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La Réforme : de Luther à Bach par Henri Gagnebin Directeur du Conservatoire de Genève Le titre de ce chapitre pourra surprendre : pourquoi marquer le début d'une vaste période de l'histoire musicale du nom d'un homme qui n'était pas un musicien de profession ?

Publié le 05/04/2015

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La Réforme : de Luther à Bach par Henri Gagnebin Directeur du Conservatoire de Genève Le titre de ce chapitre pourra surprendre : pourquoi marquer le début d'une vaste période de l'histoire musicale du nom d'un homme qui n'était pas un musicien de profession ? Et pourtant ce titre est justifié. C'est bien à partir de la réforme luthérienne que l'Allemagne a trouvé sa personnalité dans le monde de l'art sonore, qu'elle a découvert son âme et s'est affranchie des liens qui la réduisaient à l'état de vassale des pays alors en tête du mouvement musical, la France et l'Italie. Ce n'est pas que l'Allemagne n'ait eu auparavant de bons Musikanten, mais elle suivait à distance respectueuse le chemin tracé par d'autres. Les Minnesänger avaient été les continuateurs des troubadours et des trouvères. Wolfram von Eschenbach l'a reconnu lui-même. Au XIVe siècle, l'art germanique est en retard de cinquante ans sur celui de ses voisins de l'ouest et du sud. Cela tient peut-être au fait que la musique de l'époque était avant tout vocale et que les Allemands étaient médiocrement doués pour le chant. Les compositeurs tudesques les plus notoires de la fin du XVe et du commencement du XVIe siècle, Agricola et Heinrich Isaac, parcourent une carrière toute semblable à celle des franco-flamands et séjournent longtemps en Italie. On distingue mal l'influence de leur pays d'origine sur leur art, très parent de celui des Néerlandais. Mais voici la réforme luthérienne, dont l'apport musical le plus important est le choral. Ce chant trouve sa source première dans les antiennes, les hymnes, les séquences grégoriennes les plus aimées du peuple allemand, ainsi que dans la chanson populaire autochtone. Munies de paroles en langue vulgaire, dont Luther, poète inspiré, sera le principal auteur, ces mélodies simples, pleines de souffle et faciles à chanter, iront droit au coeur des foules germaniques qui trouveront en elles l'expression de leurs joies, de leurs peines, de leur espérance. Les débuts de la réforme luthérienne datent de 1517. Dès 1524 parait à Wittenberg le premier recueil de chorals, Geystliche gesangk Buchleyn. Et dès lors, presque chaque année voit surgir une publication nouvelle, avec des pièces inédites dues à Johann Walther, à Conrad Rupf, à Matthieu Greiter, à d'autres encore. Le succès est immense et suscite, tout au long du XVIe siècle, la composition de centaines de mélodies qui frappent par leur caractère austère, mâle, empreint de grandeur et par leur rythme primesautier, où le binaire et le ternaire alternent de façon heureuse. Wolfgang Dachstein et Philippe Nicolaï sont les auteurs les plus marquants de cette production. Le XVIIe siècle n'arrête pas cette éclosion et nous apporte les chorals si expressifs d'un Melchior Vulpius et ceux d'un Johann Crüger, d'un sentiment religieux profond. Au XVIIIe, c'est une note plus sentimentale, un style plus mou qui apparaissent dans les recueils de Freylinghausen (1704 et 1714). Et, dès lors et jusqu'à nos jours, le trésor choral s'augmentera encore de nombreuses pièces qui, pour la plupart, ne possèdent pas l'accent si persuasif de celles des deux premiers siècles. A la fin du XIXe siècle, on recense huit mille huit cents mélodies de chorals. C'est dire le rôle considérable que ce genre a joué dans la musique allemande. Mais le choral ne se borne pas à être l'expression de l'âme religieuse du peuple. Il est aussi le fondement d'une infinité d'oeuvres écrites par des compositeurs, qui se serviront de cette riche matière comme d'un bien commun où chacun peut puiser à sa guise. Au XVIe siècle, qui est par excellence celui des choeurs a cappella, ce seront des pièces polyphoniques vocales, comme celles que Rhau publie à Wittenberg en 1544 sous le titre de Newe Deudsche Geystliche Gesenge, recueil de cent vingt-trois morceaux, pour l'usage du culte et de l'école, du style contrepointé le plus pur. On y rencontre les noms de Ludwig Senfl, né à Zurich vers 1492, mort à Munich en 1555, élève d'Isaac et qui, bien que catholique, fut l'un des compositeurs favoris de Luther et l'un des princes de la musique de ce temps ; de Martin Agricola, de Baltasar Resinarius et de plusieurs autres maîtres. Loin de proscrire, comme Calvin, le chant ...
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