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"L'existence est le récif sur lequel la pensée pure fait naufrage." Kierkegaard, Post-scriptum aux miettes philosophiques. Commentez cette citation. ?

Publié le 29/08/2009

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kierkegaard

L'existence ne peut pas facilement se penser. On ne peut pas vraiment dire ce qu'elle est, car c'est peu de dire qu'exister, c'est être dans le monde, car alors tous les objets, en un sens, existeraient. Le vrai problème, c'est l'existence humaine, qu'on appelle parfois aussi la vie, la destinée. Dire ce qu'est exister vraiment ne relève pas de la pensée purement discursive car l'existence ne se réduit pas au concept.

 

Peut-on penser l’existence ? Ce sentiment profond d’exister est-il appréhendable à travers la logique rationnelle par lequel la pensée tend à vouloir tout connaître ? Pour le dire autrement, l’existence peut-elle se réduire à la pensée ou bien marque-t-elle les bornes d’une pensée finie incapable de ressaisir adéquatement le sentiment d’existence ?

 

 

kierkegaard

« pas · De la logique à l'existence, il n'a pas de passage que la pensée puisse emprunter.

Et c'est bien en ce sens que la pensée pure fait naufrage sur ce récif que constitue l'existence. · Ainsi, Kant , dans la Critique de la Raison Pure , critique cet argument, en réponse directe à Descartes, qui avait maintenu, dans sa version de cet argument ( Méditations métaphysiques ), que de même qu'il est impossible de penser un triangle sans trois faces et un angle, de la même manière, il est impossible de penserDieu sans affirmer son existence nécessaire.

Qu'une chose soit, en effet, possible et même logiquementnécessaire ne prouve pas encore qu'elle existe.

Que la somme des angles d'un triangle soit nécessairementégale à deux droits n'indique en rien la nécessité que tel ou tel triangle existe, ni même qu'aucun trianglen'existe. · C'est pourtant cet abîme que l'argument ontologique prétend franchir en posant le concept d'un Etre nécessaire ou Dieu, dont l'essence envelopperait nécessairement l'existence.

Aucune définition, aussi parfaiteou complète soit-elle, faut-elle celle de Dieu, ne permet de passer à l'existence.

Que Dieu soit possible, queson existence ne renferme aucune contradiction ne prouve pas qu'il existe.

L'existence ne peut pas sedéduire comme peuvent se déduire les propriétés d'un triangle à partir de sa définition. · Autrement dit, l'existence ne se prouve pas, elle s'éprouve.

La pensée échoue par conséquent à en fonder la nécessité.

L'existence apparaît alors comme une limite au pouvoir de penser lui-même et comme ce qui, ausens propre, est impensable.

(Dialectique transcendantale, L'idéal de la raison pure, 4 e section « de l'impossibilité d'un preuve ontologique). · La seule raison, au moyen de preuves logiques, est incapable à elle seule de prouver nécessairement l'existence de Dieu.

Dès lors, un tel terme semble non justifier en droit.

La pensée doit donc avouée ici soninfirmité : en face de l'existence, celle-ci est impuissante ? Mais pourquoi donc ? Quelle est cette nature del'existence insaisissable à la pensée ? · En réalité l'existence est mouvement, création continue d'irréductible nouveauté comme le montre Bergson dans La Pensée et le Mouvant .

« Pour un être conscient, exister consiste à changer, changer à se mûrir, se mûrir à se créer indéfiniment soi-même.

» L'existence est mouvement et en ce sens ne se séparejamais vraiment du mouvement de la pensée lui-même : elle ne saurait être une notion ni un conceptdéterminable sur lequel la pensée s'arrêterait puisqu'elle est ce mouvement même de la pensée.

Exister etpenser sont donc corrélatifs, comme les deux facettes d'une seule et même médaille que l'on ne pourraitdissocier l'une de l'autre sans en rendre compte de manière inadéquate et inauthentique. · En réalité, pour ressaisir l'authenticité de la conscience et le lien originel qu'elle tisse avec le monde, il faut la surprendre en amont de toute activité intellectuelle, au moment de son éveil, lorsque nous reprenonsnos esprits.

Rousseau retrace ainsi dans la Deuxièmes promenade ( Rêveries du promeneur solitaire ) l'expérience de la conscience à l'état naissant lorsque, après un bref évanouissement consécutif à unaccident, il revient lentement à lui.

Vouloir penser l'existence comme une concept objectif, c'est doncl'arrêter, la figer, et a fortiori l'anéantir puisqu'elle n'est telle que dans et par le mouvement d'expansion de laconscience qui naît et se déploie dans le monde.

La rêverie est à dans cette perspective un de ces momentsprivilégiés où le présent est vécu pour lui-même.

Cette plénitude du présent est simultanément sentiment del'existence, et jouissance du seul véritable bonheur : celui que l'on puise en soi. · Autrement dit, lorsque Kierkegaard se demande ce que signifie pour un homme exister , il cherche à montre que l'esprit de système que développent les « penseurs abstraits » se condamne à parler de l'hommeen général sans jamais retrouver la vie de l'individu dans sa concrétude.

C'est bien en ce sens qu'il fautcomprendre que « l'existence est le récif sur lequel la pensée pure fait naufrage » : pour ressaisir un telsentiment dans son authenticité, il faut se placer au niveau infra-intellectuel afin de sentir l'irréductiblesubjectivité d'un tel sentiment. III. Penser et exister : la difficulté d'être un sujet · Si l'existence ne résulte d'aucune nécessité, si l'espoir d'en fonder l'intelligibilité dans un autre monde ou en un Dieu logiquement nécessaire est ruiné, rien ne peut la sauver d'une contingence radicale.

Lacontingence de l'existence renvoie à la gratuité, au pur don, mais aussi, on le voit, à la précarité. · Ainsi, pour Schopenhauer , (Le Monde comme volonté et comme Représentation ) toute existence est menacée, parce qu'elle s'inscrit dans le devenir et la temporalité et livrée au temps, l'existence rencontre lamort, comme son horizon.

C'est parce que la mort est cet horizon que l'existence devient pour l'homme unproblème. · L'exigence d'un sens témoigne de la nullité, pour l'homme, d'une existence tout entière rabattue sur la tâche animale de vivre.

Chercher ou donner un sens à sa vie suppose que l'homme soit capable de serapporter à des fins, proches ou lointaines, et par conséquent qu'il soit ouvert à la dimension temporelle del'avenir.

La mort est donc bien plus qu'un simple événement biologique.

La mort comme donnée objectivesans cesse confirmée.

Mais déjà la mort d'autrui annonce ce que chacun pressent pour soi : le caractèrepropre et unique de chaque existence.

Pourtant, aussi dure soit-elle, la mort d'autrui reste toujours attachéeau domaine de l'objectivité : elle est constaté, éprouvée.

Il en va tout autrement pour ce qui est de mapropre mort : elle ne peut jamais constituer pour le moi un événement dont je sois le témoin.

C'est cetteimpossibilité absolue d'occuper sur mon existence un autre point de vue que le mien qui me constitue ensujet et fait de la subjectivité la catégorie même de l'existence.

Exister, c'est d'abord être un sujet.

Aucunsystème philosophique ou religieux ne peut me dispenser d'avoir à assumer la responsabilité de monexistence. · C'est sur cette responsabilité que l'existentialisme met l'accent.

On peut le comprendre à partir de cette formule de Sartre : « l'existence précède l'essence ».

Dire que l'existence précède l'essence, c'est dire que l'homme existe d'abord et qu'il se définit ensuite.. »

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