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Charles de Gaulle par Jacques Freymond Directeur de l'Institut Universitaire de Hautes

Publié le 05/04/2015

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Charles de Gaulle par Jacques Freymond Directeur de l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève Le 18 juin 1940, les Français qui, la veille, avaient écouté le maréchal Pétain leur prêcher la résignation et l'acceptation de la défaite, entendirent un autre de leurs compatriotes qui, de Londres, leur tenait un tout autre langage : " Le dernier mot est-il dit ? leur criait-il. L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non. Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et qui vous dis que rien n'est perdu pour la France. " Et le lendemain retentissait un nouvel appel : " Devant la confusion des âmes françaises, devant la liquéfaction d'un gouvernement tombé sous la servitude ennemie, devant l'impossibilité de faire jouer nos institutions, moi, général de Gaulle, soldat et chef français, j'ai conscience de parler au nom de la France. Au nom de la France, je déclare formellement ce qui suit : Tout Français qui porte encore les armes a le devoir de continuer la résistance. " Un homme vient d'entrer sur la scène de l'Histoire. Un inconnu qui soudain parle au nom de la France que le maréchal Pétain affirme incarner. D'où vient ce général de brigade à qui Paul Reynaud a récemment confié le sous-secrétariat d'État à la Guerre ? Des mois se passeront avant que ses compatriotes ne saisissent que l'homme est à la dimension de l'événement parce qu'il s'y est préparé. Ce qui frappe, ce n'est pas tant sa carrière militaire que la continuité de sa réflexion et surtout, comme l'écrira un jour Malraux, le niveau auquel elle se situe. Charles de Gaulle n'a pas recherché le pouvoir. Il a médité sur son métier de chef. Officier de carrière, il a concentré son attention, par-delà les problèmes d'ordre tactique, sur les conditions de la sécurité de la France. Bien que son souci de faire connaître ses conceptions stratégiques l'ait incité à prendre contact avec des hommes politiques, il ne s'est pas engagé dans la politique. Mais ce soldat est un politique parce que sa réflexion stratégique s'inscrit dans un contexte politique, dans la perspective de l'histoire d'une nation, la sienne, d'un peuple qu'il connaît et auquel il est lié par cette idée qu'il s'est faite de la France à travers les lectures et dans la réflexion solitaire plus encore que par les contacts quotidiens. Pour de Gaulle comme pour Michelet, la France est une personne. Son devoir est de la servir. Or, en ce début de l'été 1940, alors que la France n'a perdu qu'une bataille, celle dont le théoricien de Gaulle avait prévu le déroulement et redouté le dénouement, les cadres politiques et militaires de la nation, cédant à l'intrigue, à la confusion et au désarroi, abandonnent le combat. " Si le président de la République, si le Parlement et ses chefs avaient appelé le pays à continuer la lutte, écrira-t-il à Roosevelt, je n'aurais même pas pensé à parler au pays ou en son nom... J'étais seul. Fallait-il me taire ? " Non, de Gaulle ne s'empare pas du pouvoir. Il ne chasse personne, mais, tout naturellement, dans la logique même d'une réflexion politique et d'une démarche intellectuelle qui s'insèrent dans la longue durée, il occupe la place laissée vide par la défaillance des élites. De Gaulle assume la France, des Capétiens à la Troisième République, la France des quarante rois qui la firent, celle de la Révolution qui poursuivit leur oeuvre, celle de l'Empire et des républiques. Il l'assume dans sa continuité historique, comme un tout qui englobe et dépasse les Français quels qu'ils soient. A des fléchissements momentanés, comme ceux que connaissent tous les peuples, il oppose une histoire, l'Histoire qui, prise en bloc, projette l'image de la grandeur. La vision du passé doit porter les Français à concevoir qu'ils peuvent aujourd'hui faire ensemble de grandes choses. Il s'élève contre les actes de contrition par lesquels la France de Vichy légitime son acceptation de la défaite. " Il est faux, dira-t-il, que notre peuple ait mérité d'être opprimé, pillé, déshonoré... Dans la balance où se pèsent le débit et le crédit des peuples, le poids de ses erreurs comptait peu par rapport à la somme de mérites et de vertus de la France. "&l...
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