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Le motif de la Seine dans Aurelien de Louis Aragon

Publié le 18/10/2022

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« Le motif de la Seine dans Aurélien d'Aragon Symbole de la mort Table des Matières Introduction ………………………………………………………...3 Première Chapitre: La thématique de l'eau………………4 I.

Quelques notions clès : Motif / thème et symbole……………4 II.

Le thème de l'eau dans la littérature………………………...7 Deuxième Chapitre : La Seine dans Aurélien, symbole de la mort……………………………………………………………..10 I.

La hantise d’Aurélien par les noyés…………………...........10 II.

Bérénice et l'Inconnue de La Seine………………………...14 III.

La chanson de la Seine……………………………............18 Conclusion………………………………………………………....20 Bibliographie……………………………………………………….21 2 Introduction Quand on parle de la Seine, plusieurs images viennent à l’esprit, qui reflètent la beauté de Paris avec ses différents monuments, qui se trouvent sur les deux rives de cette grande rivière.

Chez Aragon et dans son roman Aurélien, on remarque qu'elle est complètement le contraire, Aragon montre le fleuve comme s'il est un monstre, qui tue ses victimes en chantant, et qui avale les cadavres à ses profondeurs. Ma recherche s'intitule« Le motif de la Seine dans Aurélien d’Aragon ». Dans cette étude nous verrons la Seine, avec son eau turbide et sombre, comme symbole de la mort et de la tristesse, d'une part, à travers les scènes de noyade, et d'autre part, en étant une source d’angoisse et de hantises. Le premier chapitre sera consacré, en premier lieu, à expliquer les trois notions-clés (motif, thème et symbole).

Le but de cette partie, est de montrer la raison pour laquelle on a utilisé le mot motif.

En deuxième lieu, nous parlerons de la place fondamentale de l’élemnt aquatique dans la littérature en ayant recours aux quelques oeuvres. Le deuxième chapitre, donnera la lumière sur l’aspect spécifique de la Seine dans notre roman, où nous aborderons trois points essentiels. Premièrement, les hantises de notre héros qui ont un rapport fort avec la Seine.

Puis nous presenterons la relation entre la maîtress d’Aurélien, Bérénice et l’Inconnue de la Seine et la ressemblance entre les deux visages.

Enfin, nous indiquerons l’effet sonore de la Seine avec son chant mortifier. 3 Premier Chapitre : La thématique de l'eau I.

Quelques notions clès : Motif / thème et symbole Le motif (n.m) : originaire du mot latin ''motivus''.

C'est un mot polysémique, employé dans plusieurs domaines comme l'art, la musique, la biologie, la mathématique et bien sûr dans la littérature.

En musique par exemple, on appelle « motif » une phrase musicale ou un fragment complet, se répétant de façon régulière et continue au sein de l'oeuvre. Tandis qu'en art graphique et décoratif, le motif est une répétition de forme bien définie.

Dans le domaine de la biologie, une séquence d'acides aminés, par exemple, constitue un motif protéique et une séquence de nucléotides constitue un motif d'ADN.

Mais ce qui nous intéresse c'est le motif littéraire. En littérature, on appelle « motif » un élément ou un objet, porteur d’un sens symbolique fort, qui revient plusieurs fois dans l'oeuvre.

Son retour tisse des fils entre les différentes scènes où il apparaît et donne une cohérence forte à l’oeuvre. Ce mot, associé souvent au thème, était, depuis toujours, un objet de réflexions et de débats pour plusieurs courants parmi lesquels: la thématologie, le formalisme, le structuralisme et l'école de Genève.

la plus grande divergence entre les thématologues et les autres courants, c'est que le premier groupe considère le motif plus abstrait que le thème, et se trouve à un niveau hiérarchique supérieur.

Selon eux, c'est le motif qui interprète le thème et non l’inverse.

Wolfgang Kayser, l'un des représentants de ce courant, a défini le motif comme une situation typique, significative, qui se répète.Il nous donne comme exemple,Roméo et Juliette, l’histoire de leur amour constitue le thème, et l’amour interdit 4 de deux jeunes amoureux appartenant à des familles ennemies, constitue le motif.

On constate qu'il est plus abstrait que le thème. Tandis que, dans les études de l’autre groupe (qui inclut les formalistes et les structuralistes, l’école de Genève…) le motif, par contre, est concret.

Il constitue la « plus petite particule du matériau thématique » comme Tomachevski a souligné dans son célèbre article intitulé « Thématique ».

Pour ces courants, le thème se trouve toujours à un niveau d’abstraction supérieur.

Il désigne l’unité de l’oeuvre, son idée, sa dimension intellectuelle.

Ainsi, on peut dire, par exemple, que le motif des lunettes illustre le thème du regard, et le motif de la cage illustre le thème de la captivité. Après avoir souligné la différence entre le thème et le motif, on va évoquer le terme symbole puisqu'il appartient parfois au même champ sémantique.

Dans sa définition la plus simple, il est quelque chose qui représente ou symbolise autre chose.

Il peut être un objet animé représentant un phénomène abstrait, comme la colombe qui symbolise la paix, ou il peut s’agir d’un objet inanimé qui remplace une abstraction comme la croix qui représente le christianisme.

Également, les gestes ou les actes peuvent avoir des valeurs symboliques comme les rites religieux, qui sont riches en gestes symboliques. Dans le domaine de la littérature, les symboles ont acquis une certaine universalité, ils se caractérisent par sa capacité d’être porteur de plusieurs significations et de se prêter à des interprétations différentes.

En effet, les études thématiques et celles symboliques constituent deux domaines complémentaires plutôt que opposés.

De ce fait les termes motif / thème / symbole se confondent très souvent.

Donc, on pourrait dire que les motifs les plus évocateurs de sens, peuvent indiquer la signification symbolique : 5 le motif de la colombe devient symbole dans le cas où il représente la paix, le motif de la balance devient symbole quand il représente la justice, et ainsi de suite. Dans ma recherche, j'ai choisi d'étudier le thème de l’eau, à travers l'un de ses motifs (la Seine) comme un symbole de la mort.

L'utilisation du mot « motif » pour désigner les diverses manifestations de l'eau (océan, mer, rivière, fleuve, lac, ruisseau, puits, source, pluie, étang……etc.). Certes, l'eau ne constitue pas en elle-même une abstraction, mais il est un symbole riche de signification, elle peut illustrer et visualiser des thèmes très variables comme la renaissance, la mort, la peur, la solitude, et l'érotisme. Soit dans les mythes ou dans la religion chrétienne, l'hindouisme, le bouddhisme, ou dans le Coran, l'eau a diverses connotations, elle peut incarner la purification, la renaissance, la destruction, la sagesse, la connaissance illimitée, le temps qui passe, l’éternité, la liberté, la solitude, et l’impureté……etc On peut citer comme exemple, l'eau dans l'Ancien Testament, elle était un élément destructeur, premièrement, par le Déluge qui a tué tous les hommes à l’exception de Noé et de sa famille.

Deuxièmement, quand Dieu fait subir aux Égyptiens une série de tourments qui ont un rapport avec l’élément aquatique : l’eau se transforme en sang, les poissons meurent et il sort des crapauds des eaux du Nil.

De même quand Moïse libère son peuple de l’emprisonnement en Égypte, il divise l’eau de la mer rouge pour permettre aux Juifs d’échapper à leurs poursuivants qui, par conséquent, meurent noyés.

De cette manière, l'eau était symbole de destruction et de mort. 6 II.

Le thème de l'eau dans la littérature : Selon Bachelard, chaque oeuvre littéraire doit être baigné par l'un des quatre éléments des philosophes anciens : l'eau, l'air, la terre et le feu. Dans sa célèbre étude L'eau et les rêves, il a dit : Pour qu’une rêverie se poursuive avec assez de constance pour donner une oeuvre écrite, pour qu’elle ne soit pas simplement la vacance d’une heure fugitive, il faut qu’elle trouve sa matière, il faut qu’un élément matériel lui donne sa propre substance, sa propre règle, sa poétique spécifique. (Bachelard, 1985, P.5) L'eau, qui est l'un de ces éléments matériels, est abondamment traitée au cours des siècles.

Depuis toujours, elle a fasciné les écrivains, les artistes, les musiciens et les photographes.

Elle constitue une source d'inspiration inépuisable avec ses divers visages, douce, jaillissant, salé, sombre et stagnante. Parmi les oeuvres littéraires qui parlent de ce thème on peut citer : Les rêveries du promeneur solitaire de Rousseau, la cinquième promenade est entièrement consacré à une louange de la nature et particulièrement de l’eau.

Rousseau concentre sur le côté harmonieux de l'eau et c'est un trait caractéristique des écrivains romantiques.

Hugo aussi traite ce thème avec son chef-d'oeuvre Les travailleurs de la mer dans lequel la mer, séduisante et dangereuse à la fois, se présente comme un antagoniste redoutable que le personnage principal doit vaincre.

De même, Jules Verne avec son roman merveilleux vingt mille lieues sous les mers, en dépit de son côté fictionnel à ce temps là, il constitue un roman maritime par excellence.

Sans oublier Guy de Maupassant que l'eau baigne à la fois sa vie et son oeuvre.

Toutes les formes de l'eau lui a inspiré : J'aime l'eau d'une passion désordonnée, la mer, bien que trop grande, trop remuante, impossible à posséder, les rivières si jolies mais qui passent, qui 7 fuient, qui s'en vont, et les marais surtout où palpite toute l'existence inconnue des bêtes aquatiques. (Maupassant, 1956, P.737) Sa vie d'enfant, d'adulte et d'écrivain célèbre s'est déroulée entre la Manche, la Méditerranée, la Seine et diverses stations aquatiques et cela par conséquent a influencé ses oeuvres. De ses ouvrages on peut mentionner : une vie, dans ce roman il aborde son amour de l'eau.

La mer est le complice principal.

Les Contes et les Nouvelles dans lesquels on retrouve toujours la Seine et les autres formes de l'eau.

Également on a Pierre et Jean, et La vie Errant qui se caractérisent par la présence de cet élément liquide. En ce qui concerne la poésie, nombreux sont les poètes qui ont chanté ce thème parmi eux, Charles Baudelaire en maints de ses poèmes comme L'Homme et la Mer dans lequel le poète expose la double facette de la mer, à la fois belle, synonyme de liberté et d’évasion mais aussi sombre, mystérieux et inconnu pour l’Homme.

l'albatros aussi aborde l'univers marin associé à l’évasion du voyage mais aussi à une certaine angoisse, ce poème fait référence aux circonstances particuliers de son premier voyage marin imposé par ses parents. Hugo également parle de ce thème, on cite son poème Une nuit qu'on entendait la mer sans la voir, qui décrit un paysage marin tempétueux. Rimbaud aussi avec son Bateau ivre.

Verlaine dans La mer est plus belle.

et d'autres… En outre, des études critiques ont apparu sur l'eau.

De ces études on peut évoquer celle de Michelet intitulée La mer (Michelet, 1861) où il étudie la mer sous divers aspects.

Bachelard aussi fait référence primordiale avec son étude L’eau et les rêves (Bachelard, 1942).

Cet oeuvre fait partie d’une série de textes étudiant les quatre éléments : 8 l’eau, l’air, la terre et le feu.

À travers cette étude Bachelard nous présente différents types d’eaux : claires, printanières, courantes, profondes, dormantes et mortes. Certes, il ya d'autres ouvrages et poèmes qui abordent et traitent ce thème, mais on se suffit de ce que nous avons signalé ci-dessus. Maintenant, après avoir parlé de la place primordial de l'eau dans la littérature française, nous passerons à notre roman Aurélien de Louis Aragon, dans lequel nous allons traiter ce thème à travers l'un de ses nombreux motifs, la Seine.

Comment cette Seine représente- elle un symbole de la mort ? Avant d'entamer notre sujet, nous donnerons un petit aperçu de ce roman : Il est l’avant-dernier roman du « Cycle du Monde réel » Paru en 1944, réécrit en 1966, ce roman qui se passe dans les années vingt, raconte le grand amour que le lieutenant Aurélien Leurtillois, célibataire oisif, encore hanté par les souvenirs du front, éprouve pour une jeune provinciale, Bérénice Morel, femme mariée, venue à Paris pour passer quelques jours. 9 Deuxième Chapitre : La Seine dans Aurélien, symbole de la mort La Seine a toujours inspiré tant d’écrivains et d’artistes comme Hugo, Balzac, Apollinaire, Monet, Renoir et d'autres en incarnant des connotations différentes.

Chez Apollinaire, par exemple, il était symbole de la fuite du temps et de l'amour, tandis que chez Hugo, la Seine s’est attachée à la mort après la noyade de sa fille Léopoldine. Dans notre roman Aurélien , avec son eau sale, sombre et bouée, la Seine s'associe à la mort, elle parle tout le temps du suicide et des noyés.

De même, elle retrace l’histoire d’amour entre Aurélien et Bérénice jusqu'à sa fin tragique qui se termine par la mort de Bérénice. Dans ce chapitre nous parlerons de trois points essentiels : I.

La hantise d’Aurélien par les noyés : L’obsession d’Aurélien par les histoires de noyade ressemble au goût de l’absolu de Bérénice, il en souffre tout au long du roman.

Les images des noyés, la Seine, la planche, la tempête, la mer et le masque mortuaire de l’Inconnue de la Seine foisonnent sa tête.

C'est au chapitre XI qu’Aurélien indique la raison de ses hantises : entre les bras de la Seine comme un noyé...

A la longue, cela devient une obsession...

J'ai vu trop de morts dans ma vie...

A cette image de fleuve qui se mêle à mes rêves, comme l'image des avalanches, je suppose, aux rêves des montagnards. (Aragon, 2003, P.113) Par sa position géographique sur l'île Saint-Louis, entouré par l'eau de toute côté, Aurélien paraît comme un noyé.

Sa maison est semblable à un coquillage enveloppé par le fleuve .

Cet univers clos lui ramène à la 10 mort.

C'est pourquoi il a cette obsession des noyés.

De plus, dans son amour il apparait comme un homme qui se noie. Parfois, pour se débarrasser de ces hantises et éprouver la solitude totale, il vas à la piscine populaire d'Oberkampf, cela est cité au chapitre XXI : il se sentait vraiment, totalement seul, plus que dans cet appartement à la pointe de l'île, quand il ouvrait sa fenêtre sur les arbres, le fleuve, et la hantise des noyés qui passent dans la Seine. (Aragon, 2003, P.

182) L’eau de cette piscine se diffère de celle de la Seine, elle est claire, propre et fraîche.

De même, elle a un effet rafraîchissant sur Aurélien, et elle lui octroie la sensation de solitude.

Tandis que l’eau de la Seine, qui est turbide, létale et sale, lui fait subir de violents vertiges et elle lui retourne à son obsession par les noyés. Mais, après sa rencontre avec Bérénice, Aurélien aura fréquenté la piscine pour fuir de son image obsédante, en plus de s'écarter les hantises. Il a simplement cru que rien ne vaut, pour l’oublier, détourner son visage un moment, comme un bon bain.

Mais hélas, il retrouve toujours dans cette eau, l’image de Bérénice. Aurélien éprouve une sorte de sensualisme incroyable dans cette eau qui a l'effet d'absinthe, comme si par l’entremise de l’eau, il fait l’amour avec Bérénice.

De cette manière l’eau de la piscine paraît comme une enveloppe érotique contrairement à la Seine qui ne couvre que les cadavres des noyés. 11 Au chapitre XXIV, on voit de nouveau ces hantises, quand Aurélien a emmené Blanchette et Bérénice au Casino de Paris à la demande d’Edmond. Ce chapitre vient après avoir avoué à Armandine qu’il est tombé amoureux, et après la découverte de la ressemblance entre Bérénice et le masque de l’Inconnue. Aurélien, assis derrière les deux femmes dans la profondeur de la loge, se sent attiré vers elle, il n'arrive pas à se contrôler, et soudain les images des noyés et de la Seine envahissent sa tête.

« Encore les noyés, je ne peux pas me débarrasser des noyés maintenant.

» (Aragon, 2003, P.

203) Le chapitre XXVII, nous dépeint un accident de noyade dans la Seine. Une jeune femme noyée, portant une robe de bal, est retirée par les marins.

Cet accident inspire Aurélien et le rappelle encore une fois de l’Inconnue de la Seine que nous allons voir ses détails et la relation entre elle et Bérénice plus tard. Longuement il regarda couler, jaune, trouble, froide, équivoque, la Seine. Une robe de bal...pourquoi ? Quel drame d'ombre et de scintillement au fil de l'eau, quel.... »

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