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Johann Gottlieb Fichte par Jules Vuillemin Professeur à la Faculté des Lettres de Clermont Johann Gottlieb Fichte naquit à Rammenau de Lusace.

Publié le 05/04/2015

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Johann Gottlieb Fichte par Jules Vuillemin Professeur à la Faculté des Lettres de Clermont Johann Gottlieb Fichte naquit à Rammenau de Lusace. Précepteur en Suisse, il y étudia la philosophie de Kant dont il s'inspire dans ses premiers écrits. Défenseur de la Révolution française et de Rousseau, il publie en 1792 l'Essai d'une critique de toute révélation. Il épouse à Zurich, en 1793, une nièce de Kloptstock. Sa réputation de libéral et de démocrate ne l'empêche pas d'être appelé en 1794 à l'Université d'Iéna, où il occupe jusqu'en 1799 la chaire de philosophie. De cette époque datent : l'Essai sur le concept de Doctrine de la Science ou de la philosophie ainsi nommée (1794) ; le Fondement de l'ensemble de la Doctrine de la Science, de 1794 ; l'Esquisse de ce qu'il y a de propre à la Doctrine de la Science, de 1795 ; les Principes du Droit Naturel, de 1796 ; l'Essai d'un nouvel exposé de la Doctrine de la Science, de 1797 ; la Deuxième introduction à la Doctrine de la Science pour des lecteurs qui possèdent déjà un système philosophique, de 1797 ; le Système de la Doctrine des moeurs, de 1798 et l'Essai sur la raison de notre croyance en un gouvernement divin du monde, de 1798. Si l'on fait abstraction de quelques écrits qui n'expriment pas encore de doctrine propre, cette première période groupe un ensemble cohérent d'oeuvres, dans lesquelles Fichte pose au principe de sa philosophie le Moi. L'idéalisme du Moi suscite l'inquiétude des bien-pensants et du gouvernement saxon. De 1798 à 1800, les écrits de Fichte sont groupés autour du thème de l'athéisme. Tel est, par exemple, l'Appel au public contre l'accusation d'athéisme, de 1799. Dieu remplace le Moi, mais, comme on verra, Fichte reste fidèle à l'essentiel de sa première doctrine. Obligé de quitter Iéna en 1799, il se rend à Berlin. En 1805, il est professeur à l'Université d'Erlangen ; en 1806, il enseigne à Königsberg et il est nommé premier recteur de l'Université de Berlin en 1811. Entre temps, après l'occupation de la Prusse par les troupes françaises, il avait lancé les fameux Discours à la Nation allemande, dans lesquels il souhaitait la régénération de l'Allemagne par une éducation nouvelle. Il mourut à Berlin en 1814. A partir de 1800, la philosophie de Fichte se transforme. Sans doute revient-il inlassablement sur le thème unique de sa réflexion : il récrit sans cesse la Doctrine de la Science. En 1801, en 1804, en 1812, en 1813, il reprend le même titre qu'en 1794. Mais c'est l'être divin qui fonde à présent la liberté du Moi, et tout se passe comme si la querelle de l'athéisme avait produit ses effets avec un retard de quelques années, changeant d'abord le langage du philosophe, bouleversant ensuite sa pensée. Pendant cette même période, Fichte écrit : La Destination de l'homme, en 1800 ; l'Initiation à la vie bienheureuse, en 1806 ; le Système de la Doctrine des moeurs de 1812 ; les Leçons sur les Faits de conscience (1810-1811-1813). Lorsqu'en 1796 Fichte fit le voyage de Königsberg pour présenter à Kant son Essai d'une critique de toute révélation, il reconnaissait par cet hommage tout ce que sa propre pensée devait à l'idéalisme critique qui inspira sa vocation et son enthousiasme. " Je vis dans un nouveau monde, dit une de ses lettres, depuis que j'ai lu la Critique de la raison pratique. Elle ruine des propositions que je croyais irréfutables, prouve des choses que je croyais indémontrables, comme le concept de la liberté absolue, du devoir, etc., et tout cela me rend plus heureux. Avant la Critique, il n'y avait pour moi d'autre système que celui de la nécessité. Maintenant, on peut de nouveau écrire le mot de morale qu'auparavant il fallait rayer de tous les dictionnaires. " Telle est la source de toute la philosophie de Fichte, tel est le sentiment libérateur que les formes les plus abstraites de la doctrine déploieront dans ses conséquences les plus diverses, mais auquel il faudra toujours revenir lorsqu'on voudra juger de la vérité d'une proposition. L'ancienne philosophie dogmatique décidait du vrai en comparant nos représentations aux choses. Fichte use d'un tout autre critère : il examine si les paroles correspondent à cette action originelle de la conscience dont l'activité morale est l'origine première. Le style particulier de Fichte, la nouvelle méthode qu'il introduit en philosophie tiennent dans ce recours constant à une action pour légitimer nos jugements. Sans doute, concevra-t-il cette action sous des formes différentes. Mais il n'abandonnera jamais l'idée d'y trouver le fondement de toute vérité et de toute valeur. Fichte emprunte donc à Kant, dans la mesure où l'idéalisme kantien suscite ou satisfait les exigences de l'action. Kant avait démontré que la raison pure est originellement pratique et qu'elle ne remplit sa destinée véritable que lorsqu'elle fournit à l'agent moral les motifs de sa détermination. Fichte pose au principe de sa philosophie le primat de la raison pratique. Ce primat permet une morale et délivre aussi du scepticisme. Car on n'est sceptique que pour rechercher la destination de la raison hors de son lieu naturel, non dans l'action, mais dans la connaissance. Le sceptique compare sa représentation à une chose qu'il cherche à connaître, non à une activité qui lui est proposée. Il part de l'être au lieu d'aller vers le devoir. C'est parce qu'il oublie les leçons de la Critique de la raison pratique que Maimon aboutit au doute et qu'il doit supposer un entendement créateur et inconscient pour supporter notre entendement éclairé mais passif. Un tel entendement ne pourra jamais parvenir à retrouver l'acte qui est caché sous l'inertie des choses. Maimon ne considère que les produits de l'Intelligence et il oublie les créations de la volonté. Il est sceptique parce qu'il est dogmatique, parce qu'il oublie le Moi au profit de l'être, parce qu'il se laisse prendre à l'illusion des choses au lieu de remonter à leur principe et à leur condition de possibilité dans le Moi. Mais cette lecture nouvelle de la philosophie critique contraint Fichte à un changement de présentation qui est aussi un changement de méthode. Les principes qui organisent la possibilité de l'expérience et de la connaissance apparaissent chez Kant dans un ordre arbitraire, comme des faits dont rien ne permet d'apercevoir la nécessité. Or, si l'on ...
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