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SAGON François

Publié le 13/10/2018

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SAGON François (? -1544). Poète normand, né dans une famille d’origine espagnole (« marrane », prétend Marot) et parente du gouverneur de Dieppe Jean Ango, fort apprécié de François Ier, il prend part aux concours de poésie à Rouen, Dieppe et Caen, où ses puys et ses palinods rencontrent un vif succès. Avant de mourir, Sagon réunira ses pièces de lauréat sous le titre peu modeste de Triumphe de Grâce. Parmi ses protecteurs, le grand écuyer de France, Genouillac, et Françoise de Foix, comtesse de Chateaubriant — de puissants personnages. Au moment de la querelle qui l’oppose à Marot, il est secrétaire de l’abbé de Saint-Évroult, au Mans; il meurt dans cette fonction en 1544, la même année que l’homme auquel il a fait tant de mal, et qui lui a permis de survivre dans les mémoires.

 

Ses œuvres sont parfaitement ennuyeuses, et leur seule vertu naît des trouvailles d’une haine démente, qui fournit en outre quelques renseignements (douteux) sur Marot et ses amis, en tout cas sur l’époque et ses mœurs. Dans le Regret d'honneur féminin, ou la Complainte des trois gentilshommes de France morts à la bataille de Cérisoles, il a beaucoup de mal à traiter les rondeaux, dizains, quatrains ou « colloques funèbres » de la — déjà — vieille Rhétorique. Tout cela est loin de l’inspirer autant que sa querelle avec Marot.

 

En 1534, aux fêtes du mariage d’Isabeau d’Albret, chez Marguerite de Navarre, à Alençon, Marot et Sagon en viennent aux mains devant cent courtisans, et Sagon l’accuse déjà d’hérésie. Lorsqu’on a connaissance en France des épîtres de Marot Au roy du temps de son exil à Ferrare et A deux sœurs savoysiennes, Sagon, sûr de lui, lance son Coup d’essay, recueil de pièces diverses de lui-même et de ses amis, dont le long poème-titre injurie Marot et dénonce son « hérésie »; il signe dès lors Vela de quoy, devise dont Des Périers, jouant l’idiot, moque aussitôt la suffisance. Marot exilé et suspect ne manque pas d’amis, qui répondent à l’appel de Charles Fontaine et de Des Périers; en sa faveur écrivent les meilleurs auteurs du moment, si l’on excepte Nicolas Denisot, sans doute influencé par sa proximité géographique avec Sagon (il est du Mans). Certains, cependant, ne prennent pas parti, quoiqu’ils en soient requis, tels Mellin de Saint-Gelais ou Salel, le premier n’intervenant que plus tard par la fable du chat et du milan (dans laquelle Marot, le félin, se défend de Sagon, le rapace). Mais Sagon aura déjà produit trois autres pamphlets dont le Rabais du caquet de Frippelippes — signé Mathieu de Boutigni, son valet — imitant Marot, qui ne daignait parler qu’à travers les audaces bien claires de son « Frippelippes » : ce lourd poème aurait été écrit en trois jours. Puis viennent la Défense de Sagon par luy adressée à Clément Marot, suivie de la Confutation aux disciples dudict Marot, et VEpistre à Marot pour luy montrer que Frippelippes avait fait sotte comparaison des quatre raisons dudit Sagon à quatre oysons... (ouvrage au demeurant rempli de théologie catholique, plus encore que le Coup d’essay).

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