Les techniques du chant
Publié le 04/08/2011
Extrait du document
Voix de femme
• Soprano coloratura (Natalie Dessay)
• Soprano lyrique
(Maria Callas, Kiri Te Kanawa)
• Soprano dramatique (Kirsten Flagstad)
• Mezzo-soprano (Teresa Berganza, Christo Ludwig)
• Contralto (Kathleen Ferrier)
Voix d'homme
• Ténor lyrique (Luciano Pavarotti, Placindo Domine, Roberto Alagna, Caruso)
• Ténor
lyrico-spinto (José Carreras)
• Ténor dramatique (John Vickers)
• Baryton (Dietrich Fischer-Dieskau)
• Baryton basse (José Van Dam)
• Basse chantante (Fedor Chaliapine)
• Basse profonde (Martti laivela)
«
LES CARACTERISTIQUES
DE LA VOIX CHANTEE
retendue, ('intensite et le timbre
onstituent les trois principaux
parametres qui permettent de decrire
la voix chantee.
Du GRAVE A irrocu retendue de la voix est delimitee par
les notes extremes - dans le grave et
dans I'aigu - qu'un sujet peut emettre.
Elle se travaille et peut donc augmenter.
Dans le chant occidental, l'etendue
pratique est en moyenne de deux octaves
pour les hommes et d'un peu plus pour les femmes.
Une octave correspond a
Ia distance entre deux notes successives
du meme nom sur un clavier, entre do
et do par exemple.
Elle correspond
a une difference de six tons.
La tessiture est plus restreinte
que l'etendue.
Elle se definit comme ('ensemble des notes sur lesquelles
le chanteur se sent le plus a False.
A etendues egales, deux sujets peuvent differer par la tessiture.
retendue se divise en registres.
Lorsqu'on parcourt toute l'etendue de
sa voix, par exemple du grave a l'aigu, le timbre n'en reste pas homogene d'un
bout a l'autre.
II se produit notamment
un brusque changement de « couleur »
a la fin du medium ou au debut de
l'aigu : ce phenomene caracterise
un changement de registre.
Les registres principaux sont la voix
dite a de poitrine », c'est- a-dire la voix
naturelle des hommes adultes, et la
voix dite « de tete », qui est celle des
femmes et des enfants avant la mue.
Les hommes peuvent aussi chanter
dans ce registre, appele alors « voix de
fausset » : c'est le cas des hautes-contre,
des contre-tenors et, jadis, des castrats,
tres sollicites dans la musique baroque.
Un registre n'est pas determine par
la hauteur ou le timbre de la voix,
mais par la configuration vibratoire
des cordes vocales, En voix de poitrine,
celles-ci sont contractees et prennent
la forme de bourrelets epais qui
s'allongent au fur et a mesure de la montee vers l'aigu.
En voix de tete, elles sont au contraire etirees,
stecartent peu et s'accolent sur
une faible epaisseur.
ruiritiort ROME Le son de la voix est produit par
des salves de bouffees d'air decoupees
dans la colonne d'air sous-glottique
par les cordes vocales, elles -memes
mises en vibration par ce courant d'air.
L'intensite vocale est liee a la force des
bouffees d'air issues du larynx, et donc
proportionnelle a leur vitesse de sortie.
Pour chanter plus fort, il Taut accroltre
cette vitesse, soit en augmentant la
pression expiratoire, soit en diminuant
Ia surface d'ouverture glottique.
Une voix eduquee peut ainsi chanter
beaucoup plus fort qu'une voix
naturelle, avec moins d'efforts.
Toutefois, ce n'est pas en augmentant
son intensite vocale qu'un chanteur
d'opera se fait mieux entendre du
public et domine sans effort un
orchestre.
C'est en « placant » sa voix,
c'est -a -dire en accordant ses cavites
de resonance sur le son larynge.
II modifie pour cela le volume de
sa cavite pharyngo-buccale afin de
l'accorder a chaque instant avec la hauteur du son produit a la sortie des
cordes vocales, de maniere a ('amplifier
en renforcant son energie acoustique.
Cet exercice explique les mimiques
observees chez les chanteurs.
renergie acoustique atteint le maximum
de son intensite -et la voix, donc, le
maximum de sa port& -a une frequence
situee entre 2 000 Hz et 3 000 Hz,
tout en economisant l'effort produit par le chanteur.
La voix emerge alors dans
une zone de frequence laissee libre par
la plupart des instruments de l'ordtestre,
qu'elle domine ainsi sans peine.
LE TIMBRE
Le son emis par le larynx est
determine en frequence, mais
depourvu de nature vocalique,
c'est -a -dire de timbre de voyelle.
La tentative de chanter une consonne
seule est vain.
Pour prononcer une
consonne, on a toujours recours
une voyelle.
La consonne peut s'ecrire
seule, mais sa prononciation requiert
('usage d'un son vocalique.
Les cavites du pharynx et de
la bouche, grace a leur mobilite,
deforment l'onde originate et lui
conferent son timbre final, sa richesse
harmonique, qui est determinee
par la couleur, I'acuite, la rondeur,
la souplesse et la hauteur d'une voix,
creant ainsi des caracteristiques
distinctes.
Le timbre et la couleur dont il est
porteur sont les ornements naturels
dune voix.
C'est ainsi que la voix humaine,
('oppose des instruments de musique,
est capable de produire d'innombrables
timbres differents.
LA DIVERSITE DES APPROCHES
D'OCCIDENT ET D'AILLEURS Au fit du temps, les differentes
civilisations ont cultive le travail de la
voix pour les representations theatrales, le concert ou le rituel religieux.
L'emploi
des registres de la voix, par exemple,
y fait l'objet d'une codification precise.
Chaque culture a ainsi ses preferences
et ses interdits concernant le choix, le travail et la modification de ces
registres.
La voix de fausset, qui
est cultivee par les hommes dans la
musique de theatre extreme-orientale,
est prohibee dans le raga indien.
LES CASTRATS A l'epoque baroque, les femmes
n'etaient pas acceptees sur les scenes
d'opera et les roles a chant aigu
etaient tenus par des hommes en
registre de fausset : les falsettistes,
au timbre chaud mais a la voix
peu puissante.
La mode des castrats se repandit
aux xvut et kAirt siecles, en partie pour
pallier cette insuffisance : ('ablation
des organes genitaux, effectuee sur
des garcons avant la mue, stoppait
('evolution du larynx, conservant
la purete du timbre de ('enfant
sans entraver le developpement
de la cage thoracique, qui procurait
la puissance de souffle d'un adulte.
Les castrats eurent une vogue
inouie et its furent meme employes
dans la Chapelle pontificate jusqu'en
1903.11s avaient disparu des scenes
europeennes vers 1830, evinces
par les tenors et les sopranos.
reducation musicale de ces
chanteurs etait particulierement
longue et difficile.
Pendant pres
de dix ans, its etudiaient plus de
dix heures par jour.
Apres de telles etudes, aucune difficulte musicale
ne pouvait plus les effrayer.
C'est sans doute pour cela aussi,
en plus de la fascination exercee
par cette voix particuliere, gulls ont
marque de leur empreinte la creation
des operas de leur temps.
Tous
les roles principaux, en particulier
ceux de Scarlatti, Haendel, Mozart
et Rossini etaient ecrits pour eux
et ils influencerent certainement
les compositeurs.
Les castrats les plus connus etaient Ferri (1610-
1680),
Farina, (1705-1782),
Cafarelli
(1710-1783),
Guadagni
(1752-1792),
Vellti (1781-
1861) et
Alessandro Moreschi (1858-1922)
qui fut I'un des tout derniers castrats
de la chapelle Sixtine et dont on
possede des enregistrements realises
au debut du xx' siecle.
Les voix de l'opera chinois sont
peu volumineuses, avec ('utilisation
du registre de fausset pour les hommes.
Les chanteuses japonaises ont recours
a la voix de poitrine.
Les voix
indonesiennes optent pour un timbre
volontiers nasal.
Les voix mongoles soot
tres claires.
Les voix du rituel bouddhique
shomyo du Japan et du tantrisme tibetain
sont graves, profondes et gutturales.
LES TECHNIQUES VOCALES D'innombrables techniques ant ete
elaborees dans le monde au cours des
ages.
Fruit d'un apprentissage rigoureux,
les techniques vocales et le chant
obtenu repondent a la modification
du timbre dans un sens souhaite et
aboutissent le plus souvent a une
transformation de ('emission naturelle.
Au sein de ces nombreuses pratiquee,
on identifie aisement les canons du
gout occidental.
Ses techniques se soot
surtout developpees autour de quatre
elements : la puissance, l'etendue,
I'homogeneite et la purete de ('emission.
Les techniques vocales mettent en jeu
d'autres fonctions des organes de la
phonation ou utilisent differemment,
de maniere exageree ou volontairement
attenuee, une fonction deja existante.
Grave, rauque, gutturale et eraillee,
la voix fry - dite aussi «friture vocale » -
est utilisee par les chanteurs de jazz et
a ete immortalisee par Louis Armstrong.
Elle est egalement pratiquee pour obtenir
la 0 voix d'eau », ou « voix roulee D,
employee par les Bassaris du Senegal.
Le jodel est une technique vocale
fondee sur les changements de registre.
Le chanteur vocalise en alternant tres
rapidement la voix de poitrine et la voix
de tete, sur de larges intervalles.
Les
syllabes utilisees sont des onomatopees,
denuees de sens.
L'altemance de voyelles
ouvertes ou fermees facilite le passage
d'un registre a l'autre.
Cette technique
particuliere est pratiquee en Occident
par les populations germanophones
et alpines, notamment en Suisse.
On
Ia rencontre egalement en Melanesie,
dans les Iles Salomon et chez diverses
ethnies pygmees d'Afrique centrale.
Contrairement an gout occidental
qui tend a vouloir supprimer du chant
tout « bruit » lie a l'ecoulement de ('air,
la plupart des musiques du monde
cultivent le souffle, parfois de facon
prononcee.
Symbole de la vie dans
les religions traditionnelles, le souffle
est rendu audible car il garantit
l'origine humaine de la musique.
LES MODES D'Extcunou On distingue les techniques vocales
des modes d'execution que sont les
chants monodiques - interpretes par une
voix seule -, les chants polyphoniques
- superposition de plusieurs lignes
melodiques chantees simultanement -
et les chants a une ou plusieurs voix
accompagnes d'instruments.
Le chant diphonique permet, lui,
A un seul chanteur de faire entendre
deux sons simultanement.
II s'agit le
plus souvent d'un bourdon grave et
d'une melodie aigue.
Le chanteur emet
un son au spectre riche en harmoniques,
dont il selectionne certains au moyen
d'une technique tres particuliere.
Le deplacement de sa langue fait varier
le volume buccal et donc la frequence :
la cavite buccale joue le role de
resonateur et I'extremite de la langue,
appliquee contre la voOte, agit comme
selecteur de frequence.
On entend ainsi
deux sons alors que les cordes vocales
n'en produisent qu'un seul.
Ce mode est surtout pratique en Asie
centrale, de l'Oural et l'Altal a la Siberie
orientale - xoomij mongol, uzliau
des Bachkirs, kai des Gorno Altask -
et au Tibet, cob la technique dbyans
des moines permet de produire
un son fondamental grave profond
et rauque.
LE CHANT INSTRUMENT Dans certaines cultures traditionnelles,
la voix est tellement liee aux instruments
de musique qu'elle tend a sidentifier
A eux.
Les Touareg chantent a I'unisson
avec ('instrument utilise, emettant un
murmure qui semble issu de la gorge.
Cette technique est appelee asak dagh
iman -« chant de l'ame Les vieilles femmes du Burundi
chantent en faisant vibrer leurs levres
entre leurs mains jointes afin d'obtenir
un son d'instrument a anche.
Les bergers mongols reproduisent
vocalement le jeu de leur limbe - une
flute traversiere - grace a une emission
vocale tres tendue en registre de fausset
et un travail de la pointe de la langue
contre la voate du palais, en vue de
styliser les ornements du jeu instrumental.
Dans les societes traditionnelles ou
la transmission des savoirs est assures
oralement, mais aussi dans certaines
hautes cultures, on reproduit vocalement
les sons d'un instrument de musique
pour l'enseigner a un eleve.
Ce procede
est utilise pour l'enseignement de la
percussion, notamment en Iran pour
le zarb ou au Viet-Nam pour In tambour
trOng nhac joue avec des baguettes.
II existe en Inde un veritable alphabet
rythmique pour styliser In jeu de tabla
- un tambourin.
Les differentes facons
de trapper celui-ci portent des noms
d'origine onomatopeique.
releve apprend
oralement ces rythmes un par un,
puis les combine avec une virtuosite
d'elocution assez confondante dans
la recitation des formules.
Avant meme
de jouer du tabla, le musicien l'a chante.
LE CHANT DEGUISE De nombreux chants sont obtenus
en alterant le timbre vocal par l'ajout
A Ia sortie de la bouche d'un objet
ou d'un instrument de musique.
La voix est ainsi deformee, deguisee.
On peut ainsi utiliser un masque qui
altere le timbre de sa voix en obsturant
les ondes sonores qui sortent de
la bouche.
C'est In cas chez certaines
ethnies d'Afrique noire comme les
Dogons du Mali.
Dans In theatre no
du Japon, le masquage de la voix
fait partie integrante du style vocal.
La voix chantee pent aussi traverser
un resonateur externe place a la sortie
des levres.
Deformee, elle acquiert alors
un timbre nouveau dont les composantes
dependent de la nature du resonateur.
Les Papous latmul de Nouvelle-Guinee
chantent ainsi dans un mai -un tuyau
de bambou - et les aborigenes
d'Australie clament des syllabes
sacrees dans
In didjeridou
- une branche
d'eucalyptus
naturellement
evidee par
les termites,
qui pent
atteindre deux
metres de long.
A la place d'un resonateur, une
membrane peut are appliquee contre
la bouche.
Les Malgaches, imitant
les vagissements des bebes, utilisent
une tige de riz ecrasee, tenue devant
Ia bouche par les mains qui lui offrent
une caisse de resonance.
D'autres peuples placent a la sortie
de la bouche un systeme excitateur
qui met en vibration lair expire
pendant le chant et In reutilise pour
former un son nouveau.
Les femmes
Kabiye du nord du Togo chantent
des sons gutturaux dans des nyefe
- des tubes de bambou fermes
a une extremite et remplis d'eau.
Dans toute I'Asie centrale, on
pratique le chant dans la flute,
et particulierement au Rajasthan
avec la flute oblique narh..
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