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LES ÉVÉNEMENTS DOMINANTS DE LA VIE DE DIDEROT

Publié le 16/06/2011

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Ces événements dominants sont, si l'on veut, ses tâche d'écrivain et, plus particulièrement, l'immense labeur du directeur de l'Encyclopédie et les péripéties dramatiques qui en marquèrent la publication. Nous les retrouverons en étudiant son oeuvre. Ils suffisent évidemment à démontrer qu'il y avait, dans son tempérament, un goût ardent de l'étude et de l'étude active, celle qui crée des oeuvres, qui s'acharne à discuter et à prouver. Mais, même en dehors de ces tâches d'écrivain, la vie privée de Diderot apporte des témoignages éclatants à l'étude de ce tempérament. Diderot naît dans un milieu de bourgeoisie très aisée et non pas, comme on l'a dit trop souvent, clins le peuple. Sans doute son père était coutelier et il pouvait fabriquer lui-même ses couteaux. Mais il était maître coutelier, c'est-à-dire un des personnages importants de la petite ville de Langres. A sa mort, il laissera une fortune de deux cent mille livres. Il faut multiplier par trois (au moins) pour avoir la correspondance avec le pouvoir d'achat du franc-or en 1914, puis par dix (pour le moins) pour correspondre avec le franc-papier.

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« pittoresques Mémoires son existence besogneuse, laborieuse et allègre. En entrant dans la bohème Diderot n'entrait donc pas dans la solitude mais dans une existence où il pouvait frayeravec toutes sortes de joyeux compagnons.

Il en est qu'il a méprisés, comme le Neveu de Rameau les méprise ; cesont tous ceux qui, las de nourrir leur esprit aux dépens de leur estomac, se font courtisans et parasites de quelquemécène gonflé d'or, de vanité et de sottise.

Le prix de cette existence sans contrainte est certainement pour luidans l'indépendance d'esprit et la liberté d'étudier.

N'allons pas jusqu'à dire la sagesse du philosophe détaché desbiens de ce monde et satisfait des seules joies de l'esprit.

Le Diderot bohème a été, au moins par occasions, lecontraire d'un sage.

Ne lui reprochons pas d'avoir fait payer un bon prix des sermons composés pour un bon Père,plus riche d'argent que d'éloquence.

Tous les jours d'autres Pères, d'autres prêtres puisaient leurs sermons dans desrecueils rédigés, officiellement, à leur intention.

L'aventure avec le frère Ange est évidemment plus discutable.Emprunter à un brave moine, ami de sa famille, quelque deux mille francs, sous prétexte de se ranger, de payer sesdettes et de se réfugier dans le giron du Seigneur en entrant dans les ordres n'est sans doute pas un cas pendable; le père de Diderot pouvait, sans grand'peine, rembourser ; et il remboursa.

C'était tout de même soixante millefrancs de notre monnaie et non pas une bagatelle, Il suffit d'ailleurs d'écouter les aveux de Diderot.

Il s'est toujoursdéfendu d'avoir couru les filles ; et nous l'en croirons volontiers.

Mais il a tout de même vécu en « jeune fou ».

« Jepensais comme un sage et j'agissais comme un fou », écrit-il en 1766.

Et, vers la fin de sa vie, en écrivant son Essaisur les règnes de Claude et de Néron : « Ah ! si j'eusse lu plus tôt les ouvrages de Sénèque, si j'avais été imbu deses principes à l'âge de trente ans...

».Imbu de ces principes il n'aurait sans doute 'pas fait le mariage romanesque et fâcheux qui empoisonna sonexistence.

On en connaît bien l'histoire, non par la version édulcorée, en toute bonne foi, par Mme de Vandeul, maispar des lettres authentiques.

Il habite, sur le même palier, qu'une lingère qui vit avec sa fille.

Les jeunes gens seplaisent et, après diverses péripéties, Antoinette Champion devient la maîtresse de Denis Diderot.

Honnête-ment,Denis a promis le mariage.

Mais il faut le consentement du père qui refuse avec indignation et, conformément aux uset coutumes du temps, tente de calmer les ardeurs de l'a écervelé r en le faisant emprisonner dans un couvent.Mais Diderot s'évade, regagne Paris, à pied, par des chemins détournés et se marie secrètement.

Le père refusalongtemps de recevoir sa belle-fille ; mais enfin une réconciliation sincère intervint.

Assurément la jeune lingère étaitfort différente de l'inculte Thérèse de J.-J.

Rousseau.

Elle était de toute petite bourgeoisie plutôt que du peuple ; samère tenait, en somme, un petit commerce.

Elle aima sans aucun doute le jeune Denis "vif, ardent et fou" comme ill'aimait.

Les lettres que Diderot lui écrit, au début de leur liaison, sont toutes pleines de l'amour bêtifiant qui peutconvenir aux midinettes comme aux philosophes.

"Ninot", "Ninette", "Tonton" semblent unis comme des tourtereaux.Mais l'amour ne pouvait pas résister au temps.

Les caractères s'opposaient.

Mme Diderot était sans doute bonneménagère et très certainement honnête et fidèle.

Mais elle était parfaitement incapable de rien comprendre à ce quifai-sait les raisons de vivre de son mari.

La philosophie et l'art ne comptaient que par l'argent qu'ils pouvaient mettredans la bourse.

Hors de quoi, Mm e Diderot ne s'intéressait qu'au train-train du ménage et aux commérages.

Naigeonlui a donné toutes sortes de vertus, la fidélité, la bienfaisance, et il a félicité son ami de son heureux choix.

Mais ilest le seul de son avis.

"Brusque, de mauvais ton", dit Dupont de Nemours.

"Harengère", dit Rousseau.

Il n'est passûr qu'il exagère.

Je ne sais pourquoi on semble avoir perdu de vue les pièces d'archives révélées par Campardondans ses Prodigalités d'un fermier général.

Marguerite Barré, domestique, se plaint que Mme Diderot l'ait injuriée,frappée de coups de pied et de poing, prise aux cheveux et lui ait cogné la tête contre un mur en faisant à cettetête un trou dont témoigne le sieur Delamotte, chirurgien.

Ou bien il y a plainte, et plainte reconventionnelle de MmeDiderot et d'une marchande qui s'accusent réciproquement d'injures, soufflets et coups de pied dans le derrière.

Aureste la correspondance de Diderot témoigne abondamment de ces orages domestiques qui ont troublé jusqu'au boutses méditations de philosophe.

On y trouvera, si l'on veut, des excuses pour sa liaison avec l'aventurière sansscrupules qu'était Mme de Puisieux (1745-1749), pour la durable et émouvante liaison avec Sophie Volland.

Sophie,que Diderot connut vers 1756, était aussi calme et même aussi sèche que Mn" Diderot était déchaînée, aussicurieuse de philosophie que Mme Diderot en était excédée.

C'est peut-être pour cela qu'elle fut la raison ou leprétexte d'une passion lyrique, dont nous retrouverons plus loin le témoignage et qui suscite dans le coeur et la têtede Diderot tous les élans, toutes les ivresses, tous les délires,N'oublions pas, pour bien comprendre cette place que le a coeur s a constamment disputé à s la tête » dans la viede Diderot, ses relations avec sa soeur, son frère le chanoine et son amour pour sa fille.

La soeur était une vieillefille dont Diderot a dit beaucoup de bien et un peu de mal et qui méritait sans doute l'un et l'autre.

L'affection deson frère reste ce qu'elle pouvait être : fidèle et distante.

Le frère était un prêtre de grand mérite, ascétique etbienfaisant.

Nulle entente n'était possible entre sa foi exigeante et rude et l'incrédulité remuante de Diderot.

Le plussage aurait été de se taire, pour l'un comme pour l'autre, et de vivre chacun de son côté.

Mais le prêtre veutconvertir l'incrédule ou du moins le convaincre de respecter la religion ; le philosophe met une ardeur véhémente àvouloir, malgré tout, être compris et même aimé de celui qui ne pouvait ni l'aimer ni le comprendre.

Pour sa fille,Diderot est le modèle des pères.

Pour elle il trouve un admirable équilibre entre la raison et le coeur, entre lasagesse réfléchie et l'aveugle don de soi à ce qu'on aime.

Il l'a fort bien élevée ; il a laissé sa mère libre de luienseigner la piété et de la mener à l'église ; et peut-être n'est-ce pas sa faute si la jeune fille a fait plus deconfiance à la morale laïque de son père qu'à la dévotion de sa mère.

Il lui a appris ou lui a fait apprendre tout cequ'une jeune fille du temps pouvait savoir.

Il n'a pas laissé à d'autres le soin de former son caractère ; c'est lui-même qui l'a suivie, conseillée.

Sans doute, il est « fou à lier » de cette enfant charmante.

Mais sa folie nel'empêche pas de diriger, de réprimander, de contraindre quand il le faut.

Il la marie fort bien.

Certes ce n'est pas unmariage romanesque.

Il n'a rien à voir avec le mariage du père avec sa voisine de palier.

C'est Diderot qui cherche lefiancé, qui discute minutieusement les conditions du contrat.

Les meilleurs pères du xviiie siècle ne concevaient pasautrement le mariage des enfants les plus chéris.

Mais le choix était bon et Mme de Vandeul ne s'en est jamaisplainte.Du reste de la vie de Diderot il n'y a pour ainsi dire rien à retenir qui explique son caractère ou en porte le. »

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