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La modernité de La Règle du jeu

Publié le 09/08/2014

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Jean Renoir, qui commença par adapter Andersen (La Petite marchande d'allumettes), a fait de La Règle du jeu une sorte de conte (avec son héros, sa princesse, son château) où le réalisme côtoie souvent la fantaisie, et même le fantastique. Dans le cinéma contemporain, c'est souvent à travers un tel mélange que s'exercent les critiques les plus acerbes de notre société. On peut citer, parmi d'autres, trois films illustrant cette tendance : Sexe, mensonge et vidéo de Steven Soderbergh ; les films de David Lynch, en particulier Lost Highway ; et Crash, de David Cronenberg. Dans ces trois films, l'alternance des tons et des registres est constante. La magie est intimement mêlée au réel et l'interrogation sur les limites du spectacle et de la vie, du théâtre et du mensonge, permanente.

« Rohmer, Jacques Rivette, et tous les cinéastes de la Nouvelle Vague qui vont révolutionner le cinéma français à la fin des années 50, Jean Renoir est plus qu'un modèle : un père avec lequel se développe un dialogue constant, d'abord à travers des rencontres1, puis par films interposés.

C'est sans doute Renoir, notamment à travers un film comme La Règle du jeu, qui incarne le mieux cette figure du cinéaste-«auteur» dont ils annoncent l'avènement.

Nourris de littérature, les jeunes cinéastes de la Nouvelle Vague pensent que le metteur en scène peut, au même titre qu'un écrivain, être un auteur à part entière.

Il doit pouvoir choisir du début à la fin le contenu et les formes qu'il donne à son œuvre et non pas être, comme c'est souvent le cas à Hollywood ou dans le «vieux» cinéma français, un simple maillon dans une chaîne de scénaristes, techniciens, monteurs sur laquelle le producteur garde la haute main.

Écrit, réalisé, joué par Renoir lui-même, La Règle du jeu est pour ces jeunes réalisateurs un exemple inégalé de liberté et d'inventivité.

Une production indépendante La Règle du jeu est un des rares exemples de films d'avant-guerre tourné grâce au financement d'une société de production indépendante, dirigée par le cinéaste lui­ même.

À la fin des années 30, Renoir avait compris qu'il lui fallait, pour réaliser les films qu'il voulait faire avec le maximum de liberté, ne pas dépendre du seul bon vouloir des grosses sociétés de production.

En 1937, il réalise sa grande fresque sur la Révolution française, La Marseillaise, en trouvant un moyen de financement très original : une grande souscription lancée dans le pays, soutenue notamment par la CGT.

Ayant gagné beaucoup d'argent avec La Bête humaine (produit de façon plus traditionnelle), Renoir crée, en 1-938, avec André Swoboda et Claude Renoir, son frère, sa propre société de production, la NEF, qui produira La Règle du jeu.

1.

Avant de tourner leurs premiers films, ces cinéastes ont colla­ boré aux Cahiers du cinéma, revue qui publiera de longs entre­ tiens avec Renoir.

173. »

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