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De la nature Chapitre V, vers 925-987 Vivait alors parmi les champs

Publié le 05/04/2015

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De la nature Chapitre V, vers 925-987 Vivait alors parmi les champs une race d'humains plus dure, ainsi qu'il se devait, car créée par la dure terre ; des os plus grands et plus solides en formaient la charpente interne, et des tendons puissants liaient leurs chairs ; du chaud comme du froid guère ils ne redoutaient l'emprise, ni les changements de régime ou l'atteinte des maladies. Le soleil à travers le ciel tournait pendant de nombreux lustres, et eux vivaient toujours, vagabonds comme sont les bêtes. Point de robuste laboureur pour conduire l'araire courbe : nul ne savait fendre le sol d'un soc de fer, ni dans la terre planter de jeunes pousses, ni en montant en haut des arbres couper les vieux rameaux du tranchant de la serpe. Ce que donnaient le soleil et les pluies, ce ...

« lavant de son flux abondant de grands rochers humides, d'humides rochers tout moussus perlés de gouttelettes ; et ils savaient aussi les eaux dont le flot sourdait dans la plaine. En revanche le feu leur était inconnu ; ils ne savaient traiter les peaux ni se vêtir des dépouilles des bêtes ; ils vivaient dans les bois, dans les forêts, dans les cavernes, ils abritaient dans les fourrés leurs corps rudes et sales, pour éviter les coups cinglants des vents et de la pluie. Incapables d'envisager le bien commun, ils ne savaient par des coutumes ou des lois régler leurs relations ; et la proie qu'à chacun présentait la fortune, il l'emportait, n'ayant appris qu'à se servir de sa propre force à sa guise. Et Vénus dans les bois accouplait les corps des amants : chaque femme en effet cédait ou bien à son désir, ou bien à la brutalité du mâle avide de jouissance, ou à l'appât du gain : glands, arbouses ou poires choisies. Confiants dans la vigueur de leurs mains, de leurs jambes, ils poursuivaient dans les forêts les espèces sauvages, armés de pierres qu'ils lançaient et de lourdes massues ; vainqueurs de la plupart, se mettant à l'abri des autres, lorsque les surprenait la nuit, pareils aux sangliers soyeux, ils étendaient tout nus leurs corps sauvages sur le sol, et ils s'enveloppaient de feuilles et de branches. Quand avaient disparu le soleil et le jour, ils n'allaient pas les chercher dans les champs en poussant de longs cris lugubres, ni dans les ombres de la nuit errer pleins d'épouvante : silencieux, ensevelis dans le sommeil, ils attendaient que dans le ciel parût la torche rouge du soleil ; accoutumés depuis l'enfance à voir sans cesse les ténèbres et le jour alterner, ils ne redoutaient point de voir. »

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