Culture générale : préparation du texte de R. Aron, Le grand schisme: science et pouvoir

De plus, pour faire le lien avec le pouvoir, on vote généralement dans un système démocratique pour la personne ou le parti dont on pense qu'il a les bonnes idées et les moyens nécessaires pour répondre aux problèmes de la société qui fournissent encore matière à discussion. Or, pour reprendre l'idée et les termes de Michel Crozier, le pouvoir réside dans le contrôle des zones d'incertitude. C'est-à-dire que les hommes en place au pouvoir ont intérêt à ne pas résoudre tous les problèmes rencontrés tout en laissant soupçonner qu'on serait apte à le faire, de manière à renouveler sa position. Or la politique, comme on l'a dit précédemment, cherche à combler les zones d'incertitudes, ce qui est bien une limite à la rationalité humaine.  De plus, on a d'un côté une société qui a foi dans le progrès technique et qui continue à " miser " sur lui, de l'autre, l'expression de sa méfiance, de sa désillusion face à la science, souvent désignée, dans une réaction d'amalgame, comme responsable des maux et dysfonctionnements de la planète et des sociétés humanisées. Cette situation peut parfois provoquer un retour à diverses formes d'idéologies qui rompent clairement avec la démarche objective et l'approche rationnelle qui ont fondé les succès de la science depuis le milieu du 19ème siècle. Par ailleurs, les religions, les philosophies et les sciences se cherchent... et rarement se trouvent ! Il en résulte un sentiment d'indifférence voire de négligence vis-à-vis des sciences.