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Le portrait dans l'oeuvre de Géricault

Publié le 17/06/2015

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oeuvre. Ce ne sont pas vraiment des portraits mais une enquête parallèle, une recherche personnelle et gra­tuite du peintre, recherche qui prend la forme du por­trait parce que la condition humaine qu'il veut scruter ne peut se manifester réellement que dans la subjecti­vité de l'individu. Les personnages de la Méduse sont très clairement différenciés, mais ils sont anonymes et dépersonnalisés. Géricault a évité la spécification phy-sionomique et la ressemblance individuelle, même pour Corréard et Savigny, qu'il connaissait personnellement. Il s'en est tenu aux généralités humaines, peut-être par peur de l'anecdote, pour éviter la trivialité qui nous choque chez Horace Vernet, pour faire sans équivoque possible un tableau d'histoire. Toujours est-il qu'il a éliminé de son « chef-d'oeuvre « tout un aspect capi­tal de son travail, sa recherche du caractère individuel : ces nombreux tableaux qui, sans être des portraits, n'entrent dans aucun autre genre, c'est ce qu'il ne pou­vait pas faire entrer dans son grand tableau d'histoire. Il a détourné le portrait de sa fonction traditionnelle à ses fins propres pour en faire un moyen d'expression nouveau : un genre à lui.

Joseph ou non, le tableau Getty, universellement accepté comme oeuvre de Géricault, présente presque au complet les caractéristiques visuelles du portrait. Le contraste avec la négresse ou métisse de Bayonne (fig. 23) est éloquent. La femme, superbe dans son éclatante draperie rôuge qui met en valeur son teint, est visiblement un spécimen anthropologique. Les traits sont généralisés et l'exotisme nettement accusé, tandis que les traits du présumé Joseph sont indivi­duels et les contours de son visage délicatement inflé­chis. Il est improbable, en revanche, que la fonction du tableau ait été celle d'un portrait. S'il s'agit bien de Joseph, modèle professionnel, son costume mili­taire atteste qu'il est représenté dans un rôle. Ouvrage au statut incertain, comme si souvent chez l'artiste, et sans doute conservé dans son atelier avec l'essen­tiel de sa production.

« Henri Zerner ancien maître.

Que veut-il dire précisément en suggé­ rant que la faute en était peut-être à Géricault ? Ce n'est pas clair; toujours est-il qu'il conteste l'explica­ tion du peintre.

En fait, nous ne sommes pas sûrs que Géricault n'ait pas donné le titre lui-même.

Du moins le rédac­ teur du livret ne pouvait-il pas inventer l'initiale de Dieudonné.

Est-ce le titre qui a empêché la vente? Quel est ce. »

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