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LES SOCIÉTÉS SECRÈTES

Publié le 22/10/2011

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Des rites divers ont essayé de s'implanter en France : la maçonnerie dite égyptienne, avec Cagliostro, la maçonnerie adonhiramite, avec le baron de Tschoudi (1787), la maçonnerie judaïque du rite de Misraün (1805), celle du rite de Memphis, dite orientale {1839), etc. Mais depuis l'Empire, il n'y a que deux autorités, le Grand Orient de France et le Suprême Conseil de la Grande Loge générale écossaise. Les divergences n'ont pas manqué entre les deux obédiences, en particulier, au siècle dernier, au moment de la querelle sur l'existence de Dieu et sur l'existence de l 'âme.

« Nous ne lê savons pas t.

Tout ce qui se pratique à l'abri des regards indiscrets révèle, selon l'opinion commune, des desseins ou des actes répréhensibles.

n est à noter que les Pères de l'Eglise , s'en prenant aux mystères d'Eieusis, en parlaient avec un frémissement d'horreur, car on y aurait célébré des rites sexuels.

Au Moyen Age, les Juifs qu'on reléguait d'ailleurs dans les ghettos et qu'on obligeait à se vêtir différem­ ment du reste de la population , étaient aussi accusés des pires crimes et de se livrer, dans l'obscurité , à des rites obscènes ou sanglants.

Les premières réunions maçonniques en France pro­ voquèrent les mêmes hypothèses .

Comme on parla de les interdire, l'opinion s'échauffa et on imagina qu'il se tramait dans les loges quelque complot contre le roi ou encore, comme on peut le lire dans le rapport d'un espion de la police, parce qu'on croit «que ceux qui les composent sont pour la plupart entichés du crime de Sodome, nommément M.

le Duc de Villars •· UNE MALADIE SOCIALE Le secret, mal compris , devient une sorte de maladie sociale.

La société secrète prend l'allure d'une anti-so­ ci.été.

Ce qui se trame ou ce qui se fait à l'intérieur des lieux où elle réunit ses membres ne peut qu'être la négation de ce qui est admis par chacun.

Là encore, il y a confusion entre des associations qui n'ont rien à voir entre elles, mais cette confusion est compréhen­ sible.

La lutte contre le régime de la Restauration , en France, s'est traduit, en 1821 par la naissance d'un mouvement dont les origines sont napolitaines , la Charbonnerie.

La Charbonnerie est le type même de la société secrète politique.

Ses membres avaient un idéal , une foi même , et ils s'enfermaient dans le secret.

L'association se divisait en ventes ; chaque vente se composait de vingt carbonari et dépendait d'une vente centrale qui était elle-même coit'Œe par une haute vente.

Le carbonaro qui était introduit dans la société, jurait de garder le secret sur l'organisation jusqu'à la mort inclusivement et de posséder, pour le jour où l'heure de la liberté sonnerait, un fusil et des cartou­ ches destinés à tuer le « loup bourbonien et la royauté cosaque t .

Tout un langage servait à se reconnattre entre mem­ bres ; par exemple, les mots speranza ou fede qui étaient mêlés tout à coup à un dialogue sans raison évidente.

Le mot carità était débité en syllabes.

ll suffi­ sait que l'un quelconque des hommes réunis dans un café ou quelque autre endroit prononçât ca et qu'un autre enchatnât avec ri pour que les initiés sussent aus­ sitôt en quelle compagnie ils étaient.

La police avait fini par percer ce secret un peu enfantin qui ne fut jamais révélé par les adeptes de la Charbonnerie.

D'autres signes d'intelligence étaient utilisés.

L'échelle, par exemple, qu'on figurait symboliquement en élevant les mains au niveau des épaules puis en les laissant retomber après quoi, on les plaçait à la hauteur de l'estomac, etc.

Les membres de la Charbonnerie française venaient en général de milieux intellectuels ; il y avait beaucoup d'étudiants .

Les carbonari français n'eurent jamais une très grande audience .

ll est possible que la Maçonnerie leur ait tenu la main, mais cette marche commune n'engageait guère.

Ces révolutionnaires bourgeois étaient surtout des rêveurs qui parlaient beaucoup mais n'agissaient guère ; ils font penser à certains groupes politiques russes de la fin du XIXe siècle, comme on les voit dans Dostoievsky, qui attendent plus des mots que de l'action.

Les carbonari n'étaient guère compris du petit peuple qui avait instinctivement tendance à se méfier de ces amateurs qui, ayant · échangé des discours et des serments , se quittent pour retourner à leurs affaires personnelles.

Comme le culte napoléonien est au centre du mouvement et qu'on y souhaite de mettre Napoléon II sur le trône, ce sont les anciens soldats de l'empereur qui sont les plus chauds.

Ils se divisent en cohortes et en manipules et inventent un avenir qu'ils ne verront pas.

UNE CHARBONNERIE PUREMENT FRANCAISE On pense aujourd'hui que le carbonarisme italien est l'héritier d'une charbonnerie purement française ; il s'agissait d'une société de ·secours mutuel mise au point dans le Jura dans les années qui précèdent la Révolution .

On a, sur les origines de la Charbonnerie, un texte d'un inspecteur des Manufactures , qui en donne probablement une description assez précise : « Trois espèces de communautés, sans droit, sans auto­ rité, ni aucune sorte de réunion que celle qu'il leur a plu de former en corps séparés et réunis , entrent dans tous les bois lorsqu'ils sont marqués en coupe ; la première les coupe , la deuxième en charge ou ar­ range les fourneaux à charbon et la troisième y met le feu , le conduit et fait le charbon enfin ; et tous, lors­ que cela est fait, viennent demander au mattre du bois le prix de leur travail, réglé sur un taux général fixé et augmenté de temps à autre par eux-mêmes . ..

Ils font des réceptions entre eux, ont des signes qui leur sont communs à tous, mais inconnus à tout autre ; et chaque ouvrier travaillant, rencontré par un autre , est toujours requis par un signe de répondre par un autre signe , et successivement , faute de quoi il est reconnu bâtard par les frères qui se prêtent tous la main pour le chasser au plus vite de la famille et de ce qu'ils regardent comme leur héritage •· Ces lignes sont intéressantes parce qu'on y voit comment , en moins d'une génération , une association corporative, une sorte de syndicat destiné à préserver les règles du métier et ceux qui le font, finit par pren­ dre une signification politique et se transformer en or­ ganisme de lutte contre le pouvoir établi.

Le rituel, qui est celui du métier, avec son langage spécialisé et ses signes de reconnaissance, devient une symbolique éso­ térique destinée à mettre les adhérents en · rapport les uns avec les autres sans risque d'éventer le secret de leur association.

La Charbonnerie a trouvé dans le romantisme nais­ sant l'occasion de s'exprimer.

Des mouvements analo-. »

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