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Les road movies (histoire du cinéma)

Publié le 23/08/2013

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LES PRÉCURSEURS

On considère généralement que l'ancêtre du road movie est New York-Miami (1934) de Frank Capra.

Une jeune fille riche et gâtée (Claudette Colbert), en route pour New York, rencontre un journaliste (Clark Gable) au chômage et, avec lui, son destin : le bus tombe en panne et le couple se lance dans une folle randonnée improvisée. Cette comédie romantique obtient cinq oscars et marque les esprits. Elle offre le modèle d'une situation qui déraille, d'un accident qui fait du hasard un agent du destin, d'un voyage qui voit la maturation subite de l'héroïne, jeune fille futile qui en une seule nuit (le titre anglais est It Happened One Night) va devenir une femme. Le propos reste néanmoins limité : on sait d'emblée que, si les héros s'échappent brièvement du monde commun (l'autobus), ils le retrouveront très vite. Le voyage est ici un rite de passage, figure somme toute traditionnelle et qui ne sera pas absente du genre qui nous intéresse, mais qui ne le résume pas.

Le road movie, en fait, représente une distorsion, une aggravation du détour emprunté par les personnages de Capra. Là où l'on découvre que ceux-ci ont en fait emprunté un raccourci (vers l'âge adulte, le mariage), les personnages de road movie ne retrouvent jamais leur route. Ils partent vers l'ailleurs.

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« JIM JAIMUSCH Un ancien flic, pilote de course à ses De Stranger thon Paradise (Caméra heures , parie de livrer une voiture de d'or en 1983} au mélancolique Broken Denver à San Francisco en un temps Flowers (2005), en passant par l'épopée record.

Vrte pris en chasse par la police, du trio de prisonniers en fuite de Dawn il joue le tout pour le tout et fonce , by Law (1985), le genre du road movie guidé dans sa course par un animateur a inspiré à Jim Jarmusch quelques-uns radio noir et aveugle qui voit en lui le de ses meilleurs films, la caméra dernier esprit libre d'un pays livré à glissant avec élégance sur la dérive en l'arbitraire policier .

là encore , c'est noir et blanc de personnages sans une mythologie américaine qui se joue , projet ni avenir .

le vieux rêve de liberté qui vient se 1--------------1 fracasser sur la réalité .

de ces comédies du remariage qui ont fait le succès de Donen.

L'époque , pourtant dit autre chose ; l'heure est aux divorces et aux voyages sans retour, imposant une vision beaucoup plus crue et plus dérangeante .

Bonnie •• Clyde (1967) Arthur Penn situe l'action pendant la Grande Dépression.

Un couple de lmlqueurs de banque (Faye Dunaway et Warren Beatty) connaît l'ivresse de la liberté, mais se trouve bientôt poursuivi , et la cavale finit en tragédie.

Non seulement- et c'est une rupture majeure avec les codes du cinéma hollywoodien -le héros est un bandit et un meurtrier, mais encore l'héroïne partage sa liberté : le couple figure ainsi le rêve libertaire qui anime la jeunesse de l'époque, et la route , où s'aventurent alors les premiers hippies, devient le lieu même de cette évasion .

EtiSy Rider (1969} Ce film de Dennis Hopper va marquer toute une génération : la fin, tragique, est un acte d'accusation implacable contre une certaine Amérique .

Deux jeunes IIIOIIInls quittent la Californie pour la Nouvelle-Orléans.

Au cours de leur traversée des États-Unis, ils partagent la vie d'une communauté hippie , avant d 'échouer en prison , d 'où ils ne sortent que pour être confrontés à l'hostilité meurtrière et gratuite de l'Amérique profonde .

la traversée du pays se fait à rebours , d'une Californie moderne vers un M idwest profondément réactionnaire .

le voyage vers le carnaval et la fête n'aboutit pas.

le rêve américain , incarné par le casque de moto aux couleurs de la bannière étoilée , s'est brisé .

Zllbris/de Point (1970) Vu par Michelangelo Antonioni, un jeune étudiant révolté, accusé à tort du meurtre d'un policier , s'enfuit dans un petit avion de los Angeles, atteint la Vallée de la Mort où il approche l'amour idéal.

Moderne Icare qui tente d'échapper au labyrinthe du mode de vie sclérosé de ses parents, il se brOie les ailes.

Point limite zéro (1971) Ce film de Richard Sarafian évoque à la fois Easy Rider par sa traversée d'une Amérique livrée à l'ordre policier et le très urbain Bu/litt (1968), de Peter Yates .

pour les poursuites en voiture.

M«•d••,; dru roiu (1971) Filmée par Monte Hellman, la rencontre improbable de trois jeunes un peu perdus et d 'un quadragénaire mythomane.

Une course s'engage : le premier gagnera la voiture de l'autre ...

D ' une génération à l'autre, aucun personnage n'est épargné dans cette histoire , encore une, de la dégradation du rêve américain , pris dans une fascination sans ame pour les moteurs et les machines.

L'image de fin est restée célèbre : la pellicule même du film se consume .

L'lpour•nt•ll (1973) Ce très beau film (Palme d'or à Cannes) de Jerry Schatzberg met en scène deux hom•s,; /11 dérilfe errant dans des banlieues industrielles qui composent l'envers du paysage américain : un monde de laideur , sans issue, à l'Image du destin de deux personnages qui n'arriveront pas, malgré leurs efforts , à s ' en sortir.

Sans racines , sans avenir , ils sont prisonniers d'un présent dont la route devient l'image.

Lll B11/11de S.IIVIIfe (1973) Terrence Malick s'Inspire d'une histoire vraie pour raconter une dérive qui finit en folie meurtrière .

Une adolescente l' 1 '~ .

(Sissy Spacek) veut s'enfuir de chez son père , un jeune homme (Martin Sheen) veut partir avec elle.

Le père de la jeune fille s'Interpose et il est tué; les deux jeunes gens se lancent alors dans une fuite éperdue et sanglante , qui consacre une nouvelle fois la dimension tragique du road movie .

la liberté associée à l'Image de la route est illusoire , celui qui s'aventure hors de la communauté est en danger .

Mais, et c'est là toute la force de ce film, on voit bien qu'il n'est pas possible non plus de rester au sein de la communauté : c'est dans cette conjonction de deux impossibilités que gît la tragédie .

Rood Marie (1974) Plus léger dans la destinée des personnages, ce film de Joseph Strick est remarquable dans le traitement du paysage.

Deux camionneurs et une auto­ stoppeuse traversent une Amérique dont la laideur et la désolation sont à l'image des vies ratées des personnages : zones rurales ou industrielles , minables parcs d'attractions, petites villes en proie au chômage, publicités, néons et camions .

Il n'y a dans cette Amérique plus rien à raconter, juste des fragments de vie épars et des choses à voir.

La route passe , traverse sans s'arrêter, car à quoi bon s'arrêter? Rien n'en vaut la peine.

Ainsi ce film qui clôt la série des grands road movies classiques, jusqu 'à résumer le genre en en faisant son titre, se détourne-t -il d'une tradition de tragique et d 'épreuve (course , poursuite, cavale), pour faire de la route un simple passage .

le road movie ainsi rendu à sa dimension documentaire évoque curieusement cette définition du roman par Stendhal : un miroir que l'on promène le long d 'une route .

s,., .• Express (1974) Steven Spielberg décrit la cavale d'un prisonnier évadé et de sa femme, cherchant à récupérer leur fils et perçus malgré eux comme les héros d'une chevauchée fantastique automobile .

EXPÉRIMENTATIONS Le très net air de famille des premiers road movies , qui mettent en scène des esprits libertaires avides de mouvement et rattrapés par l'ordre policier d'un pays conservateur , s'estompe à mesure qu'après 1975 le genre sert de support à des auteurs et à des œuvres plus variées, entre expérimentation formelle et succès populaires.

Alice d•ns les ri/les (1973) Ce film de l'Allemand Wim Wenders (qui donne dans la même veine Au fil du temps, en 1976) se passe en Europe, mais sur le Vieux Continent plane l'ombre de l'Amérique des premiers road movies.

C'est en effet en rentrant des États-Unis que le personnage principal rencontre une femme qui lui confie la petite Allee pour qu'ilia conduise à Amsterdam .

Histoire d'un rendez-vous manqué qui permet d'autres rencontres, ce beau film traite l'espace européen à la façon des road movies américains , jouant sur l'étrangeté et l'errance.

Les Rendez-vous d'Anno (1978) Dans le même registre du cinéma d'auteur , Chantal Akerman montre une jeune réalisatrice qui voyage d'Allemagne en France , en passant par la Belgique .

Des aventures sans lendemain scandent cette errance autobiographique, transposant dans l'univers ferroviaire ce que les personnages américains vivraient en autobus ou en voiture .

Hollkytonk Mon (1982) C'est l'un des premiers films de Clint Eastwood, avec un héros gominé qui traverse le Midwest dans une décapotable rouge .

De l'Oklahoma à Nashville, la route légendaire des Grandes Plaines est aussi celle de l 'autodestruction d'un homme qui s'est rêvé star et connaît la déchéance .

Roin Mon (1988) Avec ce succès de box-office, Barry Levinson donne une variation heureuse , sur un genre souvent associé à des histoires tragiques .

Déshérité au profit d'un frère autiste (Dustin Hoffman) , un jeune homme (Tom Cru ise) tente d'enlever celu i-. »

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