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L'EUROPE MISE À SAC

Publié le 14/09/2014

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Comme la France est, en Europe, le seul État où règne l'ordre nouveau, l'idée se fait jour qu'elle seule mérite de posséder de tels sym­boles. Dès lors, à mesure que les armées de la Révolution conquièrent des territoires, ses officiers d'abord puis des délégués envoyés tout exprès de Paris entreprennent de recueillir les chefs-d'oeuvre qui seront expé­diés à Paris. Le vainqueur prélève son tribut sur le vaincu et en tire orgueil : la démocra­tique Athènes, au \i` siècle avant notre ère, n'en faisait-elle pas autant par rapport aux peuples qu'elle conquérait?

 

Les premières réquisitions concernent l'actuelle Belgique, c'est-à-dire les Pays-Bas de l'époque. Dans l'été 1794, les troupes de la République française prennent l'offensive dans cette région et remportent victoire sur victoire. Elles pro­gressent au cours de l'année suivante, jusqu'à conquérir la totalité des Provinces-Unies — les Pays-Bas du Nord. Soixante-quatorze peintures en 1794, plusieurs dizaines d'autres en 1795,

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« ainsi que des sculptures, des livres, des manus­ crits , des gravu res sont ainsi soustraits aux vaincus.

En 1795, les grandes confiscations sont effectuées en Belgique : Cologne, en parti­ culier, doir livrer ses trésors.

Mais surtout, à partir du printemps de 1796 commence le dépouillement de l'Italie.

Entre avril 1796 et avril 1797, tout le nord et une partie du centre de la péninsule tombent entre les mains des Français.

Le duc de Parme et celui de Modène, la République de Milan et celle de Venise sont taxés chacun de vingt tableaux , choisis par le vainqueur.

Le pape, quant à lui (il s'agit de Pie VII) doit livrer cent chefs-d'œuvre.

Aux œuvres d'art s'ajoutent désormais d'autres pièces, objets de science ou animaux rares.

Le produit des réquisitions est envoyé vers la capitale française en de longs convois de char­ rettes, les caisses étant transbordées sur des bâteaux hâlés le long des fleuves lorsque la topographie le pennet En l'an VI, les 9 et 10 thennidor, jours anniversaires de la chute de Robespierre, une grande fête est organisée à Paris pour recevoir les pièces les plus presti­ gieuses venues d'Italie : les quatre chevaux de Venise, l'Apollon du Belvedère, la Vénus du Capitole, le Discobol e, la Trans(tguration de Raphaël , des tableaux de Titien , de Véronèse défilent ainsi sur le Champ-de-Mars comme lors d'un triomphe antique, en compagnie d'éléphants et de dromadaires, eux aussi venus de la péninsule.

Le plus beau musée de tous les temps Pour loger les œuvres d'art confisquées, il faut un lieu, un lieu ouvert aux artistes et au public puisque le but des réquisitions est de fournir des modèles de beauté et de vertu aux jeunes générations de la nation.

Ainsi s'impose l'i dée d'ouvrir un grand musée national ce sera le musée du Louvre.

Le choix du Louvre s'impose pour plusieurs raisons.

D'abord, l'ampleur et la situation du palais, au centre de la capitale.

Ensuite, la tra­ dition qui a fait s'y tenir , depuis le XVII' siècle, des expositions annuelles de peinture contemporaine, ou ·Salons •.

D'autre part, la présence sur place d'une partie des collections personnelles de la famille royale, désonnais passées à la nation.

Enfin, la possibilité de logements mis à disposition des artistes, au sein même du bâtiment, à partir du règne de Louis XVI.

La création du musée est décidée dès juillet 1791, par une résolution de la Constituante.

La Convention décide que le nouvel établisse­ ment sera inauguré le 10 juillet 1793 , jour anniversaire de la chute de la monarchie.

En réalité , le musée sera à peu près continuelle ­ ment fermé au public pour cause de travaux jusqu'en 1799.

C'est en cette année qu'il ouvrira de façon définitive.

Géré d'abord par un collège comprenant des artistes , au nombre desquels figurent Fragonard et David, le Louvre est dirigé par un administrateur unique à partir de 1797.

En 1803, devenu musée Napoléon , il est confié au baron Dominique Vivant-Denon, qui le dirige jusqu'à la défaite de 1815.

Sous la gestion de cet homme, les collections du Louvre ne cessent de s'accroître.

Aux confiscations succèdent des dons , échanges et achats plus ou moins forcés.

Le Louvre de 1814 est le plu beau des musées imaginables.

Sont ainsi exposés à Paris douze des plus célèbres peintures de Raphaël , cinq œuvres de Pérugin, quatre de Corrège, cinq de Véronèse, La démolition de /'église Saint-Jean-en-Grève, aquarelle de Demachy (Paris, mus ée Carnavalet).

La Grande galerie du Louvre en cours de restauration, peinture d'Hube rt Robert (Paris, musée du Louvre).

de très importantes toiles de Titien, le retable de /'Agneau mystique de Van Eyck, plusieurs œuvres de Rubens, Van Dy ck ou Rembrandt, les chevaux de Saint-Marc (placés sur l'arc de triomphe du Caroussel, près du musée), le lion de Venise, des pièces très importantes datant de l'époqu e hellénistique.

Or, ce trésor de guerre, en 1814, les vainqueurs de Napoléon ne songent pas à le réclamer, et Louis XVIII, devant les représentants de la nation, en garantit le caractère inaliénable.

Le retour de !'Empereur et sa défa ite à Waterloo ruineront le musée du Louvre : après les Cent ­ Jours, les monarchies victorieuses renoncent à faire preuve demansuétude.

La Prusse d'abord, la Hollande ensuite , puis l'Autriche et, enfin, les ttats italiens réclament leur patrimoine.

Nonobstant la résistance de Vivant-Denon , le Louvre est dépouillé.

Quelques œuvres, trop grandes (comme les Noces de Cana de Véronèse ) ou d'un art que l'on ne tient pas encore en haute estime (telles les œuvres italiennes des XIV" et W siècles), échappent à la curée.

Ce sont là peu de choses : le grand musée universel, le plus beau sans doute de tous les temps, est mis en pièces en que lques mois .... »

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