Céline
Publié le 08/04/2013
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Avant la Seconde Guerre mondiale, Céline se fit d'abord connaître pour son talent d'écrivain. Plus tard, ce fut surtout son antisémitisme qui fit parler de lui. Ses prises de position pendant la guerre et la publication de trois pamphlets, Bagatelles pour un massacre (1937), L'École des cadavres (1938) et Les Beaux Draps (1941), lui valent un mandat d' arrêt, lancé le 19 avril 1945 sous l'inculpation de trahison. En décembre de la même année, il est finalement arrêté à Copenhague et sera détenu pendant quatorze mois. On constate chez Céline une sorte de mépris pour le contenu romanesque. L'histoire ne l'intéresse que dans la seule mesure où elle autorise le développement d'un style et d'une émotion. Au fond, peu lui importe tel ou tel événement. Ce qu'il juge essentiel, c'est la manière dont cet événement est traduit. La forme est donc prioritaire sur ce qu'elle contient.
«
chacun d'eux semble participer à la
composition
d'un tout organique.
Chaque nouvelle histoire complète la
précédente et l'ensemble de l'œuvre
paraît retranscrire, à quelques détails
près, la propre vie de l'auteur.
Céline
se met
en scène dans chacune des
épreuves vécues par le héros-narra
teur.
Il lui prête non seulement sa
voix, son expérience, mais égale-
ment ce prénom de Ferdinand qui re
vient dans tous les romans comme
pour signifier l'identité entre l'auteur
et le narrateur.
Toutefois, dans l'ordre
de ses romans, Céline ne respecte
pas la chronologie des événements.
Ainsi,
Mort à crédit, où Céline ra
conte son enfance, a été écrit après
Dessin de Céline dédicacé au peintre Gen-Paul
Voyage au bout de
la nuit.
Cet aspect
désordonné fait toute
l'originalité du travail
de l'auteur sur le plan
autobiographique.
Toutefois , Céline est
avant tout un roman
cier, et si la plupart de
ses récits reposent sur
des expériences vé
cues, cela ne signifie
pas que la totalité de
son œuvre soit immé
diatement extraite de
la réalité.
L'exagéra
tion dont Céline fait
parfois preuve atteste
bien cette indépen
dance partielle et mo
mentanée de
!'écri
vain vis-à-vis du
vécu.
Son récit prend
sa source dans
l'ex
périence réelle pour devenir peu à
peu quelque chose de proprement
fictif.
Ce phénomène est surtout vé
rifiable dans les romans écrits entre
1944
et 1961 (année de la mort de
Céline).
NOTES DE L'ÉDITEUR
Grand spécialiste de l'œuvre célinienne,
Henri Godard s'est surtout intéressé
au style
de
!'écrivain:« Le langage chez Céline est
d'une richesse telle qu'elle suffirait,
presque à elle seule, à expliquer l'attrait
qu'il a sur ses lecteurs.
Que tant de
richesses jusque-là plus ou moins perdues
de notre langue aient été rendues à
la
Céline et sa deuxième
femme, Édith Follet,
le jour de leur mariage
en 1919
Céline avec ses chiens à Meudon, vers 1955
littérature par quelqu'un qui avait à ce point
le sens du rythme et de la nuance, c'est une
chance que nous n'avons pas fini de
mesurer.
» Henri Godard, Œuvres
complètes
de Céline, tome 1, préface,
Gallimard, 1981.
Jean Guénot
a, lui aussi, été conscient de
l'importance
du rythme chez Céline.
Voici
ce qu'il dit à ce
propos: « Toute parole qui
1, 3, 4 illustrations tirées de François Gibault.
Céline, tome 1, Mercure de France.
Paris.
1985 2, 5 Roger-Viollet
Le projet célinien
A
ucun style littéraire n'est plus
identifiable que celui de Céline.
C'est avant tout ce qu'il faut retenir
de lui : cette
« petite
musique
» dont
il ne cesse de revendiquer la pater
nité.
Son travail porte essentielle
ment sur
les mots.
Ceux-ci doivent
être, à la lecture, la principale source
de plaisir,
et c'est ainsi qu'on peut
rapprocher Céline d'auteurs tels que
Proust et Joyce pour qui fut priori
taire le souci du style.
Chez eux,
comme chez Céline, l'histoire ne
vient
jamais faire oublier le style.
Elle n'est en somme
qu'un prétexte
au travail de la langue, et
c'est en ce
sens que Céline se disait lui-même
«plus poète que prosateur».
Durant
toute sa vie d'écrivain,
il a cherché à
bouleverser la syntaxe traditionnelle
au profit d'une syntaxe alors parfai
tement inédite et qui permettait d'in
troduire l'émotion du langage oral
dans le langage écrit.
Le projet fut,
semble-t-il, fidèlement exécuté, et la
prose célinienne, malgré l'abjection
qui souvent la
soutient, trouve au
jourd'hui de nombreux admirateurs.
se construit, qui
se répète, qui se mémorise
à la recherche d'une cadence est une
obsession; une occupation de l'esprit sous
le prétexte d'un rythme.
La cassure
effectuée par Céline dans les habitudes de
lecture de ses contemporains provient de
son effort, original en 1932, de structurer la
durée de l'écrit à la ressemblance de celle
de
l'oral.» Jean Guénot, Louis-Ferdinand
Céline damné
par l'écriture, 1973.
CÉLINEOI.
»
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