Claus Sluter vers 1340-1406 C'est dans le Moyen Âge le plus authentique que l'art de Claus Sluter plonge ses racines.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
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détruite aujourd'hui ; tournée dans les Flandres en 1395 pour y acquérir la dalle noire du
tombeau.
Touché gravement par la maladie en 1399, il se remet pourtant, mais s'associe de
plus en plus son neveu Claus de Werwe qu'il a fait venir de Hollande en 1396.
Pour se
décharger des soucis matériels, il prend pension en 1404 à l'abbaye de Saint-Etienne,
proche de son atelier.
Mais ce n'est pas là retraite d'un homme épuisé : il continue de
diriger activement l' œ uvre du tombeau.
Aux derniers jours de janvier 1406, il meurt,
suivant de près son maître disparu depuis 1404.
La Révolution n'a pas réussi à nous priver de ses œ uvres essentielles.
Dans l'ancienne
Chartreuse dévastée, le portail de l'église est encore debout et s'il est, dans sa partie
générale, du dessin de l'architecte Drouet de Dammartin, la sculpture tout entière est de
Claus Sluter, même la Vierge du trumeau qu'il installe sous un nouveau dais dans le
courant de 1391.
Étonnante figure que cette Vierge qui semble, d'un mouvement vif et
presque dansant, vouloir échapper au pilier qui la retient.
Mais elle reste dans la tradition
du XIV esiècle : son attitude fortement hanchée, sa façon de porter l'Enfant sur la main
gauche étendue, de tenir dans la droite une tige de lys aujourd'hui brisée, tout cela est
conforme aux habitudes du siècle qui s'achève ; le vêtement même, en dépit d'une ampleur
toute nouvelle et singulièrement expressive, s'arrange selon les conventions de l'âge
précédent.
La Vierge reçoit l'hommage du duc et de la duchesse agenouillés, présentés par
saint Jean-Baptiste et sainte Catherine.
Si grands qu'ils soient dans le monde, les voici l'un
et l'autre humbles, à genoux, les mains jointes, et la différence de taille les fait apparaître
comme dominés de haut par la sainteté de ceux qui intercèdent en leur faveur.
Et cela
encore est d'esprit médiéval.
Les statues de saint Jean et de sainte Catherine, sculptées et
mises en place en 1391, peu après celle de la Vierge, définissent la meilleure manière de
Sluter : des vêtements épais, taillés dans ces étoffes flamandes, lourdes et opulentes, dont
le duc de Bourgogne tirait la meilleure part de sa richesse, confèrent à l' œ uvre sculptée son
pouvoir d'expression plus encore que les têtes, d'un caractère pourtant si marqué.
Ce sont
les plis du drapé qui expriment la vie en accumulant les ombres dans les fonds, en laissant
couler sur leurs multiples arêtes de grandes coulées de lumière.
Là est l'apport personnel
de Sluter, et qui passera dans la sculpture française du XV esiècle.
Quant aux deux priants,
dont les images étaient prévues dès le temps de Jean de Marville, ils vinrent s'agenouiller
au portail en 1390 ou 1393.
Il est précieux pour nous d'avoir, de la main d'un tel sculpteur,
le portrait, vers la cinquantaine, du premier duc Valois, du fondateur d'un État qui faillit
devenir un royaume, du fils de roi qui gouverna la France pendant la minorité, puis
durant la “ frénésie ” de son neveu Charles VI.
Les qualités éminentes de l'homme
politique se lisent sur ce masque personnel puissamment modelé, et la fierté du prince qui,
toute sa vie, sut imposer le respect dû à sa naissance.
Pour mutilé qu'il soit, le visage de
Marguerite de Flandre apparaît de même comme un portrait merveilleusement véridique,
celui d'une Flamande dans la plénitude de ses quarante ans, quelque peu épaissie par l'âge
et les maternités, mais elle aussi de haut lignage et digne compagne d'un tel prince.
Il va de
soi que des portraits qui atteignent à une si exacte ressemblance ne sont point, à cette date,
chose nouvelle ; sans remonter jusqu'au gisant de Philippe III à Saint-Denis, rappelons
qu'au moment même où Sluter travaillait, ou peu avant, un sculpteur inconnu agenouillait
de même, sur le tombeau du cardinal La Grange à Avignon, les statues saisissantes de vie
et de vérité du roi Charles VI et de son frère, le jeune duc d'Orléans.
Mais Claus Sluter va
plus loin que tout autre dans la compréhension de ses modèles ; ses portraits ad vivum
sont les plus pénétrants que le Moyen Âge nous ait laissés..
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