ACCOSTANT, -ANTE, adjectif.

ACCOSTANT, -ANTE, adjectif.  

Vieux et régionalisme.  [En parlant d'une personne]  Qui lie facilement conversation, qui se laisse accoster avec gentillesse : 

Ø Accostant (être) : affable.

JACQUES-MARIE ROUGÉ, Le Folklore de la Touraine,  1943. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 7. 

 

Forme dérivée du verbe \"accoster\"

 accoster

ACCOSTER, verbe transitif.  

(S')approcher de quelqu'un ou de quelque chose. 

A.—  Emploi transitif généralement familier et péjoratif.  S'approcher de quelqu'un avec l'intention de lui parler, de lier commerce avec lui : 

Ø 1. J'aperçus une jeune fille qui se hâtait, je crus reconnaître son erre, je m'approchai, c'était Dina! Cependant, je n'osais me l'affirmer, ni l'accoster cavalièrement. Je la suivis à quelques pas en arrière et l'appelant plusieurs fois, à demi-voix, Dina! Dina! elle se retourna et me salua sans me reconnaître, je l'abordai tremblant :...

PETRUS BOREL, Champavert, les contes immoraux, Dina, la belle juive, 1833, page 126. 

Ø 2. De Maistre, qui a intitulé un de ses chapitres : Analogie de Hobbes et de Jansénius, aurait pu l'intituler aussi bien : Analogie de Hobbes et de Pascal, et sans plus de justice; car, pour accoster Hobbes et ses adhérents, le chrétien ne se confond pas avec eux.

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 3, 1848, page 361. 

Ø 3. C'était un brave et gros garçon, finaud pourtant, peu élégiaque (...). Caractère entier, brusque et brutal. Vous accostant d'un coup de poing et d'une poignée de main cordiale.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  août 1855, page 196. 

Ø 4.... pendant qu'il cherchait ce canot, un homme l'accosta et lui fit pousser un cri de surprise.

PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 3, Le Club des valets de coeur, 1859, page 505. 

Ø 5. Certains soirs d'attente, au milieu du boulevard Saint-Germain, quand il marchait, l'oeil au guet, et à petits pas, il était accosté par une ambulante, une blonde triste, qui errait, les mains dans un manchon et la tête nue. Elle lui disait : bonjour, beau blond! —  mais il continuait sa route sans l'écouter.

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Les Soeurs Vatard,  1879, page 271. 

Ø 6.... lorsque, petite fille, elle allait à l'école ou en revenait, grand garçon déjà, il l'accostait pour l'escorter, lui porter son panier, plein de vivres le matin et de commissions le soir,...

JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, tome 1, 1925, page 22. 

Ø 7. Peu à peu je m'enhardis. Je me laissai accoster dans les rues, j'allai boire au bistrot avec des inconnus. Un soir, je montai dans une automobile qui m'avait suivie le long des grands boulevards.

SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée,  1958, page 271. 

—  Par métonymie.  [Avec un sujet inanimé] :

Ø 8.... cette musique que nous entendions —  arrangements de valses, d'opérettes allemandes, de chansons de cafés-concerts, toutes nouvelles pour moi —  était elle-même comme un lieu de plaisir aérien superposé à l'autre et plus grisant que lui. Car chaque motif, particulier comme une femme, ne réservait pas, comme elle eût fait, pour quelque privilégié le secret de volupté qu'il recélait : il me le proposait, me reluquait, venait à moi d'une allure capricieuse ou canaille, m'accostait, me caressait, comme si j'étais devenu tout d'un coup plus séduisant, plus puissant ou plus riche;...

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 812. 

Remarque : 1. Emploi rare du verbe avec une caractérisation circonstancielle (confer exemple 3). 2. On lit dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845 :  \" Appuyer sur. Plus tard, il fallut compliquer le nom de race pour le rendre individuel. On l'accosta d'un nom d'alliance, d'un nom de patronage, d'un nom de profession (Charles Nodier). Omission des dictionnaires \" Il s'agit sans doute d'une forme active reconstruite par Nodier à partir du participe passé passif accosté*, qui en héraldique signifie « qui a à ses côtés, flanqué de » (confer aussi infra B s'accoster de). 

B.—  Emploi pronominal, familier. 

1. Généralement.  [Le verbe étant employé absolument] :

Ø 9. Les messes dites, tout le monde sort en tumulte. On se hèle, on s'accoste, on se pourchasse; c'est la détente du long recueillement. Les rires jaillissent, les propos sonnent.

JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, tome 2, 1923, page 126. 

2. Vieux. S'accoster de quelqu'un..  Le prendre pour compagnon, le fréquenter : 

Ø 10. Je m'accoste volontiers du capitaine Radichi...

HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Rome, Naples et Florence, tome 1, 1817, page 228. 

Remarque : Dans cet emploi, Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878 et 1932 disent que le verbe \" est familier et ne se dit guère qu'en mauvaise part. \" 

C.—  Emplois techniques. 

1. MARINE.  

a) [Le sujet désigne un bateau]  Venir se placer le long et à côté de. Accoster un quai, une côte, un vaisseau. \" On leur cria d'accoster. \" (Dictionnaire de l'Académie Française) : 

Ø 11.... les deux côtés de la côte sont bordés de rochers élevés, qui offrent un débarquement facile, les vaisseaux pouvant les accoster de si près, qu'il est possible de communiquer avec une échelle, de la terre aux bâtimens.

Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU)  tome 1, 1797, page 127. 

Ø 12. La chaloupe accoste le vaisseau : tous ceux qui étoient dans cette chaloupe montent à bord; la chaloupe elle-même est enlevée et suspendue à la poupe du bâtiment.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Natchez,  1826, page 369. 

Ø 13. Le beau navire s'est accosté... Il a bordé contre la cale, criblé de filins... Au bout de tous les efforts, la dernière voilure lui est retombée de la misaine... étalée comme un goéland...

LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit,  1936, page 140. 

b) Par métonymie.  [Le sujet désigne des personnes et le verbe est employé absolument ou à la forme transitive] 

Ø 14.... en quelques coups d'avirons, ils accostèrent le navire mouillé à deux encablures du quai.

JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 3, 1868, page 8. 

Ø 15.... Le grand pont, si grouillant tantôt, apparaît quasi désert, sa masse irrégulière et confuse démesurément grandie dans l'obscurité. On accoste, on débarque. Et je m'arrête toujours alors, et je m'accoude au garde-fou du pont, et je contemple longtemps la prodigieuse vision de Stamboul nocturne.

CLAUDE FARRÈRE, L'homme qui assassina,  1907, page 32. 

Par extension métaphorique. 

—  Emploi transitif : 

Ø 16.... j'ai envie de visiter aujourd'hui cette petite chapelle, au bout du parc, dont vous m'avez parlé, l'autre jour. Quel est le chemin le plus court pour l'accoster?

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 2, 1895, page 247. 

—  emploi absolu. 

·    Avec un sujet inanimé : 

Ø 17.... il espérait confusément qu'il allait se produire quelque chose, qu'on allait peut-être l'oublier, et quand la voiturette accostait tout de même le long de son lit, il laissait éclater sa colère impuissante,...

ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois,  1919, page 301. 

·    Avec un sujet personnel : 

Ø 18.... la plupart des amis de mes vingt ans sont morts ou mourants, les moins tourmentés ont accosté dans les studios de cinéma, producteurs, metteurs en scène, scénaristes, dialoguistes, maquilleurs,...

ROGER VAILLAND, Drôle de jeu,  1945, page 16. 

2. TECHNOLOGIE.  \" Approcher deux pièces jusqu'au contact. \" (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes et Larousse trois volumes en couleurs). 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 184.