.

Parmi les plus belles preuve s de leur talent figure le triptyque d 'Htlrbtlville , de facture très fine, dans lequel on reconnaît le meilleur de l'héritage g rec.

• Sous la dynastie des Comnènes (1081-1185), une approche humaniste , absente jusque -là de l'art byzantin , voit le jour .

Elle est présente dans la peinture sur bois de la Vierge de Vl11dimir ( v .

1125) ou les mosaïques de la tribune sud de Sainte-Sophie, qui représentent 111 Vierge port11nt I'Enftlnt Jésus , entre les empereun Const11ntin et Justinien.

• Cet humanisme est également perceptible dans le nouveau thème du Threnos -lamentation sur le corps du Christ mort -que rend avec intensit é une fresque de l'église Saint­ Pantéléimon de Nérézi (Croa tie, 1164 ).

Tout comme la Vierge de Vladimir, cett e fresque donne de l'importance au sentiment(« Vierge de tendre sse") .

Parce qu'elle est plus apte à la représentation des nuances indispensables à l'expression de cet humanisme , la technique de la fresque supp lante ainsi peu à peu les autres moyens de décoration intérieure .

L:enluminure sur parchemin subit la même influence.

L:harmonie et la noblesse de l'inspiration classique se doublent désormais de la traduction de sentiments humains profonds .

• Cette période faste pour l'art et l'architecture byzantins est brutalement interrompue par le sac de Constantinople par les croisés en 1204 .

LA NIIODE DES MitoLOGUES • L:Empire byzantin recouvre sa capitale en 1261 sous le règne des empereurs Paléologues (1258-1453).

Rétréci et appauvri, il connaît toutefois une renaissance culturelle au cours de laquelle l'art byzantin s'exprime une dernière fois.

Si l'aspect monumenta l et la sompt uosité de ce dernier disparaissen~ sa vitalité et sa créativité demeurent toutefois inchan gées.

L'ARCHITECTURE • De nouvelles formes architecturale s et de nouveaux centres apparaissent tel Trébizonde, où s'élève une basilique à coupole, ou enco r e Mistrt1 (Grèce ), où sont érigés des édifices en forme de croix g recque ou latine .

• Au XIV' siècle, Constantinople redevient un foyer architectural actif.

La vertica lit é des églises est accentuée.

Le plan à cinq coupoles devient la norme.

Les tambours sur lesquels reposent les dôm es sont surélevés et adopte nt une forme octogonale.

À l'inverse, les coupoles sont réduites à de petites calottes.

Sobre et discrète jusque-là, l'ornementatio n extérieure s'enric hit.

fRESQUES, MOSAiQUES ET ICÔNES ·C'est toutefois l'ornementation intérieure des églises qui connaît les plus grands bouleversements.

• Hormi s quelques exceptions, comme dans la petite église de Saint-Sauveur­ in-Chora (1310-1320 ), à Constantinop le, les fresques se substituent partout aux mosaïques à la réalisation trop coûteuse et trop contraignante.

La hiérarchisation spatiale des images sacrées est le plus souvent abandonnée tandis qu'appara issent, parfois jusque sur les voûtes, des scènes narratives aux petits personnages déambulant dans des paysages pittoresques parfois agrémentés d'arrière -plans architecturaux.

• Si l'iconographie byzantine traditionnelle demeure inchangée, elle est néanmo ins réinterprétée avec une plus grande vitalité.

La peinture gagne encore en expressivité .

Qui plus est, les derni ères mosaïques et les fresques de l'église de Saint-Sauveur-in-Chora, qui datent du début du XIV' siècle, inaugurent des traits nouveaux.

C'est tout d'abord la figuration du mouvement, comme dans la peinture de la descente du Christ aux enfers, I'Ant1stt1siS, empreinte d'une extraordinaire énergie, ou dans la mosa ïque de la fuite en Égypte, où l a course des personnages est soulignée par le vent qui soulève le manteau du serviteur.

C'est aussi l'effet d e foule , perceptible dans la mosaïque de la Nativité ou dans la fresque de I'Anastasis.

• Sans supplanter la fresque ou la mosaïque, l'icône devien~ sous les Paléologues e t durant les siècles à venir, l'un des supports privilégiés de la peinture byzantine .

On y retrouve la même expressivité et la même sensibilit é .

Ainsi , dans l'icône de l'Annonciation de LA POSTÉRITÉ DE L'ART BVZANTIN Saint-Clément d'Orchrid , • La prise de Con stant inopl e par le sultan ottoman Mehmet Il, en 1453 , sonne le glas de Byzance et marque la fin de l'art byzantin dans son territoire d 'origine .

La disparition de l'Emp ire n'arrête toutefois ni son rayonnement ni sa propagation .

Ainsi, le plan de Sain te-Sophi" sert de modèle aux première s mosquées érigées par les Ottomans .

• En Occident, l'art byzantin influence, dans l'enluminure de manuscrits, le traitement naturali ste de l a figure humaine suppr imée dans les arts barbares .

La tradition vigoureuse et créative des Paléologues continue également de s'exprimer dans les Balkans jusqu 'au milieu du xv• siècle et presque jusqu 'à nos jours en Russie où l'Église orthodoxe demeure prépondérante.

• Dans le monde orthodoxe, le style byzantin se perpétue notamment dans la construction d'églises par le biais d'une variante exotique slave.

Il survit également, en particulier en Russie, à travers la tradition de la peinture d'icônes transmise de génération en génération.. »

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