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L'école, facteur d'intégration ?

Publié le 22/02/2012

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Dans l'esprit des philosophes des Lumières, l'éducation du peuple constitue un élément fondamental du progrès parce qu'elle rend possible la prise de conscience de soi ainsi que du monde. Il ne s'agissait pas, pour eux, de considérer que l'école allait apporter la solution aux inégalités car ils n'étaient pas assez sots pour s'imaginer qu'il soit possible de nier les inégalités naturelles. Néanmoins, à la suite des propositions avancées par Condorcet pendant la Révolution, les lois scolaires de Jules Ferry ont établi une égalité théorique des chances à l'éducation. A l'origine se dessine donc l'ambition généreuse d'offrir à tous les enfants la possibilité d'acquérir un savoir afin de faire respecter leurs droits et d'exercer leurs devoirs de citoyens. En ce sens, l'école aurait dû être, en amont, un facteur d'intégration dans la prise de conscience du réel mais aussi de soi. Cependant, l'instauration de l'école obligatoire passe par la mise en pratique d'une réglementation valable pour tous imposant, de l'extérieur, un modèle d'intégration. Peu à peu s'est instauré un malentendu dans l'opinion qui s'imagine trouver dans l'école une solution à l'intégration professionnelle. On peut s'interroger sur la relation à établir entre la vocation formatrice de l'école et sa capacité d'intégration dans la vie socio-professionnelle. Dans son principe, l'école semble préparer à l'insertion dans le monde du travail car elle dispense un savoir... Mais quelle est la nature de ce savoir et nous allons voir que la structure de l'Education nationale entre en conflit avec son principe même dans la mesure où elle ignore la spécificité même de l'esprit d'entreprise : la connaissance de soi et l'esprit d'initiative.

« société ? L'opinion exige de l'école un absolu conformisme.

Comment cette même école pourrait-elle êtrecompétitive, puisque la compétition exige la sélection, l'adaptation de l'individu à la filière choisie ?Les incohérences de la politique scolaire = il est impossible de réaliser la double exigence de conformisme etd'efficacité. II.

L'uniformisation des personnes 1.

L'école ignore la personnalité des élèvesOn le sait depuis le XVIe siècle car les humanistes, comme Rabelais et Montaigne, remettaient en question la notiond'enseignement planifié ; elle impose des schémas culturels — le plus souvent dépassés.

Ainsi, dans le souci derationaliser le plus possible les matières dites livrées à la discrétion du professeur, comme le français, le ministère aimposé des programmes annuels — sans doute aussi parce qu'il ne fait aucune confiance à ses propres administrés.Résultat : une uniformisation supplémentaire du savoir.L'école ne développe pas la personnalité ; elle ignore délibérément la recherche de l'identité et le concept même deréalisation de soi.

La valeur véritable réside dans la connaissance de ce que l'on est, préalable indispensable à larecherche d'une orientation et d'une formation réussie.Une société en proie à l'illusion de l'avoir met en avant certains modèles de promotion sociale : l'élève choisit unevoie non pas en fonction de ce qu'il est mais en référence avec ce qu'il serait bon qu'il soit — d'après l'institution,les parents, les professeurs, etc.

On ne peut pas s'orienter quand on ne sait ni qui on est ni où on veut aller.Une meilleure connaissance des voies de formation ne résoudra pas les problèmes car une bonne orientation dépendsurtout de l'adaptation entre le désir profond (que l'on ne cherche pas) et les capacités réelles (qui ne sontpratiquement jamais testées).

On fait croire aux étudiants qu'ils ont un droit au diplôme...

Or, ils n'ont que lapossibilité de tenter leur chance, à leurs risques et périls... 2.

L'école veut des professeurs conformesL'enseignement se fonde sur une conception de l'échange : le professeur est un homme du don, don du savoir etdon de soi.

Or, particulièrement opaque, centralisatrice, l'administration de l'Education nationale se contented'imposer un pur fonctionnement et inhibe toute expression personnelle.Faut-il donc laisser aux établissements leur autonomie, comme le préconise le rapport Fauroux ? Déjà, dans lesecondaire, certains chefs d'établissement cherchent à adopter la démarche de chefs d'entreprise ; mais ils ne sontpas les supérieurs hiérarchiques des enseignants et, surtout, ils ne sont, trop souvent, absolument pas compétentspour diriger un groupe parfois important.

Les chefs d'établissement ne demandent pas aux professeurs d'êtrecompétents mais souples et obéissants.

Ils ignorent donc les principes les plus élémentaires de la gestion despersonnels.

Ce ne sont pas des hommes d'affaires — ils n'ont, d'ailleurs, reçu aucune formation à cet effet.Malheureusement, certains se conduisent en petits despotes dont Voltaire se serait moqué...

Qu'ils se rappellentque la Révolution a eu lieu en 1789. 3.

Le discours universitaire se reproduitPour la plupart, les universitaires réclament beaucoup de temps libre pour mener à bien de prétendues recherchesqu'ils n'effectuent pas — ou bien qui se limitent à reproduire du discours sur du discours comme si les universitairesfrançais avaient pour fonction de s'entretenir entre eux au lieu de chercher à vulgariser et à répandre le savoir —.Pourtant, au XVIIle siècle, Diderot et Voltaire ne jugeaient pas, bien au contraire, méprisable d'instruire la «populace »...Les universitaires américains s'intéressent aux étudiants — ce n'est pas le cas de tous les universitaires français.TransitionL'enseignement semble dans une impasse : il paraît pratiquement impossible de briser ses mécanismes sclérosés...Nous émettrons malgré tout quelques remarques, quelques voeux pieux... III.

Une solution = insuffler la passion ? Le désir de se réaliser s'arrime sur le respect de l'antique précepte, inscrit sur le fronton du temple de Delphes : «Connais-toi toi-même ».

La politique de l'enseignement devrait commencer par poser le vrai problème : la questionde la motivation — qui repose sur l'initiative personnelle et l'appréciation de ses capacités (mieux vaut oublier lestests d'évaluation = pensums des professeurs en début d'année, jamais exploités vraiment). 1.

Redonner le sens des responsabilitésUn objectif fondamental : ne pas considérer que l'école constitue une prolongation du jardin d'enfants = ne pasinfantiliser les individus mais laisser s'exprimer les passions.Concernant les professeurs :— dynamiser les enseignants en cessant de les infantiliser; leur permettre de se réaliser au lieu de favoriser lesluttes de pouvoir entre eux — la politique de l'administration consiste, le plus souvent, à diviser pour régner alorsque les professeurs devraient s'unir pour briser ce carcan qui, souvent, les empêche de se réaliser, eux qui ont. »

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