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Charles Baudelaire

Publié le 17/01/2022

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Le poète français Charles Baudelaire (1821-1867) publie Les Fleurs du Mal, en 1857. Il sera condamné par la justice et six poèmes de ce recueil seront interdits dans les éditions suivantes. Pourtant, les thèmes qu'il explore – l'isolement, le péché et la mélancolie – font partie d'une quête d'ordre et de beauté dans cette société chaotique et décadente qui l'entoure. Musicaux et magnifiquement travaillés, ces poèmes représentent une étape décisive dans la littérature européenne.

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« par le choix de l'adulte, est devenue séparation volontaire.

« L'étranger » (1 ), le « maudit » (2 ) a consciemment opté pour l'échec et l 'irrémédiable .

Par un bizarre mécanisme d'autopunition naît et croît un sentiment de culpabilité qui tour ­ mente l'artiste, mais qu'il cultive « avec jouis­ sance et terreur » (3).

Moderne Œdipe, bourreau de soi-même ( 4), Baudelaire est aussi un moderne Narcisse dont l'existence se réduit au Tête à tête sombre et limpide [D']un cœur devenu son miroir ( 6).

Par une étrange fatalité, son « guignon » sans doute, Baudelaire se trouve progressivement exclu des cercles sociaux où pourrait s'atténuer la brutalité de ce tête-à-tête.

En avril 1839 il est renvoyé du collège Louis-Je-Grand.

Au prin­ temps de 1841, le conseil de famille, convoqué par Aupick, décide de l'arracher à la bohème parisienne en l'embarquant sur Je Paquebot-des­ Mers-du-Sud en partance pour Calcutta.

Le passager malgré lui n'ira pas au-delà de l'île Maurice et de l'ile Bourbon (la Réunion).

Les problèmes d'argent A son retour, Baudelaire est majeur et il s'exclut, volontairement cette fois, du foyer pseudo-familial.

Il s'installe dans 1 'ile Saint­ Louis et reçoit la part qui lui revient de l'héritage paternel : 75 000 francs-or, une somme consi­ dérable.

En quelques mois, il en dissipe la moitié .

Aussi, en septembre J 844, se voit-il doté d'un conseil judiciaire en la personne de Me Ancelle, notaire à Neuilly.

C'est pour lui une « humilia­ tion affreuse », qu 'il ressentira toute sa vie.

De plus, les petites mensualités qui lui sont consenties se révéleront très insuffisantes.

« Mi­ sère, et toujours misère » : mal logé, mal chauffé, mal nourri, traînant toujours ses créanciers à ses trousses, il tente de se suicider en juin 1845, peut-être pour impressionner par un simulacre M.

et Mme Aupick.

Ainsi commence une longue « vie de gargote et d'hôtel garni », « entre une saisie et une que­ relle, une querelle et une saisie ».

Les mille et un tracas de la vie quotidienne, la tutelle du notaire paralysent Baudelaire.

Mais il sait bien surtout que l'oisiveté fait corps avec lui, même 1.

Petits poèm es en prose (notés ici PP), éd.

1869, 1, « L'étranger ».

2.

Voir FM, 1, « Bénédiction ».

3.

Fusées , 23 janvier 1862.

4.

Tel est le sens du titre de FM, LXXXIII, « L'Héau­ tontimoroumenos ».

5.

FM , LXXXIV , « L'irrémédiable ».

si elle est compensée par une vie intérieure i ntense et par l 'activité perpétuelle de ses idées.

Écrire, tel est le véritable travail.

Travail désintéressé? il le dit parfois.

Mais comment serait-ce possible? En fait, la création littéraire, issue d'une nécessité intérieure, répond aussi à une nécessité économique.

Aussi les premières publications importantes seront -elles quelque peu alimentaires : des articles de critique d'art (Salon de 1845, Salon de 1846), une nouvelle - le genre est à la mode -, La Fanfarlo (1847), des traductions d'Edgar Poe : une « grosse affaire », - où il se fait escroquer par l'éditeur.

Avec un profond sentiment de dégradation et de dégoût, il s'incline même devant la nécessité où il se trouve de prostituer sa Muse « pour faire épa­ nouir la rate du vulgaire » (1).

En 1857, la publication en recueil des poésies qu 'il a égrenées tout au long des années antérieures va-t-elle enfin lui permettre de surmonter la crise financière? Hélas, Les fleurs du mal ne font qu 'augmenter ses tracas : moins d'un mois après la mise en vente, le livre est saisi par le Parquet et, en août , son auteur est condamné à une amende pour « délit d'outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ».

Devenir riche, Baudelaire n'y songe plus.

Il veut seulement payer ses dettes .

Et c'est encore sur son travail d'écri ­ vain qu'il compte pour cela : il porte dans sa tête « une vingtaine de romans et deux drames ».

Mais comment les composer quand, par la volonté des magistrats, il doit remanier le recueil condamné pour l'édition de 1861, quand il doit « redevenir poète, artificieJlement, par volonté, rentrer dans une ornière qu 'on croyait défini­ tivement creusée, traiter de nouveau un sujet qu'on croyait épuisé » (2)? Baudelaire se pique pourtant au jeu.

Il remanie Les fleurs du mal, ajoutant, retranchant, sans parvenir à réaliser l'édition définitive de ce chef­ d'œuvre.

La fièvre créatrice qui s'est emparée de lui après le procès de 1857 n'aboutit pas à des œuvres achevées.

Les « poèmes nocturnes », commencés cette année-là, ne seront réunis que pour une édition posthume (1869) : et encore n'en a-t-on retrol}vé qu'une cinquantaine, au lieu des cent promis; le titre choisi, Le spleen de Paris, n'est qu'un de ceux qu'avait envisagés Je poète.

La postérité a d'ailleurs plutôt retenu celui de Petits poèmes en prose.

Ouvrages pos­ thumes aussi que Les paradis artificiels, les Curio- 1.

FM, VIII,~ < La mu se vénale».

2.

Lettre à sa mère du 18 février 1858.. »

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