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Le Satiricon Pétrone La matrone d'Éphèse Il y avait à Éphèse une dame si renommée pour sa vertu que les femmes mêmes des pays voisins accouraient pour contempler cette merveille.

Publié le 05/04/2015

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Le Satiricon Pétrone La matrone d'Éphèse Il y avait à Éphèse une dame si renommée pour sa vertu que les femmes mêmes des pays voisins accouraient pour contempler cette merveille. Or cette dame, ayant perdu son mari, ne se contenta pas, suivant la mode ordinaire, de suivre le convoi avec les cheveux dénoués, ou de meurtrir son sein nu sous le regard des assistants ; mais elle accompagna le défunt jusqu'en son dernier gîte, et, quand le corps eut été, à la manière grecque, déposé dans son caveau, elle voulut le garder et le pleurer jour et nuit. Témoins impuissants de son affliction et de sa constance à se laisser mourir de faim, ni père ni mère, ni proches ne purent l'arracher de la tombe ; les magistrats eux-mêmes, ayant fait une suprême tentative, se retirèrent sur un échec ; et à la vue de tout Éphèse en larmes, cette femme d'un exemple unique avait déjà passé cinq jours sans prendre aucune nourriture. Auprès de la malheureuse était demeurée une fidèle servante, qui prêtait à l'affligée l'assistance de ses larmes, ou bien encore ranimait la lampe mortuaire chaque fois qu'elle la voyait défaillir. Ainsi, dans toute la ville il n'était bruit que de la veuve : c'était sans conteste le s...

« comme devant un fantôme ou quelque apparition infernale.

Mais bientôt ce cadavre qu'il aperçoit gisant, ces larmes qu'il voit couler, ce visage déchirer à coups d'ongles le convainquent, comme c'était du reste la vérité, qu'il a sous les yeux une veuve inconsolable dans ses regrets.

Il apporte dans le caveau sa maigre pitance, et commence par exhorter l'affligée à ne point s'obstiner dans une douleur superflue, à ne pas se rompre le c œ ur en vains gémissements : tous, dit-il, nous avons même fin et même suprême demeure ; bref il épuise tous les arguments qu'on peut employer pour guérir un c œ ur ulcéré.

Mais ces consolations qu'elle ne veut point entendre ne font qu'exaspérer la douleur de la dame : elle se déchire le sein plus furieusement encore, et s'arrache à poignées les cheveux pour les déposer sur le cadavre.

Néanmoins, le soldat ne battit pas en retraite, mais redoublant d'instances, il essaya faire prendre à la pauvre femme un peu de nourriture ; tant qu'enfin la servante, séduite sans doute par le bouquet du vin, succomba la première et tendit d'elle-même à l'offre charitable du tentateur une main qui s'évanouit vaincue.

Puis, réconfortée par la boisson et la nourriture elle entreprit de battre en brèche l'obstination de sa maîtresse : “ Que te servira, lui dit-elle, de te laisser consumer par la faim, de t'enterrer vivante, d'exhaler une âme innocente avant le temps marqué par les destins ? “ Crois-tu qu'une cendre froide, que les Mânes du tombeau y soient sensibles ? ” “ Ah ! reviens à l'existence ! Secoue ce préjugé féminin, et, pendant tout le temps qu'il t'est permis, goûte les joies de la lumière.

Ce corps même qui gît sous tes yeux doit t'encourager à jouir de la vie.

” Personne n'entend sans plaisir la voix qui vous invite à manger, à vivre.

Aussi la dame, exténuée par plusieurs jours de jeûne, laissa fléchir son obstination, et elle se restaura avec non moins d'appétit que la servante qui s'était rendue la première. Mais vous savez quelles tentations d'un autre genre éveille en nous un estomac bien rempli.

Usant des mêmes cajoleries qui avaient déterminé la dame à. »

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