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"L'homme est un animal sociable qui déteste ses semblables." DELACROIX. Commentez cette citation. ?

Publié le 17/01/2022

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Les êtres humains ne peuvent vivre en dehors de l'état de société. C'est le sens qu'il faut donner à la célèbre formule d'Aristote : "l'homme est un animal politique". Mais si la société produit l'homme et l'homme engendre la société, il n'en est pas moins vrai que les humains ont un désir d'indépendance qui peut les rendre farouches, violents, misanthropes. La vie en société suppose donc la recherche d'un équilibre entre le confort et la sécurité et le désir légitime d'autonomie au coeur de chaque homme.

    Définir l'homme comme un animal sociable c'est dire qu'il vit au sein d'un groupe, en société et qu'il a par conséquent dépasser le simple stade animal ou plus exactement qu'il ne vit plus dans un état de nature mais bien dans un état civil. Cependant, autrui est toujours un obstacle à ma volonté, il est un frein à mes envies et surtout à la liberté naturelle. Dès lors je n'entretiens souvent avec autrui d'un lien d'intérêt qui se manifeste notamment par l'échange économique. Je suis en société non pas par amour de la présence de l'autre, mais bien pour maximiser mon intérêt. Dès lors, on peut effectivement définir l'homme comme le fait Delacroix comme « un animal sociable qui déteste ses semblables. Ainsi l'intérêt serait à l'origine de ma sociabilité expliquant le fondement de ma sociabilité (1ère partie), définissant alors ce que l'on pourrait appeler une insociable sociabilité (2nd partie) qui n'est cependant un concept négatif mais qu'il faut plutôt ressaisir dans toute sa positivité (3ème partie).

« a) Or c'est bien cette insociable sociabilité que la quatrième proposition de l'Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique de Kant datant de 1784 met en exergue.

Dans cet opuscule Kant développe l'une des premières grandes théories de l'histoire où il s'agit de dépasser le simple statut de l'individu en vue de définir desrégularités remarquables pouvant nous montrer un but de l'histoire ou une orientation.

Or c'est bien ce qu'indique letitre avec le terme d'Idée qui chez Kant a un usage régulateur depuis la Critique de la raison pure de 1781.

Dans les trois précédentes propositions Kant a montré que toutes les dispositions naturelles d'une créature sont destinées à se développer un jour complètement et en raison d'une fin, que chez l'homme (en tant qu'il est la seule créatureraisonnable sur terre), les dispositions naturelles, dont la destination est l'usage de la raison, devaient se développerseulement dans l'espèce, pas dans l'individu ; enfin, la nature a voulu que l'homme tire entièrement de lui-même cequi va au-delà de l'agencement mécanique de son existence animale, et qu'il ne participe à aucune autre félicité ouà aucune autre perfection, que celles qu'il s'est procurées lui-même par la raison, en tant qu'affranchi de l'instinct.Ainsi, pense-t-on souvent que la société a pour but de limiter ou de corriger les inclinations sensibles et les désirspassionnels des individus.

Mais on oublie que ces inclinations sont à l'origine de l'association des hommes entre eux.L'homme est naturellement tenté de s'isoler, de cultiver sa propre singularité, d'être égoïste.

Comment comprendrealors le double statut qui habite l'homme c'est-à-dire à la fois cette volonté de vivre ensemble et de s'isoler ? : « Lemoyen dont se sert la nature pour mener à bien le développement de toutes ses dispositions est leur « antagonisme» dans la Société, pour autant que celui-ci se révèle être cependant en fin de compte la cause d'un ordre légal decelle-ci.

J'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire leur tendance à entrer ensociété, tendance cependant liée à une constante résistance à le faire qui menace sans cesse de scinder cettesociété.

Cette disposition réside manifestement dans la nature humaine ».

La nature n'est pas simplement le donnédans lequel l'homme s'inscrit mais bien un acteur de l'histoire.

En effet, la nature use de moyens, et plus exactementd'un moyen qui est l'antagonisme des hommes dans la société.

Dire que la nature use d'un moyen et d'un seul c'estdire que la nature use de raison ou plus exactement développe une économie de ses moyens en vue de la perfectionde l'homme, de son entrée dans la société et la culture.

Il n'y a donc pas lieu d'opposer la nature et la cultureradicalement, puisque la nature veut la culture en tant qu'elle se développe au sein d'une société dont la natureparticipe pleinement au développement.b) Le moyen dont se sert la nature pour développer pleinement les capacités de l'homme, selon Kant , c'est-à-dire le contraindre à en user puisqu'il revient à l'homme de faire l'effort seul de se perfection et de développer toutes lescapacités de l'espèce bien qu'un seul individu ne puisse à lui tout seul maximiser les dispositions naturelles, est doncl'antagonisme dans la société.

Plus simplement, il faut bien voir que l'homme ici se situe déjà dans le champ social etcivil de la cité.

Il n'est pas seul dans la nature.

L'antagonisme vient de la liberté naturelle de l'homme, c'est-à-dired'une certaine manière de son égoïsme, de son penchant à vouloir tout pour lui, c'est-à-dire à promouvoir sonindividualité.

L'antagonisme né donc de l'opposition des instincts ou passions, c'est-à-dire des aspirations del'homme.

A première vue, il semblerait que l'antagonisme produise le désordre, c'est-à-dire le tumulte des passionsce qui reviendrait à une critique classique du désir comme fossoyeur du lien civil et annonce de la mort de la notionde chose publique.

Or justement, Kant innove ici en montrant que ce désordre apparaît du point de vue de l'individupermet en fait de produire un ordre dans la nature.c) En effet, le moyen dont se sert la nature repose sur le paradoxe de la nature humaine à savoir la volonté ou lanécessité de vivre en groupe afin de pallier ses besoins et la volonté d'indépendance et de liberté naturelle de sesderniers.

C'est en ce sens que Kant parle d'insociable sociabilité : paradoxe s'il en est mais paradoxe apparent finalement.

L'ordre légal qui est ainsi crée c'est la cité, l'Etat, c'est-à-dire la constitution.

De ce point de vue, onpeut dire que la pensée kantienne fait référence à une lecture smithienne du « laisser-faire » et promeut en ce sensla liberté de l'individu.

L'homme est donc partagé entre deux tendances : s'unir et de dissocier.

Il s'agit bien ici d'uneconstance, c'est-à-dire d'une loi de la nature en l'homme.

Ainsi la nature use-t-elle d'un moyen efficace etéconomique afin de pousser l'homme à se développer et à pleinement se cultivé en vue de la fin de sa nature c'est-à-dire de sa perfection.

Il n'y a pas lieu d'opposer la nature et la culture ni à saisir l'homme comme un paradoxepuisque ces deux tendances lui sont naturelles et qu'elles sont les deux faces d'une même pièces.

Transition : Dès lors, il faut bien voir toute la positivité de cette insociable sociabilité de l'homme en tant qu'elle est le moteur del'histoire.

Elle est donc nécessaire et constitue un bien.

Cet antagonisme et cet égoïsme sont un bien pourl'humanité dans son ensemble.

III – Positivité de l'antagonisme, moteur de l'histoire a) En effet, Kant nous dit bien dans cette quatrième proposition de l' Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique que « L'homme possède une inclination à s'associer, car dans un tel état il se sent plus homme, c'est-à-dire ressent le développement de ses dispositions naturelles.

Mais il a aussi une forte tendance à sesingulariser (s'isoler), car il rencontre en même temps en lui-même ce caractère insociable qu'il a de vouloir toutdiriger seulement selon son point de vue ; par suite, il s'attend à des résistances de toute part, de même qu'il sesait lui-même enclin de son côté à résister aux autres.

Or, c'est cette résistance qui éveille toutes les forces del'homme, qui le conduit à surmonter sa tendance à la paresse et, sous l'impulsion de l'ambition, de la soif dedomination ou de la cupidité, à se tailler un rang parmi ses compagnons qu'il supporte peu volontiers, mais dont il nepeut pourtant pas non plus se passer.

Or c'est précisément là que s'effectuent véritablement les premiers pas quimènent de l'état brut à la culture, laquelle réside au fond dans la valeur sociale de l'homme ».

La ruse de la naturese comprend donc comme une double tendance, c'est-à-dire un double principe inhérente à la nature propre de. »

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