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Sciences & Techniques: Le chant des oiseaux

Publié le 22/02/2012

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Une trille par-ci, des vocalises par-là, les oiseaux ne reculent devant aucune audace vocale. Pourquoi se donner tant de mal ? Pour charmer les humaines oreilles ? Que nenni. Leurs chants visent d'abord à enchanter leurs futures compagnes et défendre leur pré carré. Cet art raffiné, il leur faut souvent l'apprendre. Ils sont plus de quatre mille à travers le monde. Quatre mille artistes à la voix d'or. Tous ne sont pas des vedettes, certes, et certains sont plus doués que d'autres. Mais enfin, ils ne ménagent jamais leur peine et dispensent gratuitement leur talent à qui veut bien les écouter. Vous les avez déjà entendus, c'est sûr. Quand le printemps bourgeonne, même les rues de nos villes résonnent de leurs vocalises. Ils sont partout. Pensez donc ! Quatre mille espèces d'oiseaux chanteurs recensées sur tous les continents, quatre mille partitions différentes sifflées par des millions de gorges. Quelle chorale, mazette !

« aigus et mêlent leurs échos jusqu'à rendre les notes méconnaissables.

Les basses, en revanche, passent mieux la rampe.

Voilàpourquoi expliquent certains ornithologues, les oiseaux forestiers ont des chants plutôt graves, A l'appui de leur thèse, ils fontremarquer que les chanteurs des bois sont en moyenne plus lourds et plus costauds, bref, qu'ils ont davantage de "coffre" que leurscousins des champs et de prés. Comme le chant est un message, il est impératif d'être compris de ses auditeurs : les mâles doivent reconnaître instantanément leursconcurrents à leur signature vocale.

Idem pour les femelles à la recherche d'un époux.

Une erreur sur la personne serait des plusfâcheuses ! Aussi, pour être identifiée sans confusion possible, chaque espèce a un, et souvent même plusieurs chants qui luiappartiennent en propre : le répertoire du bruant zizi n'a rien à voir avec celui du verdier, qui lui-même est différent de celui de la linotte.A la naissance, les oisillons ne chantent pas.

Ils doivent apprendre les refrains typiques de leur espèce.

Apprennent-ils vraimentd'ailleurs ? Ou connaissent-ils d'instinct la partition qui fera d'eux des séducteurs chevronnés ? Depuis une trentaine d'années, lesscientifiques mènent l'enquête. Premiers sifflotements En vérité, il n'y a pas de règle absolue, valable pour tous les oiseaux.

Certaines espèces, comme les moucherolles, savent d'unemanière innée comment il faut chanter.

Isolées de leurs parents pendant leur enfance, elles n'en produisent pas moins à l'âge adulteune ritournelle en tout point parfaite.

Pour la grande majorité des espèces cependant, les oisillons, même doués, sont tenus deprendre des cours.

Sinon, gare aux couacs ! Les éthologistes (spécialistes du comportement animal) ont montré qu'il y avait deuxpériodes critiques pour l'apprentissage.

Chez le bruant à couronne blanche, qui a servi pour l'occasion de cobaye, la première phasese situe entre le dixième et le cinquantième jour après l'éclosion.

Si l'on place, durant ce laps de temps, un jeune bruant dans unechambre close où il ne peut rien entendre hormis ses propres vocalises, il entonnera à l'âge adulte un chant plus simple que lanormale, mais avec des phrases caractéristiques.

C'est là la preuve que le bruant a des prédispositions innées à jouer la partition desa propre espèce, même s'il doit perfectionner ses dons. "L'adolescence" est un autre moment clé, comme le montre une seconde expérience.

Cette fois, on laisse le petit bruant sedévelopper normalement dans le nid de ses parents.

Dès qu'il commence à vouloir sortir, à voler de ses propres ailes, sa cochlée estprélevée, et l'oiseau devient sourd.

Cette opération a des effets désastreux sur le chant.

A l'âge adulte, le bruant se révèle incapabled'organiser sa chansonnette en phrases successives.

Il peut tout juste rabâcher des séries de notes déconnectées les unes desautres.

Ainsi, l'apprentissage se déroule en deux temps : pendant "l'enfance", les jeunes écoutent les mâles adultes et mémorisent lerefrain de leur espèce.

Plus tard, les juvéniles s'entraînent à siffloter et ajustent leur propre chant à la mélodie qu'ils ont gardé enmémoire. Elles craquent pour les solistes Bien que les bruants à couronne blanche aient une aptitude innée à apprendre le chant de leur propre espèce, ils ne sont pastotalement imperméables aux vocalises des autres oiseaux.

La preuve : si on leur donne, pendant la période sensible de l'enfance, desbengalis de l'Inde en guise de parents adoptifs, ils adoptent automatiquement le chant de leurs tuteurs.

Mais attention ! Ici c'est le liensocial entre les enfants et les adultes nourriciers qui est capital.

Car les bruants restent sourds au chant enregistré des bengalis.

Il enva de même pour le diamant mandarin, lorsqu'il est élevé par des nonnes à dos blanc.

Même si l'on fait entendre simultanément lechant de leur espèce aux jeunes mandarins, ils s'obstineront, une fois adultes, à siffler le cantique des nonnes qui les ont nourrispendant leur enfance. En définitive, il est plutôt rare que le chant soit totalement inné.

Il y a presque toujours, à un moment ou à un autre, une partd'apprentissage.

Le vacher à tête brune en est un parfait exemple.

Cet oiseau américain est un parasite comme notre coucou.

Lamère pond ses œufs dans le nid des autres espèces, qui vont élever sa progéniture.

En grandissant, les petits vachers se montrenttotalement sourds aux chants de leurs parents adoptifs.

Arrivés à l'âge adulte, ils chantonnent sans fausse note le refrain de leurespèce.

L'apprentissage ne semble jouer aucun rôle.

Et pourtant ! Deux chercheurs américains, Meredith West et Andrew King ont découvert que les femelles ont un faible pour les chants des mâlesélevés en isolement complet, alors qu'elles dédaignent les mâles normaux.

Si ces dames montrent une préférence, c'est forcémentqu'elles perçoivent des différences entre les chanteurs.

Et, en effet, les sonagrammes révèlent des variations, subtiles, inaudibles àl'oreille humaine.

Mais pourquoi diantre choisir des orphelins ? West et King se sont rendu compte que le chant des vachers change légèrement selon leur position hiérarchique.

Ces oiseaux viventen groupes comme les étourneaux, et seuls les mâles dominants ont un chant très pur.

Les dominés apprennent à coups de bec surle crâne à "baisser d'un ton"leurs vocalises face aux caïds de la bande ! Lorsqu'on réintroduit dans un groupe un orphelin sans aucuneexpérience de la vie en société, il sifflote en toute innocence un chant brut de décoffrage.

Au ravissement de ces dames qui tombentaussitôt sous son charme.

A la grande fureur des oiseaux dominants qui l'attaquent aussitôt ! Les femelles vachers ne sont pas les seules à se fier à la voix pour choisir entre leurs prétendants.

Les phragmites des joncs préfèrentles mâles dont le chant comporte le plus grand nombre de syllabes ; alors que les carouges à épaulettes privilégient plutôt la variétédu répertoire.

Quelles conclusions en tirent au juste ces dames ? Mystère.

Peut-être se font-elles, à l'oreille une idée de la vigueur desmâles et de leur capacité respective à défendre et à nourrir leurs enfants.

Quoi qu'il en soit, dès que ces messieurs ont obtenusatisfaction, rideau ! Le récital s'estompe souvent bien vite.

Il faudra patienter jusqu'à l'année suivante pour les entendre à nouveau.

Ah,les mufles !. »

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