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Les socialismes - Exposé

Publié le 27/06/2012

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Précisons tout d’abord qu’il n’y a pas de social-démocratie sans articulation entre parti et syndicat.  En Allemagne, c’est le parti qui est antérieur. Unifié lors du Congrès de Gotha en 1875, le SPD est issu de deux organisations : l’Association générale des travailleurs créée par Ferdinand Lassalle en 1863, et l’Union des associations de travailleurs allemands fondée également en 1863, et animée par Wilhelm Liebknecht, intellectuel proche de Marx, et Auguste Bebel, autodidacte d’origine ouvrière.  Entre 1869 et 1875, ces deux branches se rapprochent sous l’effet de la politique bismarckienne antisocialiste, et finissent par fusionner, apparaissant comme le fer de lance de l’émancipation ouvrière, les syndicats allemands n’ayant qu’une existence précaire.  Se porter la têtes des municipalités et gagner des sièges au Reichstag, deviennent les objectifs du Parti. L’année de sa mort, en 1895, Engels écrivait : « Partout on a imité l’exemple allemand de l’utilisation du droit de vote, de la conquête de tous les postes accessibles, partout, le déclenchement de l’attaque passe au second plan «.    Cependant, les syndicats se créent peu à peu, surtout après le départ de Bismarck en 1890.  Il s’agit de syndicats se qualifiant de « libres « de toute attaches religieuse ou politique autre qu’avec le parti socialiste. Ainsi, les dirigeants syndicaux sont souvent des élus du Parti.  Ce développement autonome a eu pour effet de le renforcer à l’intérieur même de la social-démocratie. Autour de ce noyau parti-syndicats, des institutions variées vont venir se greffer, une véritable société ouvrière au sein de la société civile, une contre-société jumelée à une contre-culture.

« La Révolution Française vient sonner en quelques années le glas du vieux monde ou Ancien Régime.

Les droits proclamés en 1789 ne sont pas desdroits sociaux.

Il n'empêche : les conséquences du principe d'égalité peuvent désormais aller très loin.Sans doute, même Robespierre (1758 – 1794) et les sans-culottes veulent limiter le droit de propriété, et non l'abolir.

En 1794, les décrets de Ventôsevisent ainsi à supprimer la misère, grâce à la confiscation des biens des ennemis de la Révolution : ils ne prévoient pas une société sans propriétéprivée.

L'idéal reste une diffusion généralisée de la petite propriété privée, qui assure à chacun l'indépendance, sans écarts excessifs de fortune.La propriété sociale n'est pas encore un enjeu décisif en Europe, ni dans le débat philosophique du XVIIIe siècle, ni lors des affrontements politiques dela Révolution de 1789.

Mais la question de la pauvreté et de l'inégalité sociale est désormais posée et pour longtemps.L'exécution des « Enragés », un groupe de révolutionnaires radicaux qui revendiquent l'égalité civique et politique mais aussi sociale, préconisant lataxation des denrées, la réquisition des grains et des taxes sur les riches puis celles de Robespierre et de ses amis (1794) annoncent la victoire d'unerévolution bourgeoise, qui « garantit la propriété du riche » (Boissy d'Anglas, 1756 – 1826).

Ce dernier est jugé plus apte que le pauvre à discuter deslois et à gouverner son pays.

François Babeuf (1760 – 1797) dit Gracchus, préconise la propriété collective des terres et la dictature provisoire del'avant-garde révolutionnaire.Il sera arrêté et exécuté. Au-delà du vocabulaire, de quand date le phénomène socialiste lui même, il convient de distinguer deux réalités qui ne sont pas exactementcontemporaines.• Chronologiquement, émergea en premier lieu une doctrine socialiste, ou plus exactement, un ensemble d'auteurs, plus ou moins isolés, qui comptentcomme précurseurs, notamment en France dans la première partie du XIXe siècle.• La deuxième réalité a été la formation d'un mouvement socialiste.

A ce propos, il convient de distinguer entre mouvement ouvrier et mouvementsocialiste.

S'il y a eu mouvement ouvrier dès que les ouvriers de l'industrie se sont un tant soi peu organisé pour défendre leurs intérêts (salaires,conditions de travail, etc), on ne parle de mouvement socialiste qu'à partir du moment où ce mouvement ouvrier a repris à son compte les objectifs oucertains objectifs des doctrines socialistes.Notons du reste, qu'il existe des mouvements ouvriers sans finalité socialiste et même parfois des mouvements socialistes sans ouvriers.

Ainsi, la révoltedes canuts à Lyon en 1831 est une révolte ouvrière mais non un mouvement socialiste. La distinction devient plus délicate à partir de l'organisation de la première AIT (Association Internationale des Travailleurs) en 1864.

Les travailleursanglais et français qui se réunissent à Londres cette année là, posent les fondements d'une relation entre prolétaires de différentes nations.

Ils tendent àaméliorer les conditions ouvrières par la solidarité de classe par delà les frontières.

Le projet initial n'est pas socialiste mais sous l'impulsion de Marx, quiest chargé de rédiger les statuts de l'AIT, la Première Internationale évolue dans un sens socialiste (ou anarchiste) qu'elle n'avait pas à son origine. C'est surtout de la Deuxième Internationale, créée en 1889 à Paris, que l'on peut dater l'essor du socialisme.

L'année suivante, elle inaugure lamanifestation internationale du 1er mai, en faveur de l'instauration de la journée de travail de 8 heures. I • Les courants de la pensée socialiste 1 • Le socialisme utopique Le contexte :Depuis l'Utopie de Thomas Moore écrit au XVIe siècle, on n'a cessé de fantasmer des mondes nouveaux, des sociétés parfaites, des avenirs radieux.

AuxXVIIe et XVIIIe siècles, une littérature utopiste inspirée de Moore s'impose en France : un narrateur fait le récit d'un voyage fictif dans un pays quepersonne ne connaît et ou règne un ordre social idéal.

L'utopie est donc une manière détournée de critique sociale. Le corollaire de l'utopie est la protestation sociale, morale, contre le monde tel qu'il est, contre son principe régissant d'inégalités.

Le Curé Meslier, morten 1729, laisse un testament qui circula tout d'abord sous le manteau en raison de son caractère explosif.

On y découvrit que ce brave prêtre decampagne, dévoué à ses ouailles et respectueux de ses charges, confessait l'athéisme.

Cri de révolte, contre l'injustice sociale dont il était témoin,Meslier dénonçait surtout le système d'oppression qu'exerçaient la religion et la tyrannie de Louis XVI notamment. La doctrine socialiste naît de la révolution industrielle au XIXe siècle en Europe.

L'apparition et l'essor d'une nouvelle classe sociale, la classe ouvrière ouprolétariat d'industrie, s'accompagne de l'élaboration et de la diffusion de nouvelles doctrines politiques.

Celles-ci sont destinées à établir les conditionsde l'affranchissement de cette classe et à définir les moyens d'existence d'une société différente.La révolution industrielle bouleverse tout sur son passage en Europe occidentale : paysages, modes de vie, cultures.

Les classes populaires urbaines deplus en plus nombreuses vivent misérablement.

Partout, on peut constater les ravages sociaux provoqués par les conditions du travail industriel :• Longues journées de travail• Bas salaires• Habitats insalubres• Dépersonnalisation du travail et des relations sociales. Des libéraux ainsi que des conservateurs dénoncent les conditions de vie des ouvriers.Certains d'entre eux proposent une réorganisation complète de la société afin de promouvoir l'égalité entre les individus.Ces socialismes pré-marxistes sont essentiellement français, et dans une moindre mesure, britanniques. En Angleterre :Robert Owen (1771 – 1858) domine le socialisme britannique.

Patron autodidacte, il fonde des communautés socialistes, publie des journaux et deslivres et tient des conférences sur le sujet.

En 1832, il crée les 1eres coopératives de production et de consommation.

La misère générale et le marasmeéconomique dus aux guerres napoléoniennes monopolisaient l'attention de tout le pays.

Après avoir décrit les causes guerrières qui avaient contribué àcette situation catastrophique, Owen établit que la cause principale de la misère était à rechercher dans la rivalité entre le monde ouvrier et le système,et que la seule parade pour les hommes consistait à s'unir pour contrôler l'outil de travail.Thomas Carlyle (1795 – 1881).

Écrivain et historien écossais, il influence davantage les milieux lettrés.

Originaire d'une famille calviniste stricte, Carlylese destine à une vie de prêtre.

C'est lors de ses années à l'Université d'Édimbourg qu'il perd la foi; il conserve cependant tout au long de sa vie lesvaleurs que lui ont inculquées ses parents.

Cette synthèse d'un tempérament religieux et d'une foi chrétienne perdue contribue à rendre le travail deCarlyle - comme en France celui de Renan - intéressant aux yeux de nombre de ses contemporains, qui à l'époque sont aux prises avec deschangements scientifiques et politiques menaçant l'ordre social établi.

Il nommait l'économie « The dismal science », ce qui signifie en français : la tristescience.Écrivains, patrons, philanthropes ressentent comme intolérable la misère ouvrière dans les villes industrielles.

Ils appartiennent à des milieux divers,mais leurs efforts rencontrent longtemps peu de succès et donnent lieu à peu d'influence dans le monde ouvrier.

Ces derniers sont plus soucieuxd'organiser des syndicats, voire de participer au combat radical des chartristes en faveur d'une démocratie politique. En France :Misère ouvrière et tradition révolutionnaire expliquent la profusion des théories socialistes qui fleurissent dans le pays. Charles Fourier (1772 – 1837), philosophe et économiste issu d'une famille de commerçants, est hostile à la libre concurrence.

Selon lui, celle-cin'enrichit que les parasites, conduit à la misère les producteurs, contraints à la résignation par la force de l'état et la morale bourgeoise.

Il préconisel'organisation de phalanstères dans lesquels les revenus seraient répartis pour 5/12 au travail, 4/12 au capital et 3/12 au talent.

Ses théories ontconduit à diverses tentatives communautaires entre 1832 et 1848.Le Phalanstère tire son nom de la contraction du mot « phalange » (regroupement) et du mot « stère » (solide).

C'est un ensemble de bâtiments àusage communautaire qui se forme par la libre association et par l'accord affectueux de leurs membres.

Pour l'auteur, les phalanstères formeront lesocle d'un nouvel État.Dans la théorie de Charles Fourier, le phalanstère est une sorte d'hôtel coopératif pouvant accueillir 400 familles (environs 2 000 membres) au milieud'un domaine de 400 hectares où l'on cultive les fruits et les fleurs avant tout.

Fourier décrira à loisir les couloirs chauffés, les grands réfectoires et leschambres agréables.

Les phalanstères ont fait l'objet de tentatives d'application nombreuses en France et aux États-Unis au XIXe siècle mais àl'exception notable du familistère de Guise, toutes ont échoué plus ou moins rapidement. Victor Considerant (1808 – 1893), polytechnicien, officier du Génie, puis journaliste, actif dans le combat politique, à la gauche du camp républicain.. »

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