Biographie de PLOTIN.
Publié le 11/08/2009
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Né à Lycopolis (Égypte) vers 205, mort en Campanie vers 270. De 233 à 243, il suivit, à Alexandrie, les leçons d'Ammonius Saccas. Désireux d'étudier la philosophie des Perses, il s'engagea dans l'armée de Gordien III, et prit part à la guerre qui chassa Sapor d'Antioche. En 245, il s'installa à Rome, y ouvrit une école où Porphyre fut son disciple. Malade, il se retira à Minturnes, où il mourut. — La pensée de Plotin fut influencée par tous les systèmes de la philosophie grecque, plus particulièrement Platon, et par le christianisme. De la pensée grecque, il hérite parfois une certaine dureté ; la justice de Dieu empêche sa tendresse : « Les méchants règnent par la lâcheté de leurs sujets, c'est cela qui est juste, et non le contraire. « Plotin se détourne de l'histoire et de la politique. C'est un solitaire, un contemplatif pur, presque un mystique. Le sens de sa vie et de son oeuvre, c'est « un envol de l'esprit seul vers Lui seul «. Dieu est un spectacle lointain vers lequel l'amour nous enlève. — La nature est génératrice de l'âme universelle ; celle-ci produit la matière et les raisons séminales qui donnent à la matière sa forme, et qui constituent les êtres vivants. — Dieu est l'Etre pur, qui se connaît, devient intelligible et se transforme en une puissance qui agit avec une nécessité implacable et absolue. Les trois étapes successives de Dieu rapprochent Plotin du dogme de la trinité chrétienne. Pour Plotin, les trois hypostases sont l'Un, l'Intelligence et l'Âme. — Il existe deux âmes dans l'être humain. L'âme irraisonnable vient de l'âme universelle. L'âme raisonnable, qui est le principe constitutif de l'homme, s'élève à l'intelligence des choses et s'approche du divin, dans l'extase, lorsqu'elle se détache du corps. — Plotin fut le plus grand philosophe néo-platonicien. « Il lui fut donné de voir la terre promise, mais non pas d'en fouler le sol. Il alla jusqu'à l'extase«, a écrit Bergson. Et Hegel a pu dire que la philosophie de Plotin « nous achemine vers la vertu et vers la contemplation intellectuelle de l'Éternité «.
Œuvre principale : Les Ennéades.
«
PLOTIN
205-270 ap.
f-C
LA principale occupation des médiocres est de tirer à eux, par la force et par la ruse, ceux qui
leur sont supérieurs.
Aussi faut-il savoir se défendre d'eux.
C'est du moins le langage de Calliclès,
dans le Gorgias de Platon, et de Plotin, au deuxième traité de la troisième Ennéade.
Certes, dit
Plotin, les méchants ont tout pouvoir,« car ils ne se sont jamais soucié que les meilleurs gouvernent
et puissent ainsi prendre soin des autres -ils tuent, quand il naît parmi eux quelque homme
supérieur ».
Ainsi mourut Socrate, et cela donne aux âmes tendres l'occasion qu'elles cherchent
sans cesse, et qui est de se plaindre : « Ce sont les méchants qui sont maîtres et seigneurs en poli
tique,
et les bons qui sont esclaves! » «et à la guerre, ce sont les méchants qui dominent, et quelles
hontes
ne font-ils pas subir à leurs prisonniers, quand ils les emmènent en esclavage! » Ainsi
ce
chœur lamentable s'en va répétant que ce monde est abandonné de Dieu.
Plotin fait cette
dure réponse, que le monde va bien comme il va, et que sa dureté est celle même de Dieu, qui
n'est point tendre, parce qu'il est juste.
Si au lycée les forts en gymnastique rossent les forts en
thème, leur volent leurs livres et leur gâtent leurs beaux habits, « qu'y a-t-il dans cette affaire,
sinon
matière à rire? ».
Mais laissons de côté ces pugilats de lycéens, et ce qu'ils ont de puéril,
laissons ces enfants
grandir, qu'ils nous donnent « un plus beau spectacle » : la guerre.
L'événe
ment est le même : « Les uns ne veulent pas porter les armes -ce sont donc ceux qui sont armés
qui l'emportent.
» Telle est la loi, et la justice qui est celle de Dieu : « On se sauve à la guerre si
l'on est homme, non en faisant des prières.
»
Il faut s'enfoncer dans la méchanceté des médiocres comme Socrate parmi la déroute des
soldats,
« tout rengorgé et le regard oblique - un tranquille regard de côté sur les amis et les
ennemis
» - aussi dangereux les uns que les autres sous le règne de la peur.
« Aussi fit-il retraite
en sûreté avec son compagnon :car ceux qui se tiennent comme ça dans la bataille, c'est bien rare
qu'on y touche, mais on poursuit ceux qui fuient précipitamment.
» Ce qu'il faut faire, c'est« bien
faire voir,
même de loin, que qui touche à pareil homme, il sera rudement reçu », et non pas
prier Dieu qu'il nous épargne les horreurs de la guerre, car à une telle prière, les cieux resteront
toujours vides,
et Plotin dit pourquoi : « Ce n'est tout de même pas à Dieu de prendre les armes
pour les pacifiques! »
Belles âmes bêlantes, Plotin vous avertit que « les agneaux sont la proie des loups ».
Doux
agneaux de Dieu, il y a en vous moins de tendresse, que de véritable « mollesse ».
Bien sûr, « les
meilleurs sont
parmi ceux qui souffrent violence », mais cela prouve simplement qu'ils ne sont
pas aussi supérieurs
aux méchants qu'ils veulent bien le dire, « puisqu'ils ne se sont pas préparés
à n'en pas souffrir ».
« En cela qu'ils laissent prise au pouvoir des médiocres, ils sont eux-mêmes
médiocres.
» Calliclès le disait déjà, la philosophie est la grandeur et la noblesse de l'homme, elle
seule
prépare aux entreprises de grande race- et pourtant, passée la jeunesse, « elle amoindrit »,
parce qu'elle déshabitue de se défendre, et de lutter.
Platon le redit sans cesse, la philosophie est
«jeu d'enfant »,et c'est pourquoi il y a quelque chose de puéril, pour un philosophe, à s'en prendre
au cours du monde.
Il vit d'une façon insensée, dans la négligence et l'incurie.
Mais se laisser aller
aux douceurs de la paix, cela interdit de se plaindre, quand les méchants prennent tout pouvoir :
« Les méchants règnent par la lâcheté de leurs sujets », dit Plotin, « c'est cela qui est juste, et non
le contraire ».
Ce dur langage est celui de la tradition grecque : « D'entre les vertus pratiques », dit la
Morale à Nicomaque, « les politiques et les guerrières l'emportent en beauté et en grandeur.
»
g8 PLOTIN Buste, Musée d'Osûe.
Photo Office des J.Ouillesd'Ostie, Rom.e.
j
J.
»
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