Cibi condimentum esse famem
Publié le 15/02/2022
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Cibi condi,nent11111 esse fa111e111
La faim sert de condiment à la nourriture
Cet énoncé gnomique est attribué à Socrate par Cicéron (De finibus,
2..
28, 90) et le même motif est repris dans les Tusculanae disputationes, cf.
5, 32, 90; S, 34, 97 ; dans ce dernier passage, Cicéron illustre
la fc,1111ule par quelques exemples : celui de Darius en fuite qui fut
contraint de boire de l'eau trouble contaminée par des cadavres mais
qui affi111,ait ne jamais en avoir bue de meilleure, ou celui d'un certain
Ptolémée d'Egypte (peut-être Ptolémée 1er Sôter, fils de Lagos, qui
affamé et épuisé mangea du pain sec en assurant qu'il s'agissait du pain
le plus délicieux de tous ceux qu'il avait goûtés, ou encore celui de
Socrate qui avant de passer à table faisait une promenade pour aiguiser
son appétit.
L'expression d'Horace leiunus raro stomachus vulgaria
temnit (n.
1405) peut être considérée comme un équivalent de cette formule; Sénèque (Ep..
123, 2) affi,111~ que lorsqu'on a faim, le pain n'est
ni bon ni mauvais, car on attend avant tout qu'il remplisse le ventre, et
non qu'il ait bon goût.
Il existe plusieurs précédents en grec :
Xénophon (Mémorables, l, 3, 5) affi1111e à propos de Socrate que>, T~v ÈTTt8uµ(av Toû a( Tou o~ov aÙT(f)
Etvat (le motif est ensuite repris par Porphyrius, De abstinentia, 3, 26,
8); cf.
aussi Xénophon (Cyropédie, I, 5, 12); Antiphane (fr.
286 K.-A.)
et Athénée (4, l 57e ).
Signalons également la variante expressive : Aayci,
TTELVWVTL Kal wAaKoûvTe~ ELS oûKa, >, rapporté par la Souda (À 28, et qu'Erasme
traduira par lepori esurienti etiam placentae fici [Adagio., 3, 6, 54]) et
la fo11111.1le en latin tardif Dulcem rem fabas facit esuries tibi crodas,
(Walther 6347 ; cf.
aussi 14588 ; 14622 ; 15384, l ; 20380).
On lit également un parallèle dans le livre des Proverbes vétérotestamentaires
(27, 7) qui dans la version de la Vulgate, de même que dans celle des
Septante, affi,111~ que >,
Anima saturata calcabit favum anima esuriens et amarum pro du/ce
sumet et qui devait avoir à l'origine une signification très concrète et
non spirituelle.
On retrouve au Moyen-Age la fùt111ule de Cicéron dans
le De spiritali amicitia d'Aelred de Rievaulx (2, 16), de même que
chez Bernard de Clairvaux, mais avec quelques légères modifications
(Ep .• I, 11 ; cf.
aussi le recueil anonyme Flores seu sententiae ex
S.
Bernardo, Pl 181, 1199a) qui afti1111e lui aussi que le meilleur des
condiments c'est le sel et la faim, sa/ cum fame, ce que redit Conrad
d'Eberbach (Exordium magnum, 3, 11 ), tandis que lohannes de
Caulibus (Meditationes vitae Christi, 44) lui préfère la variante sa/
cum pane etfame.
Un des lemmes d'Erasme (Adagia, 2, 7, 69) affirme
que la faim est le meilleur des condiments, Optimum condimentum
_fames et nos langues modernes utilisent encore des expressions similaires: cf.
en français// n'est de sauce que d'appétit - qui existe dans
toutes les langues européennes (cf.
Lacerda-Abreu 324; Mota 132;
Arthaber 481) ; en italien La fame condisce tutie le vivande et
l 'appetito non vuol salsa (cf.
dans la région de Bologne le proverbe Al
miour companàdg l 'é la /am ; cf.
aussi Schwamenthal-Straniero 2592 ;
2594).
ou lafame è il mig/iorcuoco che vi sia (qui existait déjà en latin
- Fame~t est otimus coquus - ainsi qu'en latin médiéval : Esuriens 1tomachus fertur coquus optimus esse [Walther 8065 ; cf.
aussi 8068))
- cette fonnule existant aussi en allemand, en russe, en anglais et aylllt
généré de nombreuses variantes dans les dialectes ital;e,g
(cf.
Schwamenthal-Straniero 2595).
n.
»
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