Les Lumières et l'Egypte

de l'huile du cuir des hommes ». L'intrigue est si embrouillée que l'auteur lui-même s'y perd. Fort heureuse¬ment, au milieu du ro¬man, un monstre intro¬duit le narrateur dans son propre récit et lui en rappelle les épisodes, gra¬vés en hiéroglyphes sur les parois d'un souterrain ! Ce contexte fabuleux sus¬cite l'apparition dans la lit¬térature de thèmes fantas¬tiques réservés jusque-là au récit oral (les contes), comme la navigation céleste dans une barque. Roman d'initiation, Lamekis illustre l'idée d'une Égypte initiatrice de la philo¬sophie grecque et berceau de la sagesse universelle.VOLTAIRE DÉTESTE LES PYRAMIDES ! En différents endroits de son oeuvre, Voltaire fait montre d'une haine surprenante à l'égard des pyramides, qui sont à ses yeux l'emblème de la cruauté des pharaons : « On vante leurs pyramides ; mais ce sont des monuments d'un peuple esclave. Il faut bien qu'on y ait fait travailler toute la nation, sans quoi on n'aurait pu venir à bout d'élever ces vilaines masses. A quoi servaient-elles ? A conserver dans une petite chambre la momie de quelque prince ou de quelque gouverneur, ou de quelque intendant que son âme devait ranimer au bout de mille ans. Mais s'ils espéraient cette résurrection des corps, pourquoi leur ôter la cervelle avant de les embaumer ? Devaient-ils ressusciter sans cervelle ? »