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Jean-Jacques Rousseau par Pierre Burgelin Professeur à l'Université de Strasbourg Au temps des

Publié le 05/04/2015

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Jean-Jacques Rousseau par Pierre Burgelin Professeur à l'Université de Strasbourg Au temps des Lumières, la République des lettres pense volontiers que l'humanité touche à sa maturité : l'analyse de l'esprit et des institutions va achever le corps des sciences, les arts mécaniques se développent, la Raison prend enfin le gouvernement du monde et met en fuite superstition et fanatisme. L'homme va chercher en paix la jouissance permise par sa nature. Or, si Rousseau est bien l'héritier de son siècle, il en retrouve l'héritage par des voies paradoxales : il part d'un jugement sur son temps, et ce jugement n'est pas favorable. Lorsqu'il ouvrit le numéro d'octobre 1749 du Mercure et lut que l'Académie de Dijon se demandait si le progrès des sciences et des arts avait contribué à corrompre ou à épurer les moeurs, une illumination lui révéla que l'humanité faisait fausse route. Holbach, Grimm, plus purs que les héros de Plutarque ? Quelle plaisanterie ! Nos philosophes brillent dans les salons et persiflent agréablement. Ils soutiennent que la matière pense et qu'il ne faut point faire d'enfants. Où est l'héroïsme, où la vertu, où le civisme ? Chez les montagnards du Valais ? Peut-être ; à Paris ? Point. Pourquoi vit-on ? Pour son salut ? Sa Cité ? Sa famille ? Pour être soi ? Non, pour paraître ; pour le luxe qui engendre tous les vices, pour le jeu des propos vains. Pour jouir de la flatterie d'autrui, on se feint philosophe ; mais où sont l'exigence socratique, la vision platonicienne, la sérénité stoïque ? Rousseau est atteint au plus intime par sa découverte : sa diatribe se fait examen de conscience. Lui-même, comment a-t-il vécu ? L'auditeur des prêches genevois, l'élève de Mme de Warens sort du sommeil : il s'est égaré dans le monde et en a souffert le vide et les blasphèmes ; il a cherché des places lucratives, il a abandonné ses enfants. La sagesse n'est pas un art de parler, mais de vivre, qui ne se réfère pas à la jouissance des apparences, mais, selon la leçon de Platon, à ce qui ne périt point et à la diffusion du Bien. Sur le plan de la réflexion, la recherche de la sagesse conduit à l'idée d'une science de l'homme. L'origine de l'inégalité fournit un bon point de départ. L'inégalité dans les moeurs, le luxe, ont pour fondement la comparaison. Il faut donc en chercher l'origine, car ce qui est s'explique par son histoire. Certes les documents sont quasi-inexistants, et la méthode sera une pure analyse de la raison et de l'imagination, guidée par l'exemple de la Bible. Représentons-nous les premiers hommes, dépouillés de tout apport social, dans la nudité de leur nature. L'oeuvre de Dieu est bonne : ces hommes, tout au présent, sont spontanés et heureux. Visiblement, ceux d'aujourd'hui sont asservis, malheureux et méchants. L'idée du péché originel ne satisfaisant pas la conscience, il faut trouver une autre hypothèse. Disons : l'homme naturel, isolé, jouit de sa propre existence : il n'a point de langage, donc point de prévision, ni d'idées. Son âme manifeste exactement son corps. Pitoyable à l'occasion, il n'a ni raison, ni passion, ni sentiment. La contradiction des désirs e...
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