Werner von Siemens par Reinhold Mannkopff Professeur de physique à l'Université de

Werner von Siemens par Reinhold Mannkopff Professeur de physique à l'Université de Göttingen Werner von Siemens est connu dans le monde entier comme l'inventeur du principe dynamoélectrique et, d'une manière plus générale, comme un des promoteurs les plus méritants du progrès technique. Si on examine son existence, on découvrira dans sa personne des traits de caractère qui éveillent la sympathie et causent une impression profonde. Il est aisé d'être renseigné sur son compte car, sans parler d'exposés divers qui le concernent, il nous a laissé sur lui-même des souvenirs vécus : c'est là un récit d'une lecture agréable par la description vivante de son époque et qui offre un intérêt durable par les réflexions qu'il contient sur les rapports entre les connaissances scientifiques et leurs applications. Né en 1816, fils d'un cultivateur avisé et instruit, Werner von Siemens, l'aîné de dix enfants, passa une heureuse enfance dans le domaine de Menzendorf, en Mecklembourg. A l'âge de quatorze ans, ses parents l'envoyèrent au gymnase de Lübeck, où ils lui confièrent le soin de veiller sur son jeune frère, Jean. Là, il prit goût aux classiques grecs et latins, mais pas à la grammaire. Il réserva toute son application aux mathématiques, dont l'enseignement était peu développé et qu'il compléta par des leçons particulières. Les études à l'École d'Architecture de Berlin qui était alors, dans le pays, le seul établissement de formation technique, se révélèrent vite trop coûteuses à ses parents dont les revenus agricoles étaient un peu trop réduits pour une si nombreuse famille. Sur le conseil de son professeur de mathématiques, il réussit, à dix-huit ans, après une année de stage, à se faire détacher comme aspirant à l'École nationale d'artillerie et d'ingénieurs de Berlin. Il y rencontra des maîtres éminents, dont le physicien Magnus et le chimiste Erdmann, et tout un groupe de camarades animés du même zèle que lui : grâce à eux tous, les trois années qu'il passa à cette École furent, comme il l'écrit, l'époque la plus heureuse de sa vie, car elles lui donnèrent l'occasion " de réaliser son voeu le plus ardent, qui était d'acquérir des connaissances solides ". Tout le temps que lui laissa l'étude des questions militaires, il le consacra à la physique et à la chimie. En 1838, lieutenant d'artillerie à Magdebourg, sa première garnison, Siemens se chargea de son troisième frère, Guillaume, dont il appréciait particulièrement la nature fine et l'esprit intelligent. Après la mort de ses parents, qui survint à cette époque, il s'occupa entièrement de l'éducation de ce frère. Négligeant alors toutes les tentations de la vie d'officier, il poursuivit avec ardeur ses études scientifiques. Dans les années qui suivirent la mort de ses parents, le cours de son existence fut déterminé par le désir de faire oeuvre utile mais aussi par le sentiment de l'obligation qui lui incombait de veiller sur ses plus jeunes frères et soeurs. Il chercha donc à se créer d'autres ressources : le résultat de ses efforts fut la découverte d'un procédé pratique pour dorer et argenter, en partant de sels de l'acide hyposulfureux....