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Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit la Commune parce qu’ils n’ont pas écrit une ligne pour l’empêcher. Jean-Paul Sartre

Publié le 15/09/2015

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flaubert

SARTRE ///

«Nous écrivons pour nos contemporains, nous ne voulons pas regarder notre monde avec des yeux futurs, ce serait le plus sûr moyen de le tuer, mais avec nos yeux de chair, avec nos vrais yeux périssables. Nous ne souhaitons pas gagner notre procès en appel et nous n’avons que faire d’une réhabilitation posthume : c’est ici même et de notre vivant que les procès se gagnent ou se perdent. »

« L’écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements. Chaque silence aussi. Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit la Commune parce qu’ils n’ont pas écrit une ligne pour l’empêcher. Ce n’était pas leur affaire, dira-t-on. Mais le procès de Calas, était-ce l’affaire de Voltaire ? La condamnation de Dreyfus, était-ce l’affaire de Zola? L’administration du Congo, était-ce l’affaire de Gide?»

« J’ai perdu bien des illusions littéraires : que la littérature ait une valeur absolue, qu’elle puisse sauver un homme ou simplement changer des hommes (sauf en des circonstances spéciales), tout cela me paraît aujourd’hui périmé : l’écrivain continue à écrire, une fois ces illusions perdues, parce qu’il a, comme disent les psychanalystes, tout investi dans l’écriture. Comme on continue à vivre avec des gens auxquels on ne tient plus, auxquels on tient autrement : parce que c’est la famille. Mais il me reste une conviction, une seule, dont je ne démordrai pas : écrire est un besoin pour chacun. C’est la forme la plus haute du besoin de communication. »

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« Case For a Responsible Literature ».

L'article sera repris en 1948 en tête du second volume des Situations de Sartre: Qu'est-ce que la littérature? (Gallimard, Folio-Essais).

Sartre s'y livre à un vigoureux plaidoyer en faveur de la littérature engagée.

Du coup, il dénonce ceux des grands écrivains du passé qui se sont soustraits à leur responsabilité historique et ont préféré fermer les yeux sur les injustices de leur temps.

Gustave Flaubert et Edmond de Goncourt sont ainsi mis en accusation.

Contemporains du soulèvement populaire de la Com­ mune de Paris en 1871 et de son écrasement sanglant par les forces dépêchées par le pouvoir conservateur, ces deux romanciers sont restés silencieux quand ils n'ont pas manifesté leur soulagement.

Leur silence, en soi, affirme Sartre, les rend coupables : «L'écrivain est en situation dans son époque: chaque parole a des retentissements.

Chaque silence aussi.

Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit la Commune parce qu'ils n'ont pas écrit une ligne pour l'empêcher.

Ce n'était pas leur affaire, dira-t-on.

Mais le procès de Calas, était-ce l'affaire de Voltaire ? La condamnation de Dreyfus, était-ce l'affaire de Zola? L'administration du Congo, était-ce l'affaire de Gide?» ....

La « Présentation des Temps modernes)) de Sartre est un véritable manifeste.

Les contemporains ne s'y sont d'ailleurs pas trompés.

Sartre avec fougue déve­ loppe sa conception de la littérature au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

La démonstration ne va pas sans raccourcis et amalgames, mais chaque paragraphe fait mouche.

Pour Sartre, il s'agit d'en finir avec la «tentation de 1 'irresponsabilité>> à laquelle ont toujours cédé les écri­ vains de la bourgeoisie.

Théoriciens de l'Art pour l'Art ou réalistes, ceux-ci se rêvaient en dehors de l'histoire. »

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