Biographie de Tacite ?
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
TACITE
55?- 120? apr.
]-C
« UNE nuit brillante d'étoiles, et dont la paix s'unissait au calme de la mer, semblait pré
parée par les dieux pour mettre le crime dans toute son évidence.
» La trirème d'Agrippine vogue,
en suivant les côtes, vers Baïes, où Néron a invité sa mère en vue d'une feinte réconciliation.
En
réalité, le navire est truqué et dans un instant va fonctionner le mécanisme qui doit provoquer la
noyade.
A la poupe, trois personnes se reposent, sous une sorte de dais : Agrippine, un de ses cour
tisans et une suivante.
Tous trois mourront au cours de cette même nuit sans qu'aucun d'eux, à
coup sûr, ait eu le temps de faire des confidences à qui que ce soit.
Cependant, nous saurons ce
que disait à l'impératrice sa fidèle Acerronie : « Appuyée sur le pied du lit où reposait sa maîtresse,
elle
exaltait, avec l'effusion de la joie, le repentir du fils et le crédit recouvré par la mère.
» (Tacite
Annales, XIV, 5.) Tel est l'art de Tacite : une marine nocturne, une morale religieuse où inter
viendraient des divinités justicières, tout un chapitre de roman noir tiennent dans ces quelques
lignes.
Quand on les a lues dans leur contexte, non seulement on a le sentiment qu'on ne les oubliera
plus, mais encore, emporté qu'on est par la pathétique sobriété du récit, on ne songe pas un instant
à demander à Tacite d'où il tient ses informations sur les derniers propos qu'entendra Agrippine.
Au contraire, lorsque Tite-Live retrace, en son beau latin oratoire, une harangue de Coriolan ou
d'Annibal, nous admirons, mais nous ne croyons guère, pas plus que nous ne faisons confiance au
bon Dumas s'il nous fait assister aux entretiens secrets d'Anne d'Autriche avec Richelieu.
Pourtant,
Tite-Live aussi est grave, à sa façon, mais il montre trop de rhétorique dans sa manière d'écrire
l'histoire, trop de chauvinisme dans son amour pour Rome et, enfin, trop de crédulité à l'égard
de ses sources.
Seul
parmi les grands historiens romains, Tacite défie la critique moderne.
A la fin du
xvme siècle, le pamphlétaire Linguet s'était permis de formuler quelques doutes relativement au
désintéressement de Tacite : «Les satiriques les plus outrés sont souvent les flatteurs les plus adroits.
Qui peut assurer que le censeur implacable de Tibère n'a pas voulu faire servir à sa fortune auprès
des successeurs de Domitien le mal qu'il disait des successeurs d'Auguste? » La question risquait
d'être périlleuse pour la mémoire de Tacite; il eût fallu, pour y répondre avec pertinence, scruter
profondément sa biographie, et nous verrons que cette tâche n'est pas aisée.
Mirabeau se contenta
d'écraser Linguet de son mépris, en l'appelant « avocat de Néron », ct la cause fut entendue.
En effet, chacun sait que Néron fut un tel monstre qu'un écrivain se discréditerait en pré
tendant plaider pour lui, en n'admettant pas comme définitif le portrait que nous en a tracé
« le plus grand peintre de l'antiquité ».
Et qui est le plus grand peintre de l'antiquité? C'est
Tacite, et nous n'avons plus le droit d'en douter depuis que Racine l'a assuré dans la préface de
Britannicus..
»
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