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Connaissez-vous ÉPICURE ?

Publié le 09/06/2009

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ÉPICURE : 341-270 av. J.-C.    Philosophe grec. Né à Athènes, il fut conquit par la lecture de Démocrite et fréquenta, en auditeur plutôt qu'en disciple, les écoles platoniciennes avant de fonder la sienne à Colophon, puis à Mytilène, à Lampsaque et enfin, en 305 av. J.-C., à Athènes (l'école du jardin).  Épicure reprend le matérialisme atomistique de Démocrite : les atomes sont mus par la pesanteur, mais également affectés d'un mouvement spontané, le clinamen, qui introduit dans la nature une certaine contingence autorisant la liberté humaine. Rejetant les dieux, leur providence et toute cause surnaturelle, pour n'admettre que des causes physiques, et dénonçant la crainte de la mort en ramenant celle-ci à un simple néant pour l'homme, il fonde sa morale sur la recherche du plaisir véritable, qui est le souverain bien, et que le sage atteint dans l'ataraxie (cf. p. 104).  • Œuvres principales : les nombreux ouvrages d'Épicure ne nous sont pas parvenus. Nous ne possédons que trois lettres : à Hérodote, à Pythoclès, et à Ménécée, ainsi que les Pensées principales (au nombre de quarante) auxquelles s'ajoutent 81 pensées découvertes en 1888.

« l la géométrie, l'arithmétique, l'astronomie, toutes sciences qui, parties de principes faux, ne peuvent être vraies et, le fussent-elles, ne donneraient aucun résultat propre à rendre la vie plus agréable et meilleure; devait-il, dis-je, s'attacher à tous ces arts, et l'art de vivre, cet art qui est si important, si difficile et profitable à proportion, le délaisser? Il ne faut donc pas dire d'Epicure qu'il manque de culture; les vrais ignorants sont ceux qui se croient obligés d'apprendre jusqu'à la vieillesse des choses qu'il est honteux de ne pas avoir apprises quand on était enfant.

» (Cie., De fin., I, xxr, 72.) Ainsi le Calliclès du Gorgias veut bien que l'adolescent ait des éléments de philosophie, à condition de ne s'occuper, à l'âge mûr, que de choses sérieuses.

Mais Calliclès renonce aux études pour conquérir le monde.

L'Epicurien rejette, tout ensemble, la vie active et la vie intellectuelle, pour vouer tout son soin et son sérieux à cet «Art de vivre» qui n'exige pas, comme chez les Stoï­ ciens, « la science des choses divines et humaines »; cet art est à lui-même son propre contenu et s'isole de tous les autres arts, comme le sage épicurien se retranche dans la « cachette » du Jardin et « renonce à tout le reste, c'est-à-dire à presque tout ».

Ce retranchement, cette séparation des choses et des hommes est au fond de la vision épi­ curienne du monde.

De la physique atomistique, l'individualisme moral ne reçoit pas seulement une garantie extérieure et une preuve rapportée; il y reconnaît sa propre condition.

Cet univers acosmique qui le repousse et que visiblement nul dieu n'a conçu et réalisé dans l'intérêt des humains, lui renvoie son image et l'éclaire sur sa solitude.

On a pu dire que Démocrite fragmente la « sphère bien arrondie » de I'Etre parménidéen.

Mais Epicure ne morcelle pas le Tout: il a le sentiment aigu, non pas même de la multiplicité des choses, mais de leur extrême isolement.

Chaque parcelle d'être est une totalité close sur son propre dénuement.

De l'une à l'autre, ce n'est plus, comme chez Démocrite, la nécessité et la raison qui déterminent les liens et ajustent les assemblages (l'héritage des grands atomistes, sur ce point, passe dans la loi de causalité, énoncée par Chrysippe).

C'est par l'action du hasard que, de toute éternité, les atomes sont amenés à former des mondes, périssables d'ailleurs et en nombre infini.

La réussite temporaire de ces combi­ naisons cosmiques ne prévaudra pas contre l'indépendance native de leurs éléments qui retom­ beront dans leur état originaire d'isolement et d'anarchie.

Ni providence ni destin ne président à la formation des mondes; aucun droit naturel ne fonde les unions humaines.

« Il n'y a, par nature, chez les êtres raisonnables, aucun sens social qui les unisse entre eux.

» Epie., Ed.

Uscner, 523.) Les lois de la cité ont pour origine « une convention sur ce qui est utile » (Diog.

Laërt., X, 150 ), d'où cette différence avec le stoïcisme, parfaitement formulée par Sénèque : « Epicure dit : « Le sage ne mettra point la main aux affaires, à moins d'une circonstance exceptionnelle.

>> Zénon dit : « Il mettra la main aux affaires, à moins d'une circonstance qui l'en empêche.

>> (De otio, III, 2.) De même, «il n'y a en nous aucune affection naturelle pour nos enfants >> (Epie., grg, 17), «le mariage n'est jamais avantageux; heureux même celui à qui il ne nuit pas; le sage ne doit ni se marier ni avoir d'enfants >> (Diog.

Laërt.; X, 1 r8).

Cette vision du monde, on l'a dit avec raison, est foncièrement pessimiste.

On pourrait ajouter qu'elle n'est pas, dans son principe, sans héroïsme ou plus simplement, qu'elle ne manque pas de ce courage intellectuel toujours nécessaire pour savoir refuser, à des désolations présentes, des compensations cosmiques et intemporelles.

« Il vaut encore mieux, dit Epicure, accepter les fables relatives aux dieux, que de se soumettre au destin des physiciens.

» (Diog.

Laërt.; X, 134.) Mais avec le destin, on rejette la providence.

La recherche du bonheur est une entreprise humaine et affaire de l'individu seul; aucune aide extérieure, naturelle ou surnaturelle, ne vient à sa rencontre.

L'univers d'Epicure ne favorise pas, comme celui de Chrysippe, le bonheur humain; seulement, il le permet, il le rend possible, surtout : il n'y fait pas obstacle.

Destitué de toute finalité, le monde ne nous est pas bienveillant et n'a rien à nous offrir.

Au moins est-il privé, par là-même, de toute intention de nuire.

Rejetant « les fables relatives aux dieux », on désarme la foudre de Zeus, on fait rentrer dans le néant le tribunal des enfers; la terre et le ciel cessent de fournir un vaste décor aux pérégrinations des âmes des défunts.

Il y a un point cependant où le désordre du monde convient entièrement avec la condition humaine, c'est la contingence.

Niée par les Stoïciens et restreinte par Platon et par Aristote à l'imperfection des régions sublunaires, elle est, dans le système d'Epicure, la faille naturelle où peut s'introduire la liberté.

On peut,. »

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