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Les Évangélistes par H.

Publié le 05/04/2015

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Les Évangélistes par H.-M. Féret, O.P. Professeur à la Faculté de Théologie du Saulchoir et à l'Institut Catholique de Paris L'évangile c'est la Bonne Nouvelle. Quel fut, aux premiers jours de la prédication chrétienne, le contenu de cette Bonne Nouvelle ? Ecoutons saint Pierre complétant, entre l'Ascension et la Pentecôte, le collège des Douze que la déjection de Judas avait réduit à onze. " Qu'un autre prenne sa charge, dit-il en citant le psaume 109. Que, parmi les hommes qui furent des nôtres tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu avec nous avant de nous quitter, c'est-à-dire depuis le baptême de Jean jusqu'aux jours de l'Ascension, il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection (Actes I, 20-22). " Ainsi, qui reçoit le ministère du témoignage apostolique doit être à même de proclamer devant ses frères les hommes que le Seigneur Jésus est bien ressuscité et de manifester, en cette résurrection, le sommet lumineux d'une série d'autres faits significatifs se succédant, dans la vie de Jésus, depuis son baptême par Jean jusqu'à son Ascension. Consacrés par la puissance divine qui éclate en la résurrection, tous ces faits doivent donner à quiconque en reçoit le témoignage la conviction que Jésus fut le Christ, le fils du Dieu vivant. La proclamation de cette " Bonne Nouvelle " fut d'abord, et sera toujours d'abord, une proclamation orale. L'apôtre la fait dans l'assemblée des croyants, qu'il s'agisse encore, comme ce fut le cas aux toutes premières origines, de l'assemblée des juifs, ou qu'il s'agisse ensuite de 1'assemblée chrétienne. De la sorte, tout évangile a nécessairement deux dimensions. Par l'une il se rattache à ce dont il témoigne dans la vie ou dans l'enseignement de Jésus. Pour l'autre il adapte ce témoignage à la situation spirituelle présente de telle communauté. Saint Pierre vient de nous dire quel était, dès le commencement, le contenu essentiel de tout évangile considéré selon la première de ces deux dimensions. Il est clair d'ailleurs que, même à ce premier point de vue, chaque témoin, précisément parce qu'il avait été témoin, mettait spontanément en relief ` tels ou tels traits qui l'avaient frappé davantage. A plus forte raison les divers témoins pouvaient-ils différer entre eux par ce qui leur semblait plus éclairant pour les besoins présents de telles ou telles communautés. Tant qu'ils vécurent proches les uns des autres, les douze premiers témoins eurent cent occasions de confronter leurs souvenirs, de les compléter les uns par les autres, d'en dégager des dominantes communes. Il s'opéra ainsi spontanément, sous l'inspiration de l'Esprit qui était dans l'Eglise, une première stylisation de cet évangile oral primitif et un premier classement de ses éléments majeurs. Que cependant cela ne se soit point fait d'une façon systématique qui rendrait suspecte la convergence essentielle de leurs dires, nous en avons pour preuves les nombreuses divergences de détail qui subsistèrent entre les traditions issues de ce commun point de départ et aussi le fait que, un demi-siècle plus tard, saint Jean, le dernier témoin survivant, rapportera encore des traits dont ces premières traditions n'avaient pas fait état. Pouvons-nous entrevoir avec plus de précision comment se firent ces premières stylisations ? Elles se firent, semble-t-il, de deux façons principales. jésus avait agi, et il avait parlé. Le témoignage évangélique porta d'abord sur ce qu'il avait fait, en sa vie publique inaugurée au Jourdain, en sa passion, en sa mort, en sa résurrection, en son ascension, en l'envoi de l'Esprit-Saint. Tout cela, conformément à son propre enseignement, les témoins l'estimaient plus capital encore, plus révélateur de l'intervention personnelle de Dieu, que la doctrine même qu'il avait enseignée. De fait, c'est le schéma d'évangile que nous trouvons, on vient de le voir, dans le discours prononcé par saint Pierre au lendemain de l'ascension pour l'investiture de Matthias. Il paraît de nouveau dans le discours du même apôtre au jour de la Pentecôte (Actes II, 22-34), dans ceux qu'il prononça, après la guérison du paralytique, sur l'esplanade du temple (3, 13-15) ou devant le sanhédrin (4, 10), dans celui qu'après une nouvelle arrestation il développa encore devant le sanhédrin (5, 30-31), dans son admirable catéchèse enfin de la maison du centurion Corneille, à Césarée (10, 37-43). Le même schéma se retrouve dans le témoignage de Paul à la synagogue d'Antioche de Pisidie (13, 23-37), dans sa prédication à Corinthe (I Cor.15, 3-11), plus tard, quoique avec plus de discrétion parce qu'il ne...

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Féret, O.P. Professeur à la Faculté de Théologie du Saulchoir et à l'Institut Catholique de Paris. »

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