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Meurs et deviens ! Goethe

Publié le 22/02/2012

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goethe
? Le Divan occidental-oriental (1819) est un recueil de poèmes écrits par Goethe après le choc reçu à la lecture d'un recueil de poèmes intitulé Le Divan dû au poète persan Hâfiz (xive siècle). Ce recueil contient un poème de quelques strophes, « Nostalgie bienheureuse », où se trouve la célèbre formule «Meurs et deviens ! »: «Ne le dites à nul autre qu'au sage, Car la foule est prompte à railler : Je veux louer le Vivant Qui aspire à la mort dans la flamme. Dans la fraîcheur des nuits d'amour Où tu reçus la vie, où tu la donnas, Te saisit un sentiment étrange Quand luit le flambeau silencieux. Tu ne restes plus enfermé Dans l'ombre ténébreuse, Et un désir nouveau t'entraîne Vers un plus haut hyménée. Nulle distance ne te rebute, Tu accours en volant, fasciné, Et enfin, amant de la lumière, Te voilà, ô papillon, consumé. Et tant que tu n'as pas compris Ce : Meurs et deviens ! Tu n'es qu'un hôte obscur Sur la terre ténébreuse. »
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« de Goethe sur la formation d'un individu.

A ses yeux, cette formation s'opère sous la forme de crises successives.De même qu'un serpent change de peau, l'être humain doit parfois tuer en lui quelque chose pour qu'autre chosevienne au jour.

Les affirmations de Goethe sur ce point sont nombreuses.

Ainsi, dans les Conversations avecEckermann, à la date du 3 mars 1831, il dit à son interlocuteur :«La vie humaine comporte différentes étapes par lesquelles l'homme doit passer et chacune de ces étapes a sesvertus et ses défauts qui, à l'époque où ils se manifestent doivent être considérés comme conformes à la nature etsont en quelque sorte justifiés.

Au degré suivant, l'homme est devenu un autre ; il n'y a plus trace en lui de sespremières vertus et de ses vices ; mais d'autres habitudes bonnes ou mauvaises ont pris leur place.

Et cela continueainsi jusqu'à ce que l'homme arrive à sa dernière transformation, dont nous ne savons pas encore ce qu'elle nousréserve.

»Dans le Voyage en Italie, à la date du 22 mars, il écrit, à propos de ce voyage qui se veut une rupture : « Puissemon existence se développer suffisamment pour cela, la tige s'allonger et les fleurs jaillir plus nombreuses et plusbelles.

Certes, mieux vaudrait que je ne revienne plus si je ne puis revenir comme après une nouvelle naissance.

»Ses travaux sur les plantes et la lecture de la Bible lui ont appris que Tienne peut éclore « si le grain ne meurt ».A ces deux sens, métaphysique et psychologique, pourrait même s'ajouter un sens « historique » qui fait penser auxidées de Hegel sur le sens de l'histoire.

Dans les Conversations avec Eckermann (11 mars 1828), Goethe affirme :« En général, vous trouverez que vers le milieu de la vie d'un homme, souvent, il se produit un bouleversement.

Demême qu'en sa jeunesse tout lui était favorable et lui réussissait, brusquement alors tout change, et les échecs etles malheurs ne font pour lui que se succéder.Mais savez-vous comment je l'envisage ? C'est que l'homme doit à nouveau être détruit ! — Tout hommeextraordinaire a une certaine mission qu'il est appelé à remplir.

Dès qu'il l'a remplie, sa présence sous cette formen'est plus nécessaire, et la Providence l'emploie à nouveau pour quelque autre fin.

[...]Ainsi en fut-il de Napoléon et de tant d'autres.

Mozart mourut à trente-six ans, Raphaël au même âge.

Byron guèreplus tard.

Mais tous avaient rempli leur mission, et il était temps qu'ils s'en allassent, afin qu'il restât aussi auxautres quelque chose à faire en ce monde...

»Napoléon, Mozart, Byron sont des moments de l'histoire qui ont leur rôle mais qui doivent être dépassés comme lebourgeon est dépassé par la fleur et la fleur par le fruit.

Le sens le plus vivant de la formule semble bien être le sens psychologique et cela d'autant plus que la vie deGoethe lui-même nous donne des exemples de ces crises nécessaires à la régénération de l'être.

Le voyage en Italieest une véritable fuite qui lui permet d'échapper à l'atmosphère étouffante de Weimar.

La rencontre de la poésieorientale et spécialement celle du Divan de Hâfiz, correspond à ce que Goethe appelle lui-même une secondepuberté.Pour Goethe l'individu doit réaliser sa nature.

«Deviens ce que tu es» reste son mot d'ordre.

Cette réalisationimplique des luttes, des destructions et des renaissances, mais débouche sur une vie plus large et plus pleine.

Il nes'agit pas d'apprendre, mais de devenir.

Il faut développer sa personnalité.

Si par la suite, on a la possibilité de fairequelque chose — dans la création ou l'action sociale —, cela n'aura été possible que parce qu'on s'est d'abordpréoccupé d'être.Ceux qui sont familiers de l'oeuvre de Gide auront déjà compris le lien étroit qui unit sa pensée à celle de Goethe.Chez ces deux auteurs, le même souci d'une authenticité consistant à ne pas se laisser cristalliser par la routine, lamême préoccupation de rester intellectuellement et moralement vivant en ne sacrifiant pas l'être au paraître, lamême conviction que, dans tous les domaines, on ne peut faire si l'on n'est pas au préalable devenu quelque chose.L'un et l'autre ont fait leur la devise de Faust : « Celui-là seul mérite la liberté et la vie qui doit chaque jour lesconquérir.

». »

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