Paul Morand : « L'homme résistera-t-il à l'accroissement formidable de puissance dont la science moderne l'a doté ou se détruira-t-il en la maniant ? […] Ou bien l'homme sera-t-il assez spirituel pour savoir se servir de sa force nouvelle ? »
Publié le 05/07/2012
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Mais aujourd’hui, nous en sommes conscients sans pour autant prendre les mesures nécessaires. Facteur aggravant : pour aller plus vite, nous avons tous besoin de voitures ; au sein d’une même famille de quatre personnes, on peut compter jusqu’à trois ou quatre véhicules. La pollution ne peut qu’augmenter et la qualité de l’air s’en ressentir. Plus grave, la multiplication des moyens de transport a participé à l’augmentation de l’effet de serre, c’est désormais à vue d’oeil que diminue la calotte glaciaire. Enfin, cela ne risque pas de s’atténuer car aucun protocole international n’est entériné par les Etats-Unis qui refusent de reconnaître une planète en danger. Faut-il attendre l’épuisement des stocks énergétiques pour réagir et repenser notre rapport actuel à notre planète ? C’est pourtant bien la leçon que nous devrions tirer de cette agitation : à nous d’inventer une solution à la mesure de l’homme.

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libérant du temps de cuisiner? Les besoins de transmission des données justifient-elles cette prise de risque ? Quelle solution pourra-t-on adopter si la science invalideces progrès technologiques ? Et concernant la nature, comment passer d'un modèle de société qui la pense comme un stock inépuisable à celui d'une civilisationsoucieuse d'équilibre, de préservation ? C'est bien une réflexion profonde, une remise en cause de nous-mêmes, de nos actions et motivations en chacun de nous qu'ilfaut initier afin de distinguer l'utile du superficiel, ce qui est maîtrisable ou non.De fait, les solutions seront certainement complexes et cela ne se fera pas sans résignation, déchirements ou regrets.
Il nousfaut apprendre à maîtriser notre puissance et en retirer une force plus positive.
Serons-nous assez spirituels pour cela comme le demandait Paul Morand ? Il faudraenvisager d'abord un meilleur usage des énergies.
Comment répartir la croissance équitablement ? Comment faire en sorte que le rythme le plus rapide d'évolution nesoit pas le miroir aux alouettes d'un monde qui s'épuise sans logique de préservation, sans respect de l'autre, de l'humain, sans spiritualité ? Il nous faudra être moinségoïstes, plus économes et solidaires.Sans être totalement négatifs sur la situation actuelle et son devenir, nous ne sommes plus dans l'optimisme béat descontemporains de Morand : il n'y a plus d'adhésion aveugle à ce modèle de vie occidental que nous avons évoqué.
Tout unchacun sait qu'en prenant sa voiture, qu'en utilisant les derniers gadgets technologiques, qu'en courant sans cesse contre letemps, nous ne nous sauvons pas.
À ce titre, le besoin de respirer se fait plus grand : les techniques de relaxations semultiplient.
Un dialogue Orient-Occident correspond à une demande récurrente de bien-être, une respiration, une harmonie qui fait de plus en plus défaut aujourd'huiest recherchée comme un luxe.
« Avoir du temps », voici davantage ce que semblent rechercher nos contemporains.
Les plus actifs, éprouvent le besoin inconnu jadisde prendre des vacances.
Parallèlement lebesoin d'un retour à la nature s'est développé de manière croissante tout au long du XXe siècle.
Est-ce une nostalgie d'avant ?une meilleure compréhension du monde ? Nous ressourcer, être bienveillant envers nous-mêmes et le monde n'est pas qu'une belle phrase mais c'est devenu unenécessité – déjà acceptée par certains qui ont compris que nous devons savoir consolider les bases, maîtriser, analyser, avant de développer sans fin.
Conclusion
En conclusion, Paul Morand avait bien raison de s'inquiéter il y a maintenant soixante ans sur le mouvement irrépressible lancé par l'homme.
Depuis, nous n'avonspas su être sages.
Même si nous avons retiré des bienfaits auxquels personne n'a envie de renoncer, malgré tout, en augmentant notre puissance sur la nature, nousavons tracé un cercle vicieux : tout nouveau progrès comporte des risques de déséquilibre voire des menaces qui pourraient être sans commune mesure avec ceuxencourus par les sociétés antérieures.
En effet, nous devons reconnaître que la vitesse représente un danger intrinsèque dont il faut tenir compte.
N'oublions pas quele mot « progrès » signifie étymologiquement « action d'avancer » : pourquoi alors ne pas prendre conscience qu'il implique un recul sur d'autres plans, ce qu'Apollinaire a traduit par« Toujours nous irons plus loin Sans avancer jamais » ?Apprenons à utiliser la vitesse, mais gardons notre propre rythme, « la pente de notre volonté ».
La course, l'accélération, le désir d'avancer voire de se surpasser sonttrès humains.
Le héros voyageur de La Fontaine est encore proche de nous..
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