NATURE MORTE À LA LAMPE À PÉTROLE de Juan GRIS

« - ' Ill ~ NATURE MOKI'E À IA lAMPE À PÉTROLE 1912 Peintre espagnol Anal ys e ..._, Gris est parti de l'abstrait pour construire un ensemble figuratif tout à fait personnel.

On reconnaît à travers le tracé, très dur , pl usieur s l ampes à huile : elles semblent n e faire qu'un avec le fond p lat.

Une lumière oblique vient frapper les objets, disposés de manière symétr ique : elle s'arrête sur eux, sans toutefois les transpercer.

La composition est ainsi animée par un jeu de clair s­ obscurs qui met particulièr e ment en relief le caractère bidimensionnel de l 'objet, détaché de toute réa lité objective.

Les tons chromatiques , plutôt doux, sont très éloign és de ceux, pâteux , uti lisés par Picasso et Braque , les deux principaux artistes cubistes.

Si cette Nature morte est l'une des toutes pre ­ mières œuvres produites par ce mouvement , elle tranche cependant avec la production habitu elle du groupe : Gris laisse de côté certains principes de la nouvelle esthétique pour s'intéresser davan­ tage à la décomposition des formes, opérée avant l u i par Cézanne (mort en 1909).

Cette toile évo - xxe siècle Huile sur toile 48 x 33 cm que notamment , par son grand dynamisme , la manière de Seurat et le Jugendstil : le tableau est en effet a nimé par un mouvem ent diagonal et vertical, l'horizont alité semb l ant avoir été, ici, volontairement évitée.

L'œu v ré C Ce tableau de Gris appartient à la collection Kroller-Müller, abritée dans la demeure du mêm e nom , près d'Otterlo, en Holland e.

C'est la seu le col­ lection d 'art contemporain constitu ée dans ce pays au début du XX" siècle.

Passionn ée par l'aventure cubiste , Mm e Kroller-Mü ller soutint activement les artistes issus de ce mouvement en achetant leurs œuv res.

Le musée possède ainsi des tabl eaux d e Braque , de Picasso et plusieurs œuvres de Gris, pro­ bablement acquises par le marchand d'art Kahnweiler, seu l à représenter le peintre espagnol : parmi ces derniers , Compotier et carafe de 1914 et Guitare s ur une table de 1915 environ .

La conférence de Gris à la Sorbonne + Juan Gris tint en 1924 une conférence à la Sorbonne : !e thème portait Sur les possibilités de la peinture.

A cette occas ion, l'artiste exp liqua aux étud ia n ts quelle relation le liait à la peinture figurative qui, selon lui, s'app u yait toujours sur l'é qu ilibre entre la p einture abstraite et les cou­ leurs : « Un tableau sans intentions représentati­ ves sèrai t, il me semble, une étude tectmique for­ cé~e nt inachevée ; car sa seu le l imite est son Du mêm e peintr e : PICTO 97 1 et 971 b © N ardini Edi tore , 1995.

Liriade pour l'édition fran çaise , 1995.

complément représentatif ...

» Gris concevait donc la peintu re comme le moyen d'interpréter de manière figurative la r éa­ lité abstraite, fruit de l'imaginaire .

« Prévoir , pro­ céder, confirmer», tel était le but que s'éta it fixé l'Espagnol : chacune de ses œuvres éta nt dotée d ' une signification uniqu e, elle ne pouvait être, selon le peintre, interprétée par Je spectateur de manière subjective.

Pho to Collec tion Kro l ler-Mull er, Otte rlo 37 ·32. »