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Violence, mort et guerre dans La Règle du jeu

Publié le 14/08/2014

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L'étude de ces trois thèmes permet d'aborder un aspect du film, qui, à la première vision, apparaît en retrait. Le scénario, en effet, évoque a priori un film léger aux références théâtrales multiples. Pourtant, sous ses aspects frivoles, derrière une simple description d'aventures sentimentales réunissant dans un château de grands bourgeois et des domestiques, la violence, la mort et l'idée de la guerre sont omniprésentes. Ce décalage entre le premier plan apparent du discours du cinéaste et sa motivation réelle met finalement en relief les thèmes de la violence (verbale et physique), de la mort (annoncée et provoquée) et de l'idée de guerre (évoquée implicitement par Renoir)

LA VIOLENCE

La grande bourgeoisie représentée dans ce film fait grand cas des convenances, du savoir-vivre. L'atmosphère qui règne au château se veut courtoise et aimable. Pourtant, du sous-sol aux chambres, en englobant le domaine autour du château, la violence est présente et se voit avivée par tous les personnages principaux. Elle est représentée à l'écran sous deux aspects : une violence verbale sous forme d'injures et de menaces, et une violence physique.

La violence verbale

Les premiers moments au château sont d'emblée placés sous le signe d'une grande violence. Dès son arrivée à La Colinière, La Chesnaye s'étonne des coups de feu tirés. On lui répond que les employés procèdent à «la destruction de lapins«. Le choix du mot «destruction« évoque un abattage systématique et massif d'animaux

« nuisibles.

Cette expression annonce ainsi la partie de chasse, qui sera un véritable carnage.

Le «massacre» continue avec l'anecdote narrée par le Général.

Celui-ci rit de l'histoire d'un chasseur qui, ayant mal chargé son fusil, a eu la cuisse arrachée en tirant un coup de feu.

Il ajoute, amusé : «Il est mort en vingt minutes».

Or cet homme est mort dans des conditions affreuses, difficilement imaginables.

La violence verbale apparaît aussi dans l'antisémitisme évident exprimé par l'un des personnages du film.

Renoir avait déjà abordé ce sujet sulfureux dans un passage célèbre de La Grande Illusion où, sous le coup de la colère, Maréchal avouait à Rosenthal son aversion des juifs.

Dans La Règle du jeu, seule la séquence dans la cuisine met en scène un personnage ouvertement antisémite.

Un des domestiques, en effet, évoque les origines de La Chesnaye et sa judaïté.

Énoncés calmement, ses propos glaçants sous-entendent une haine envers les juifs, qu'affichaient impunément à l'époque des membres de toutes les classes sociales : des ouvriers aux riches industriels en passant par les artistes et les hommes politiques.

Mais, face à ces propos violents envers les juifs, Lisette et surtout le cuisinier opposent un discours modéré et lucide.

Tout film est le produit et le révélateur de son contexte historique.

La Règle du jeu comporte ainsi des attitudes et des réflexions reflétant son époque.

La France des années 30 a connu une haine xénophobe et antisémite virulente dont les journaux, les ouvrages et, dans une moindre mesure, les films d'alors ont souvent été les supports.

Le personnage apparemment le plus violent dans ses propos est le garde-chasse Schumacher qui apparaît souvent le fusil à l'épaule.

Il est interprété par Gaston Modot, très à l'aise dans ces rôles de dur, aidé en cela par un physique et une attitude rigides, qui le font tenir «droit dans ses bottes» tout au long du film.

Marié à Lisette, il n'hésite pas à menacer de mort Marceau le braconnier qui essaie de séduire son épouse.

Schumacher menace, injurie, se bat et finalement tue, n'hésitant pas, ainsi, à passer à l'acte et à transformer la violence verbale en violence physique.

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