LE DAVID DE MICHEL-ANGE

« Le rendu de la structure anatomique contri­ bue aussi cependant à suggérer la puissance du héros : muscles et veines se voient le long du bras et sur la main, représentés comme on ne les a jamais encore montrés.

Les tendons du cou évoquent la rapidité du déplacement à venir.

La force et la co lère La surprise que provoqua l'œuvre fut certai­ nement d'autant plus considérable que Michel-Ange tint son David caché tant qu'il ne le jugea pas achevé.

Il fit édifier dès sep­ tembre 1501, soit après la signature du contrat, une enceinte qui fut démolie seule­ ment après deux ans et demi de travail , au printemps 1504, lors de la révélation de l a statue.

Pourtant , la pose du David n'i nnove pas entièrement.

Le déhanchement du corps (contrappos to), le contraste entre le côté gauche, qui dessine une ligne cassée, et le côté droit, rectiligne à cause de !'appui sur la jambe et de la position de la main, est emprunté à une sculpture de Donatello, le prophète Jérémie sculpté pour le campanile du Dôme de Florence.

I.:historien d'art J.

Wilde a expliqué le sens de cette pose : dans la pensée médiévale, la moitié droite du corps est celle placée sous la protection divine, et donc pleine d'assurance.

Le côté gauche, à l'inverse, est vulnérable, exposé aux puissances du mal.

Exéc uté e ntre septembre 1501 e t j uin 15 04 , le D av id de Michel -Ang e, appelé communément le Gé ant est un e œ uvre de marbr e ha ute de 4 3 4 cm .

Placée, après main ts dé b ats, sur la place de la Se igne urie, l'œ uvre y est dem eur ée ju s qu 'e n 1873 , d a te à l a q ue lle e lle fut trans port ée jus qu e dans son site actu el, le mu sée de l' A cad émie.

La s ta tu e qu 'o n peut voi r au jourd 'hui place d e la Sei gneu rie es t un e c opie.

D'où la ligne brisée de cette partie du corps et la jambe en recul.

La vigueur simplement suggérée du corps et la détermination du visage ont aussi leur valeur.

Elles caractérisent une force (fortezza) pais ible et sûre d'elle , parce qu'insp irée par une juste colè re (ira).

Or la force et la colère sont les deux qualités cél ébrées comme les vertus civiques néces ­ saires à la libre République, dans la doctrine politique du XV' siècle.

-> Voir aussi : p.

132-133 (La voûte de la Sixtine) ; p.

150-151 (Le Jugement der­ nier).

Le David de Michel-Ange: ensemble et détails.. »