Nietzsche, Friedrich
Publié le 16/04/2012
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Philosophe allemand né à Rökken, Naumburg, mort à Weimar (1844- 1900). Descendant d'une famille de pasteurs saxons, Nietzsche fut un excellent élève du fameux collège princier Pforta, près de Naumburg. Il étudia ensuite, en 1864, à Bonn et Leipzig, la théologie et la philosophie. Nommé en 1870 professeur de langues classiques à l'Université de Bâle, il résigna ses fonctions en 1879, pour cause de maladie, et vécut dès lors à Sils Maria (Suisse) pendant l'été, en Italie pendant l'hiver. Lorsque sa maladie mentale se déclara en 1889, il vécut à Weimar, soigné par sa soeur Elisabeth Förster-Nietzsche qui, après sa mort, rassembla les archives de Nietzsche. Dans le domaine de la philologie, Nietzsche avait fait sensation en 1873 par son oeuvre, Die Geburt der Tragödie aus dem Geist der Musik, partiellement inspirée par son amitié avec Richard Wagner et dans laquelle il attaquait l'idée traditionnelle de la Grèce antique, sereine et « apollinaire «, la remplaçant par l'expression de forces profondes « dionysiaques«, sombres et autodestructrices. Influencé moins par les écoles philosophiques — sauf peut-être par Schopenhauer — que par les grands moralistes français et les encyclopédistes, Nietzsche devint le grand adversaire de l'ère bourgeoise, de sa morale pseudo-chrétienne, de son matérialisme, de son étatisme et du nationalisme comme de l'historicisme rétablissant la relativité des valeurs. En 1871, après la guerre franco-allemande, qu'il fit comme infirmier, il attaqua le Reich de Bismarck, expression de l'ère bourgeoise, mais aussi le libéralisme et la démocratie, excès du développement de la personne humaine. Considéré comme un grand prophète par les mouvements totalitaires du XXe siècle, Nietzsche ne leur appartenait pas plus qu'aux autres mouvements politiques ou spirituels, à cause de la singularité toute personnelle de sa pensée. Celle-ci a influencé profondément l'Europe, non seulement par son attitude antiréactionnaire au sens le plus large, mais par son style brillant, percutant et créateur, qui est à l'origine de la littérature moderne allemande.
«
NIETZSCHE
1844-1900
NIETZSCHE est le dernier philosophe, le philosophe marquant, de notre temps- et l'annonciateur
d'une éternité qui surmonte le temps.
Comme représentant de son temps il est encore actuel, et
aussi déjà inactuel.
De sa critique de l'époque, qui se développe à partir de l'écrit de jeunesse,
Considérations inactuelles, jusqu'aux dernières œuvres et esquisses, en passant par Zarathoustra,
plus d'un aspect est déjà dépassé- d'autres, en revanche, ne sont même pas atteints aujourd'hui.
Nous nous reconnaissons immédiatement en lui dans la mesure où les présupposés historiques
de sa pensée sont encore les nôtres; il nous est inconnu et étranger dans la mesure où sa pensée
philosophique transcende,
comme pensée de l'éternel, du permanent, la conscience historique
du passé et de l'avenir.
En sa qualité de grand interprète de tous les courants descendants et ascen
dants du x1xe siècle, Nietzsche pense le passage au xxe siècle, et c'est ainsi que nous nous mouvons
encore
intégralement dans son horizon.
Ses écrits, ne fût-ce que par l'éclat et l'emphase de leur
langue,
ont créé une atmosphère spirituelle dans laquelle nous respirons, même si nous ne connais
sons pas
du tout l'ensemble ni le détail de son œuvre.
Mais en Nietzsche parle aussi quelque
chose de pleinement inactuel : lorsqu'il est question du grand « anneau de l'être »et du « cercle »
se mouvant en soi, en lequel il n'y a ni commencement ni fin, ni origine ni but, ni début ni achè
vement, ni progrès ni régression.
Son Prélude à une philosophie de l'avenir n'est plus pour nous
un prologue, mais un épilogue, dont pourtant le sens s'éclaire aujourd'hui encore à la lumière
de ses prédictions; mais sa véritable et « dernière volonté » veut le jeu se répétant éternellement,
que le monde du cosmos physique joue avec lui-même, comme un enfant, dans un « temps sans
but >>.
L'influence majeure exercée par les passionnants écrits de Nietzsche commença par laisser
tout à fait à l'arrière-plan une confrontation sérieuse avec la pensée qui s'y exprime.
L'effet de
sa production littéraire fut moins sensible sur la philosophie proprement dite que sur la littérature
et sur la façon de penser de toute l'Europe.
Un historien danois de la littérature, G.
Brandes,
est le
premier à avoir prononcé - en 1 888 -des conférences sur Nietzsche, et à la mort de
Nietzsche, c'est un Italien, d'Annunzio, qui a célébré sa gloire dans le poème « Perla morte di un
distruttore ».
C'est au germaniste français Ch.
Andler que nous devons la plus vaste fresque de la
vie et de l'œuvre de Nietzsche; Gide et Saint-Exupéry, Stefan George et Rilke, Rudolf Pannwitz
et Spengler, R.
Musil, Ernstjunger, G.
Benn sont impensables sans lui; de même Thomas Mann,
NIETZSCHE Photo.
Co/lecticn G.
Sirol.
280.
»
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