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Définition du terme: CORPS, substantif masculin.

Publié le 19/11/2015

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Définition du terme: CORPS, substantif masculin. I.— [Chez les êtres vivants organisés] Ensemble des parties matérielles constituant l'organisme, siège des fonctions physiologiques et, chez les êtres animés, siège de la vie animale. Mon corps avec ses diverses parties et ses divers organes est un, quoique composé (ÉTIENNE PIVERT DE SENANCOUR, Rêveries sur la nature primitive de l'homme, 1799, page 174 ). Les végétaux sont des corps vivans organisés (JEAN-BAPTISTE LAMARCK, Philosophie zoologique, tome 1, 1809, page 387) : Ø 1.... celui qui voit le corps de l'homme et ses mouvemens, voit l'homme autant qu'il peut être vu, quoique le principe de ses mouvemens, de sa vie et de son intelligence reste caché... CHARLES-FRANÇOIS DUPUIS, Abrégé de l'origine de tous les cultes, préface, 1796, page 5. Ø 2.... la substance de tout corps animal permet à la cause excitatrice d'y établir un orgasme énergique et l'irritabilité; tandis que la substance de tout corps végétal ne laisse à la cause excitatrice que le pouvoir de mettre en mouvement les fluides visibles contenus,... JEAN-BAPTISTE LAMARCK, Philosophie zoologique, tome 2, 1809, page 164. II.— En particulier. [Chez l'homme] A.— [Le corps humain du point de vue de son anatomie et de son aspect extérieur] 1. [Le corps comme formant un tout] Corps bien bâti; haut du corps; étudier le corps; être beau de corps. Une assez belle tête sur un corps nain et difforme (SAND, Histoire vie, tome 2, 1855, page 322); ce grand corps tout en os et en peau (GIONO, Colline, 1929, page 82); ce grand corps flasque est sans âge (ROGER MARTIN DU GARD, Vieille France, 1933, page 1087) : Ø 3.... le corps de l'homme possède non-seulement un squelette articulé, mais encore celui de tous qui est le plus complet et le plus perfectionné dans toutes ses parties. Ce squelette affermit son corps, fournit de nombreux points d'attache pour ses muscles, et lui permet de varier ses mouvemens presqu'à l'infini. JEAN-BAPTISTE LAMARCK, Philosophie zoologique, tome 1, 1809, page 138. SYNTAXE : Corps bien/mal constitué, proportionné; corps difforme, disgracié; corps mince, svelte; corps de liane; corps dodu, épais, trapu; corps chétif, amaigri, décharné; corps osseux, squelettique; morphologie, constitution, configuration du corps; silhouette, lignes du corps; parties, partie inférieure, haut du corps; membres, attaches du corps; muscles, organes, veines du corps; beauté, difformité du corps; beau corps; corps harmonieux; (être) beau de visage et de corps; (être) sans défaut de corps; (être) mince de corps; étudier, disséquer le corps humain. — Locution figurée, vieillie. Prendre l'ombre pour le corps. Confondre de trompeuses apparences avec la réalité. [Le sujet désigne deux personnes] Être comme l'ombre et le corps. Être inséparables, ne pas se déplacer l'une sans l'autre. C'est comme l'ombre et le corps. — Spécialement. a) [Le corps féminin par opposition au corps masculin et dans sa représentation poétique] Corps superbe, gracieux, élégant; joli corps; corps de vierge, de fée, de déesse : Ø 4. Tout ton essai a ce même charme grêle, timide et gauche que tu attribues au corps de la femme. La forme des phrases suggère sans cesse cette subtilité frileuse et enveloppée : toujours leur mouvement est juste et reproduit l'inflexion délicieusement déformée du corps féminin. JACQUES RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier] , 1907, page 281. b) [Le corps humain du point de vue des vêtements qui le couvrent] Jeannot avait sur le corps nu un petit pantalon blanc avec des bretelles (ELSA TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, page 111 ). SYNTAXE : Linge* de corps; (re)couvrir, revêtir son corps (d'un vêtement); jeter un vêtement sur son corps; avoir un vêtement autour du corps; (avoir) le corps serré dans un vêtement. · Locution adjectivale. [En parlant d'un vêtement] Près du corps. Très ajusté, sans être tout à fait collant On a beaucoup remarqué l'apparition d'un smoking près du corps en fin lainage bleu pastel (Le Monde. 1969 dans Nouveaux mots "dans le vent" (JEAN GIRAUD, PIERRE PAMART, JEAN RIVERAIN) 1971 ). 2. Par métonymie. a) [Par opposition, explicite ou implicite, à tête et à membres] Partie centrale et massive du corps humain, contenant l'ensemble des organes vitaux, à laquelle viennent s'attacher la tête et les membres (c'est-à-dire le tronc; plus rarement, le buste). Il avait le corps pris dans une cuirasse brune tailladée en petites écailles (GUSTAVE FLAUBERT, Salammbô, tome 2, 1863, page 9 ). SYNTAXE : Inclinaisons de tête et de corps; avoir une grosse tête sur un petit corps; avoir un corps et des membres bien proportionnés. « Il a le corps bien fait, mais les jambes un peu trop courtes. Il a le corps long, le corps tout de travers » (Dictionnaire de l'Académie Française). Pencher, plier le corps en avant; rejeter le corps en arrière. Vêtement, robe qui moule le corps. — Locution adverbiale. À mi-corps. À mi-hauteur du corps, au niveau de la taille, de la ceinture. Portrait à mi-corps. Portrait en buste. — Locution. BOXE. Travailler (un adversaire) au corps. Frapper (un adversaire) à la poitrine et à l'estomac. — Par métonymie. Partie de certains vêtements qui enveloppent le tronc. Corps de chemise, de robe. " Les manches d'un corps. Ce corps est trop long, trop large, trop étroit. Élargir, étrécir un corps " (Dictionnaire de l'Académie Française). Corps d'armure, de cuirasse. · Vieux. Corset : Corps rembourré " pour cacher les défauts de la taille " (Dictionnaire de l'Académie Française). Corps de baleine ou corps baleiné. Corset pourvu de baleines destiné à affiner la taille. Corps piqué. Corps de jupe ou, par ellipse, corps. Corsage d'une robe : Ø 5.... la robe se compose de la jupe et du buste ou corps de la jupe : ensuite toutes les femmes ayant la prétention d'être minces, le corps de la jupe est devenu par courtoisie un petit corps ou corset et il deviendra sans doute un corselet. RÉMY DE GOURMONT, Esthétique de la langue française, 1899, page 207. Remarque : Confer DICTIONNAIRE DU COSTUME ET DE SES ACCESSOIRES, DES RAMES ET DES ÉTOFFES DES ORIGINES À NOS JOURS (MAURICE LELOIR) 1961. b) [Dans quelques locutions] Personne dans sa totalité. — Vieilli, familier. C'est un pauvre corps. C'est un homme sans vigueur et dépourvu d'esprit. Le pauvre corps! (confer Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). C'est un drôle de corps. C'est un homme singulier. C'est un plaisant corps. Je suis un drôle de corps comme disait Chéruel, j'ai cru me connaître dans un temps, mais à force de m'analyser je ne sais plus du tout ce que je suis (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1845, page 49 ). Avoir (une mauvaise affaire) sur le corps. " Être impliqué dans une affaire compromettante, dangereuse " (Dictionnaire de l'Académie Française). — Garde du corps. Garde attaché à la protection d'une personnalité, en particulier d'un homme d'État. Gardes du corps du roi, du général; gardes du corps personnels; uniforme, capitaine, escadron, compagnie, revue des gardes du corps. Par analogie. Il me faut être son garde du corps. Jusqu'au jour où elle prendra mari, s'entend. Je suis relevé de mon serment le jour des noces (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1925, page 20 ). Par extension. Cinq ou six gros chiens capables de dévorer un homme, (...) sont ses gardes du corps (EDMOND ABOUT. La Grèce contemporaine, 1854, page 92 ). Remarque : Confer par ailleurs les locutions passer sur le corps de quelqu'un; à son corps défendant; à corps perdu (infra II B 2 c, e) et répondre de quelqu'un corps pour corps (infra II B 4). — En particulier. DROIT. a ) [Désigne la personne par opposition aux biens matériels] Séparation de corps (et de biens); demande en séparation de corps (et de biens); requérir, prononcer la séparation de corps (et de biens). — Tu ne devrais pas divorcer, Agnès, c'est mal. (...) — Tu peux simplement demander une double séparation de corps et de biens (PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 224 ). · Spécialement. MARINE. [Désigne le navire, par opposition aux marchandises appelées biens] Assurance sur corps; navire (déclaré) perdu corps et biens, qui a péri corps et biens; couler, sombrer corps et biens. Remarque : Corps " A pris aujourd'hui le sens de « passagers » ou d'« équipage » à la suite d'un contresens sur l'expression corps et biens... " (DICTIONNAIRE DE LA VOILE (MICHEL BARBEROUSSE) 1969). ß ) [Désigne la personne en tant qu'elle peut être contrainte physiquement, arrêtée et incarcérée, par voie de justice, en cas d'infraction aux lois] Prise* de corps; jugement, ordonnance, décret de prise de corps; obtenir une prise de corps contre quelqu'un; contrainte* par corps; exercer une contrainte par corps; condamner par corps; appréhender au corps. B.— 1. [Le corps humain du point de vue de la physiologie, sous le rapport de la santé, de la maladie et des différentes phases de son développement] Vieillissement du corps; corps bien portant Elle était bien de corps, mais malade de coeur (ALPHONSE DE LAMARTINE, Graziella, 1849, page 275 ). Le vieux corps était agité d'un tremblement convulsif (GEORGES BERNANOS, L'Imposture, 1927, page 471) : Ø 6.... un corps bien portant qu'il faut soigner est comme un bon outil qu'on doit entretenir; un corps malade est comme une machine qu'on répare; la fatigue, le sommeil, la souffrance livrent le corps aux choses;... PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 326. SYNTAXE : Petit corps d'enfant; frêle corps d'adolescente; merveilleux corps de jeune fille; beau corps de femme; corps sain, vigoureux; corps gracile, frêle; corps courbatu (ré), moulu de fatigue, exténué; corps meurtri, infirme, amputé de ses bras; pauvre corps douloureux; jeune corps musclé; corps courbé par l'âge; fatigue, affaiblissement, maladie, souffrance, détresse du corps; frissonner, trembler, frémir de tout son corps; sentir son corps se glacer. — Locutions. · Prendre corps. Grossir, devenir corpulent, prendre de l'embonpoint. Avoir trop de corps. Il s'était développé tout à coup, avait pris du corps et des muscles (RENÉ MARAN, Batouala, 1921, page 47 ). Spécialement. MANÈGE. [Le sujet désigne un cheval] Avoir du corps. Avoir de larges et longues côtes, bien développées. · N'avoir rien dans le corps.a ) Avoir l'estomac vide, être à jeun.ß ) Être sans vigueur, sans ressort. · [Le sujet désigne un aliment] Tenir au corps. Être très nourrissant. · (Être) en bon/en mauvais corps (vieux) (Être) en bonne/en mauvaise santé (confer Littré). Avoir un corps de fer (Figuré, familier). Être de constitution robuste, être résistant C'est un corps de fer ( Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). Ne pas être traître à son corps (familier). Être attentif à son bien-être (Confer Dictionnaire de l'Académie Française 1835, Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). Faire de son corps une boutique d'apothicaire. (par métaphore, vieilli). Faire un usage abusif des médicaments (Confer Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)) : Faire corps neuf (figuré). [Après une longue maladie] Se rétablir, recouvrer ses forces en ayant le sentiment de revivre (Confer Dictionnaire de l'Académie Française 1835, Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). Spécialement. MANÈGE. [Le sujet désigne un cheval] Être nourri au fourrage frais, être mis au vert. « Ce cheval a fait corps neuf » (Dictionnaire de l'Académie française. 1835). — En particulier. a) [Le corps humain sous le rapport de l'effort physique, du travail] Bourreau de son corps (familier) Personne qui abuse de ses forces, se dépense sans se ménager (Confer Dictionnaire de l'Académie Française 1878-1932). Gagner sa vie, gagner son pain, manger son pain à la sueur de son corps. Gagner sa vie... durement, en travaillant et en se donnant beaucoup de peine. Synonyme usuel : gagner son pain* à la sueur de son front*. « Ce sont de pauvres gens qui gagnent leur vie à la sueur de leur corps » (Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). [Le sujet désigne généralement une personne laborieuse dont les résultats ne sont pas en rapport avec l'effort déployé] Se tuer le corps et l'âme. (Par hyperbole, familier). Se donner beaucoup de mal, user ses forces, s'épuiser. « Il s'est tué le corps et l'âme pour amasser de quoi vivre » (Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). b) [Le corps humain en tant que support matériel de la pensée et de son expression, et des ressources du caractère] Savoir, connaître, voir... ce que quelqu'un a dans le corps. Savoir, connaître... ses pensées dissimulées, ses intentions secrètes. Savoir, connaître... ses possibilités, ses ressources de caractère. Synonymes usuels : familier savoir, connaître... ce que quelqu'un a dans le ventre*. N'avoir rien dans le corps. N'être capable de rien manquer de caractère. Synonyme usuel : familier ne rien avoir dans le ventre*. Faire rentrer à quelqu'un ses paroles dans le corps (figuré, vieilli, familier). Lui faire retirer ses paroles de force (Confer Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ), Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter)). Remarque : Confer infra la remarque : sous B 2 a. — Locution hyperbolique. Pleurer toutes les larmes de son corps. (Confer Honoré de Balzac, Le Cousin Pons, 1847, page 299). c) [Le corps du point de vue de la psychologie, de la philosophie] : Ø 7.... s'il est vrai que j'ai conscience de mon corps à travers le monde, (...) il est vrai pour la même raison que mon corps est le pivot du monde : je sais que les objets ont plusieurs faces parce que je pourrais en faire le tour, et en ce sens j'ai conscience du monde par le moyen de mon corps. MAURICE MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, page 97. — Image du corps. Représentation qu'un sujet a de son corps. Corps objectif. Corps humain en tant qu'il est matériel. [Par opposition à corps subjectif] Corps phénoménal, corps(-)propre, corps-sujet : Ø 8.... la permanence du corps propre, si la psychologie classique l'avait analysée, pouvait la conduire au corps non plus comme objet du monde, mais comme moyen de notre communication avec lui,... MAURICE MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, page 109. 2. [Le corps humain du point de vue de la motricité en général ou appliquée aux exercices physiques, à la lutte.] Motricité, inactivité du corps; corps souple; jeux qui exercent le corps. Je ne savais rien faire de mon corps, pas même nager ni monter à bicyclette (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 162 ). SYNTAXE : Maîtrise, obéissance, mouvements, attitudes, positions, paresse, immobilité du corps; corps flexible, agile, nerveux, musculeux, athlétique; corps sans souplesse. — Locution (souvent à sens figuré) a) Avoir le diable au corps. · [Avec l'idée d'énergie intense, infernale] Déployer une grande activité physique, s'agiter bruyamment; être dans un état de grande excitation. [En parlant d'un enfant] Être remuant, turbulent; ne pas tenir en place. — Voulez-vous me laisser tranquille! Mais vous avez donc le diable au corps tous les deux! (THÉODORE BARRIÈRE, ERNEST CAPENDU, Les Faux bonshommes, 1856, IV, 1, page 142) : Ø 9. Au lieu de mes gros bons chevaux tranquilles d'autrefois, de petits chevaux arabes qui ont le diable au corps, se battent, se mordent, (...) et me brisent mes brancards à coups de pieds... ALPHONSE DAUDET, Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872, page 105. Remarque : À noter, dans le même esprit : Ce louchon d'Augustine qui venait de pratiquer un trou au milieu du marc, en enfonçant une cuiller dans le filtre. — Veux-tu te tenir tranquille! cria Gervaise. Qu'est-ce que tu as donc dans le corps? Nous allons boire de la boue, maintenant (ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 545). Déployer une étonnante activité en y mettant énergie et passion, en faisant preuve de qualités d'esprit, de courage... Je ne sais où il prend tout ce qu'il dit, tout ce qu'il fait est prodigieux, je crois qu'il a le diable au corps, il faut qu'il ait le diable au corps (Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). · Péjoratif. Être agressif, violent; accomplir de mauvaises actions, agir mal. — Avez-vous le diable au corps de vous quereller ainsi? (NÉPOMUCÈNE LEMERCIER, Pinto, 1800, I, 10, page 32 ). b) Couvrir quelqu'un de son corps; faire à quelqu'un un rempart de son corps. M. Castel, craignant (...) que les révolutionnaires n'eussent le projet d'assassiner le prince, ne le quitta pas, résolu à lui faire un rempart de son corps (CHARLES-JULIEN LIOULT DE CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1833, page 151 ). c) Passer sur le corps de quelqu'un. Une fois par terre, leurs tilburys vont vous passer sur le corps (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, page 248 ). Par métonymie de l'objet. Passer sur le corps d'une troupe ennemie. Triompher d'une troupe ennemie en forçant l'obstacle qu'elle représente (confer Dictionnaire de l'Académie Française 1878-1932). Figuré. Passer sur le corps de quelqu'un, sur le corps à quelqu'un. Triompher, par n'importe quel moyen et sans aucun scrupule, d'une personne qui se présente comme un obstacle sur son chemin. d) Figuré, vieilli. Tomber rudement sur le corps de quelqu'un, sur le corps à quelqu'un. Maltraiter quelqu'un en paroles, en sa présence ou à son insu (Confer Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878). e) Locution adverbiale ou adjectivale. À bras*(-)le(-)corps. · Corps à corps. En saisissant l'adversaire directement au corps; corps contre corps; de très près. Lutte, combat corps à corps; se battre, lutter, combattre corps à corps avec quelqu'un; prendre corps à corps quelqu'un. Les deux adversaires se saisirent corps à corps, s'enlacèrent comme deux serpents et se frappèrent avec furie (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 1, 1859, page 54 ). Figuré. De front, face à face : Ø 10.... l'auteur qui ose prendre corps à corps la prudence, l'égoïsme, toutes ces choses prétendues raisonnables derrière lesquelles les gens médiocres se croient en sûreté pour lancer des traits contre les caractères ou les talents supérieurs. GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 3, 1810, page 201. Emploi comme substantif. Un corps(-)à(-)corps. Rudes, furieux corps(-)à(-)corps; éviter le corps(-)à(-)corps avec l'ennemi. Par extension. Le corps à corps purement érotique, étroitement limité au temps du plaisir, n'admet pas non plus les tricheries (ROGER VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, page 108 ). Figuré. Ce que je sais, c'est l'action qui me l'a appris. Le corps à corps avec les réalités (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, pages 990-991 ). · À son corps défendant En se défendant contre une attaque (vieux; confer Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878). Figuré, familier. Contre sa volonté, de mauvais gré. Il a dû, à son corps défendant, emporter cet été à la campagne mon volumineux manuscrit (ROGER MARTIN DU GARD, Notes sur André Gide, 1951, page 1361 ). · Locution adverbiale. À corps perdu. De toutes ses forces, avec une fougue que ne tempère pas la perspective de la fatigue, la crainte du danger. Se jeter, s'élancer à corps perdu dans la mêlée. Fatigué de s'en être tant donné, car les enfants font tout à corps perdu, il s'endormit (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1925, page 40 ). En emploi adjectival, plus rare. Le grand travail à corps perdu dans les blés en retard (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1931, page 202 ). Figuré. Avec passion, sans hésitation et sans mesure, sans retenue et sans prudence. Je me lance à corps perdu dans les lectures religieuses (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1846, page 415 ). 3. [Le corps humain sous le rapport de la sexualité] Corps pétri de désirs; corps enlacés. Le frémissement de son corps voluptueux avouait son amour (PIERRE MILLE, Barnavaux et quelques femmes..., 1908, page 163 ). La jouissance, la grande joie fleurie des corps consentants et complices? (ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 63) : Ø 11.... elle (...) regarda avec pitié son chaste corps intact, (...). Elle savait qu'il aurait droit à toute caresse, et à celle-là, mystérieuse et terrible, après quoi un enfant naîtrait,... FRANÇOIS MAURIAC, Le Baiser au lépreux, 1922, page 168. SYNTAXE : Corps (de femme) humide et voluptueux; corps frigide*; corps amoureux; corps noués l'un à l'autre; corps de femme pantelant d'ardeur; appétits, concupiscences du corps; enlacement de deux corps; jouissances fiévreuses du corps; s'étreindre corps à corps; couvrir un corps de baisers; posséder un corps; jouir d'un corps de femme; être un même corps et une même chair avec une femme; femme qui fait cadeau de son corps, livre son corps à un homme, aux caresses d'un homme; femme qui vend son corps. — Avoir le diable au corps (supra II B 2 a). Se laisser emporter par les passions charnelles. Le diable au corps (roman de Raymond Radiguet). [Le sujet désigne une femme] Être folle; faire folie; faire des folies de son corps (vieilli). Être libertine, mener une vie dissipée. 4. [Le corps humain en tant que symbole de la vie] Faire bon marché de son corps. Ne pas craindre d'exposer sa vie (confer Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1878). Un soldat est habitué à faire bon marché de son corps (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). Répondre de quelqu'un corps pour corps. Répondre de quelqu'un comme de soi-même, en répondre sur sa propre vie. Je connais sa probité, je répondrais de lui corps pour corps (Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). C.— [Le corps humain en tant qu'il est matériel, sous son aspect charnel ou en tant qu'il est mortel, par opposition à âme et à esprit (ou, dans le même ordre d'idées, à pensée, à tête)] 1. [Par opposition à âme " principe de vie de nature spirituelle et immortelle ", dans les conceptions dualistes, chrétiennes en particulier] Le corps est homme, et l'âme est Dieu! (ALPHONSE DE LAMARTINE, Jocelyn, 1836, page 774) : Ø 12. Un journal où l'on pourrait tout dire, qui ne serait pas le journal du corps en rébellion contre l'âme, ni de l'âme opprimant le corps, mais le journal des deux, le journal de l'homme enfin réconcilié avec lui-même. JULIEN GREEN, Journal, 1948, page 191. SYNTAXE : a) De corps et d'âme : (femme) parfaite de corps et d'âme; (être) fort, robuste, faible de corps et d'âme; (être) léger, malade de corps et d'âme; souffrir de corps et d'âme. b) Du corps et de l'âme : connaissance, vie du corps et de l'âme; exigences, lutte du corps et de l'âme; pain, repos du corps et de l'âme; santé, infirmités, tortures, du corps et de l'âme; netteté, grâce du corps et de l'âme. c) Autres syntaxe Union, relations de l'âme et du corps; subordination du corps à l'âme; souffrir dans son corps et dans son âme. — [L'opposition est implicite] Corps de chair; corps terrestre et passager; dompter le corps; mortifier son corps. Trois fois j'ai purifié mon corps par de longues ablutions (MAXIME DU CAMP, Mémoires d'un suicidé, 1853, page 185 ). Il [le vent de la montagne] nous reprochait la vanité de nos oeuvres, la turpitude de nos corps (GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1856, page 532) : Ø 13. Le christianisme est bien dans vos moelles, et votre fameuse démoralisation d'après guerre, (...) a restauré la notion de péché. La notion de péché sans la grâce, imbéciles! Vous méprisez votre corps parce qu'il est l'instrument du péché. GEORGES BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, page 969. — Corps et âme*; corps sans âme*; avoir l'âme* (bien) chevillée au corps. — HÉRALDIQUE. [Par opposition à âme* d'une devise] Corps d'une devise. Figure emblématique représentée dans la devise. 2. [Par opposition à esprit " principe et siège des facultés intellectuelles ", ou, dans le même ordre d'idées, à pensée, à tête] On voit trop, dans la plupart des amants, leurs esprits s'ignorer aussi naturellement que leurs corps se connaissant (PAUL VALÉRY, Variété I, 1924, page 80 ). Une guerre est une épreuve de force qui (...) juge les corps mais aussi les esprits et les coeurs (FRANÇOIS MAURIAC, Journal du temps de l'occupation, 1944, page 307) : Ø 14. Il faut détruire l'antagonisme du corps et de l'esprit, non pas en égalant les deux termes, mais en portant l'un des termes à l'infini, de sorte que l'autre s'anéantisse et devienne comme zéro. Cela fait, accordez au corps ses jouissances; car les lui refuser, ce serait supposer que ces misères ont quelque valeur. ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 404. SYNTAXE : a) Le corps et l'esprit : lutte entre le corps et l'esprit; nourrir, reposer le corps et l'esprit. b) Du corps et de l'esprit : vie, forces, santé, aliment du corps et de l'esprit. c) De corps et d'esprit : occupation, fatigue, misère de corps et d'esprit; (être) sain, agile, faible, malade de corps et d'esprit. d) D'esprit et de corps : activité, repos, abattement d'esprit et de corps; (être) heureux, fatigué d'esprit et de corps. D.— Spécialement. RELIGION CHRÉTIENNE. Corps du Christ (en latin Corpus Christi), corps de Notre Seigneur. Corps humain qu'a pris le Christ par l'Incarnation (Confer Dictionnaire de culture religieuse et catéchistique (LOUIS E. MARCEL), 1938). Remarque : " Ce raffinement de la philosophie platonicienne qui a fourni à l'auteur de l'évangile de Jean, le seul morceau théologique qui se trouve dans les évangiles. " Le verbe prit un corps; il habita parmi nous, et nous avons vu sa gloire; c'est celle du fils unique du Père." " (Charles-François Dupuis, Abrégé de l'origine de tous les cultes, 1796, page 386). — Représentation du corps du Christ sur la croix : Ø 15. Le prêtre se releva pour prendre le crucifix; (...) collant ses lèvres sur le corps de l'Homme-Dieu, elle y déposa de toute sa force expirante le plus grand baiser d'amour qu'elle eût jamais donné. GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 180. — [Le corps, et le sang du Christ en tant qu'ils sont substantiellement présents dans le sacrement de l'Eucharistie, le premier sous l'apparence du pain ou de l'hostie, le second sous l'apparence du vin (confer Saintes Espèces)] : Ø 16. Le prêtre après qu'il a consommé le pain reçoit la substance de Jésus-Christ Sous une espèce liquide, Le corps concomitant au sang, Dieu au corps par le Verbe réuni Tient dans ce calice qu'il vide, ... PAUL CLAUDEL, Poèmes de guerre, Le Précieux sang, 1916, page 533. · Recevoir le corps du Christ. Recevoir l'hostie, le sacrement de l'Eucharistie; communier. Tu reçus pour la première fois le corps de Notre-Seigneur-Jésus-Christ. (...) la communication du corps de Notre-Seigneur guérit tous les maux (CHARLES PÉGUY, Le Mystère de la charité de Jeanne-d'Arc, 1910, page 61 ). — Corpus Christi. " Nom latin officiel de la Fête-Dieu " (Dictionnaire de la foi chrétienne (OLIVIER DE LA BROSSE, ANTONIN-MARIE HENRY, PHILIPPE ROUILLARD), tome 1, 1968). — Vieux ou régionalisme, locution interjective employée comme juron. Corps(-)Dieu! Oloferno, se débattant Corps-Dieu! (VICTOR HUGO, Lucrèce Borgia, 1833, III, 1, page 153 ). E.— [Le corps humain sous le rapport de la mort; souvent en opposition avec âme dans une perspective religieuse] Corps mortel, périssable (confer supra II C). Elle restait là, (...) à sentir son corps s'en aller un peu plus, d'heure en heure (ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 32 ). Le sentiment de liberté que doit nous donner la mort, quand nous sommes désempêtrés du corps physique (JULIEN GREEN, Journal, 1936, page 53 ). — Corps expirant, mourant, agonisant Nous trouvons le spasme au bout de l'ombre. Il secoue un corps à l'agonie. Ce corps, nous l'avons reconnu. (...) c'est Bernier qui râle (GASTON LEROUX, Le Parfum de la dame en noir, 1908, page 136 ). Corps et âme qui se séparent; trancher les liens du corps et de l'âme; âme qui abandonne un corps. La chaleur s'éteindra comme la chaleur d'un corps que l'âme vient d'abandonner, et la vie disparaîtra (JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 195 ). — Corps mort ou, par ellipse et plus fréquemment, corps. Cadavre : Corps inerte et raidi; corps glacé par le trépas; corps d'un défunt : Ø 17. Entre le cadavre et le corps il y a une différence telle, que le cadavre n'est pas le corps. Le cadavre est un autre corps : il sera la matière, si vous voulez le nommer ainsi; mais il n'est pas le corps. L'être, comme dit Apollonius, a cessé de se manifester; de visible qu'il était, il est devenu latent ou invisible; et en devenant invisible, il a laissé dans le monde visible un cadavre. PIERRE LEROUX, De l'Humanité, de son principe et de son avenir, tome 2, 1840, page 451. — (Chambre) où repose un corps; veiller le corps; (procéder à) la levée du corps; enlever le corps; suivre le corps à l'église; départ du corps pour le cimetière; accompagner, porter le corps au cimetière; mettre, porter un corps en terre; descendre le corps dans la tombe; couvrir le corps de terre; enterrer, ensevelir un corps; inhumer le corps. Corps en décomposition; crémation du corps; restes d'un corps; embaumer, incinérer un corps; faire don de son corps; léguer son corps (à la faculté de Médecine), faire l'autopsie d'un corps. Quand nous mourons, vieux ou bambin, On vend le corps au carabin (PIERRE-JEAN DE BÉRANGER, Chansons, tome 3, 1829, page 232 ). Je veux que mon corps soit déposé dans un mausolée (ÉLÉMIR BOURGES. Le Crépuscule des dieux. 1884, page 341 ). — Spécialement. RELIGION CATHOLIQUE. · Résurrection* des corps. La résurrection des corps humains détruits par la mort n'est ni une oeuvre impossible à Dieu, ni une oeuvre indigne de lui (ÉTIENNE GILSON. L'Esprit de la philosophie médiévale, 1931, page 198 ). · Corps pneumatique ou spirituel, par opposition à corps psychique ou animal. " L'homme rené de l'Esprit de Dieu (I Co 15, 44) et promis à la résurrection avec le Christ et à la vie éternelle " (Foi tome 1 1968), par opposition à " l'homme vivant, après le péché " (Foi tome 1 1968) : Ø 18.... les dons du Saint-Esprit dont nous nourrissons notre corps spirituel sont appuyés sur cette bonne volonté en nous dont tout le mérite consiste dans sa pureté inaltérable. PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, page 183. Remarque : " Le corps qui nous est promis est un corps spirituel, suivant ce texte de saint Paul (I Corinthiens XV, 44-49) : est semé le corps animal, ressuscitera le corps spirituel. S'il est un corps animal, il en est aussi spirituel ainsi qu'il est écrit (saint Paul fait sans doute ici allusion à ce verset de la Genèse (II, 7) où Dieu insuffle dans les narines d'Adam un spiracle de vie) : ... " (PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la croix, 1938, page 183). · Corps glorieux. Corps des Bienheureux transfiguré par la résurrection : Ø 19.... l'âme à son tour renaîtra à la vie totale dans un corps spirituel : car il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité. (...) Cette foi en la résurrection des corps glorieux (...) résout enfin les contradictions de l'émotion, en nous rétablissant dans une unité qui défie toutes les séparations. JULES VUILLEMIN, Essai sur la signification de la mort, 1949, page 260. Par plaisanterie. C'est un corps glorieux. C'est une personne qui ne semble pas soumise à certaines nécessités physiologiques (confer Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER)). Ce n'est pas un corps glorieux. — Corps(-)saint. Dépouille mortelle d'un saint. « On trouva dans cette église plusieurs corps-saints » (Dictionnaire de l'Académie française. ). Locution. Enlever quelqu'un comme un corps(-)saint. " L'enlever de vive force et sans qu'il ait le temps de résister " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). Remarque : DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ) précise : " Ainsi écrite, cette locution est inintelligible; (...) voyez-en l'explication à corsin qui est une bonne orthographe, celle-ci étant tout à fait vicieuse. [corsin : usurier, négociant en argent. (...) (les Lombards et hommes d'argent étaient, dans le moyen âge, exposés à de fréquentes violences)] (...) comme on ne comprenait plus la locution, on y a attaché un sens tout opposé et en rapport avec corps saint, c'est-à-dire enlever en pompe et avec honneur, (...) ". III.— Par analogie. [Par référence aux idées dominantes attachées à la notion de corps humain] A.— [Par référence au corps humain en tant qu'il est matériel] 1. PHYSIQUE, CHIMIE. Ensemble inorganique de molécules. Par opposition à corps vivant, organisé, animé (supra I). Corps inanimé, inorganique, inorganisé; étude, propriétés des corps. Tout corps brut ou inorganique n'a l'individualité que dans sa molécule intégrante (JEAN-BAPTISTE LAMARCK, Philosophie zoologique, tome 1, 1809, page 378) : Ø 20.... le poids d'un corps est proportionnel à sa masse; d'autre part, (...) la masse d'un corps est quelque chose d'invariable, de fondamental et de persistant, à travers toutes les modifications que le corps est susceptible d'éprouver... AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 183. — Corps célestes. Astres, planètes autres que la terre. Mouvements, trajectoire des corps célestes. Corps planétaires. Corps célestes, appartenant au système solaire. Le grand foyer de l'attraction est le soleil, qui l'exerce sur tous les corps planétaires qu'il fait tourner autour de lui (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 271 ). [Mécanique céleste] Problème des trois corps (confer Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). — HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE. [Chez Épicure] Petits corps. Synonyme : atomes*. — [Du point de vue de la physique] Substance, dimensions d'un corps; conductibilité, densité d'un corps; corps physiques; corps solides, fluides, liquides, gazeux; corps soluble, friable, résistant, combustible, réfractaire, radioactif. Corps électriquement neutre, isolant, semi-conducteur (confer Nouveau dictionnaire étymologique (PIERRE NEYRON) 1970). — [Du point de vue de la chimie] Corps chimiques, acidité d'un corps; corps oléagineux, minéral, neutre, instable, toxique, putrescible. · Corps (pur) simple. Corps constitué d'une seule sorte d'élément chimique, que l'on ne peut pas décomposer et qui est le terme ultime de l'analyse (confer Duval 1959, page 881 et Dictionnaire de chimie (LÉON-MAURICE GRANDERVE) 1962). Synonymes : Corps élémentaire, élément chimique. · Corps pur composé. Corps constitué par la combinaison (et non le mélange) de deux ou plusieurs corps purs simples dans un rapport fixe et possédant donc des constantes physiques et chimiques (confer Duval 1959, page 881 et Dictionnaire de chimie (LÉON-MAURICE GRANDERVE) 1962). Corps composé. Corps composé pur mélangé à d'autres corps (Confer Dictionnaire de chimie (LÉON-MAURICE GRANDERVE) 1962). · Corps pur. Corps pur, simple ou composé que caractérise l'identité de toutes ses molécules, (constituées ou non d'atomes différents), où l'analyse révèle toujours les mêmes éléments dans des proportions invariables et dont les propriétés physiques et chimiques sont constantes (Confer Dictionnaire atomique (VICTORIN CHARLES) 1960 et Dictionnaire de chimie (Léon-Maurice Granderve) 1962). · Corps gras (neutre). " Graisses ou huiles animales et végétales (...) " (Dictionnaire de chimie (LÉON-MAURICE GRANDERVE) 1962). 2. Par extension. a) Objet matériel quel qu'il soit : Ø 21. Cette coquille m'a servi, excitant tour à tour ce que je suis, ce que je sais, ce que j'ignore... (...) ce petit corps calcaire creux et spiral appelle autour de soi quantité de pensées, dont aucune ne s'achève... PAUL VALÉRY, Variété V, 1944, page 37. b) Spécialement. — DROIT CIVIL. Corps certain. Chose caractérisée par sa matérialité et son individualité et qui n'est donc pas interchangeable (confer Vocabulaire juridique (HENRI CAPITANT), 1936, Lexique de termes juridiques (Raymond Guillien, Jean Vincent), 1971 et Dictionnaire de droit de A. Perraud-Charmantier (Raymond Barraine) 1974). Antonymes : chose fongible*, chose de genre*. DROIT PÉNAL. Corps du délit (corpus delicti). Objet qui constitue et prouve le délit. Confiscation du corps du délit. Si nous avons été condamnés en Amérique, nous ne le serions jamais en Europe, car devant des juges européens le corps du délit manqueroit (HONORÉ DE BALZAC, Annette et le criminel, 1824, page 65 ). — MARINE. Corps flottant Bouée, coffre... Corps(-) mort. Dispositif de mouillage solidement établi à un point fixe, comportant notamment une chaîne, maintenue en surface par un corps flottant, à laquelle peuvent s'amarrer des bâtiments. La dilatation des eaux irrésistibles détache de la boue, allège comme des bouchons les pontons et les corps-morts (PAUL CLAUDEL, Connaissance de l'Est, 1907, page 98 ). Remarque : " On appelle encore corps-morts, les ancres, canons, pieux, boucles, anneaux, qui sont employés comme points d'arrêt pour les câbles ou amarres que les bâtiments, dans un port, peuvent avoir besoin de fixer le long des quais " (Le dictionnaire de la marine à voile (PIERRE-MARIE-JOSEPH DE BONNEPOUX), Edmond Paris) 1859). — MÉDECINE. Corps étranger. Corps inanimé, provenant de l'extérieur ou formé sur place (caillot de sang, calcul, fragment d'os, etc.), dont la présence anormale dans l'organisme peut être cause de complications, particulièrement à certains endroits (organe, conduit, etc.). Vous pouvez guérir. La balle deviendra un corps étranger bien toléré (PAUL BOURGET, Le Sens de la mort, 1915, page 159 ). · Corps flottant Corps étranger mobile dans le corps vitré de l'oeil (Confer Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) tome 1 1970). Remarque : Corps vitré, infra B 3 c. c) Régionalisme (Canada) Corps(-)mort. Arbre abattu, mort par suite d'une tempête ou de son grand âge. Une terre à bois pillée, remplie de corps morts qu'on n'a pas su utiliser quand il en était temps (ADRIEN THÉRIO, La Soif et le mirage, Montréal, Cercle du Livre de France, 1960, page 222 ). 3. Par métonymie. a) [Pour signifier la nature d'une matière] a ) [Épaisseur, solidité, tenue... en parlant de choses plus ou moins minces, souples... par nature] " Une étoffe qui a du corps " (Dictionnaire de l'Académie Française). " Ce parchemin, ce papier n'a pas de corps, n'a pas assez de corps " (Dictionnaire de l'Académie Française). " Cette lame d'épée est bien mince, elle n'a point de corps " (Dictionnaire de l'Académie Française). Il fume. Il regarde sa fumée. Elle se déploie hors de sa pipe comme une chose vivante; elle a du corps (JEAN GIONO, Regain, 1930, page 234 ). — TYPOGRAPHIE. Corps d'un caractère. Épaisseur, mesurée verticalement, de la tige de plomb qui supporte toute la lettre, hampe et jambage compris, exprimée en points typographiques. " Ce caractère est fondu sur le corps dix, sur le corps douze " (Dictionnaire de l'Académie Française). Force de corps d'un caractère. Remarque : Confer corps d'une lettre, infra A 3 b. ß ) [Consistance, en parlant de substances plus ou moins liquides par nature] " Ce sirop n'est pas assez cuit, il n'a pas assez de corps " (Dictionnaire de l'Académie Française). " Cet onguent, cet emplâtre a trop peu de corps " (Dictionnaire de l'Académie Française). Pour donner corps à son potage, il trempait un épi dans la jarre d'huile de noix et se contentait de le laisser s'égoutter sur l'écuelle (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1925, page 25 ). — En particulier. [Par référence au corps humain matériel en tant qu'il est le siège de la force physique] · [En parlant d'une boisson alcoolisée, surtout d'un vin] Force, vigueur. " Un vin qui a du corps, qui n'a point de corps, qui prend du corps " (Dictionnaire de l'Académie Française). · Figuré. Plus le style a de corps, plus il est moral (JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 1, 1824, page 319 ). Le chant naturel (...) est plein et soutenu sans le secours de l'harmonie; (...) nulle musique n'a autant de corps ni autant de force (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, page 114 ). ? ) Locutions verbales figurées. — [Le sujet désigne une chose abstraite] Prendre corps. · Devenir perceptible, sensible, comme matériel; se matérialiser. Cet être de délicatesse et d'ineffable douceur, c'est le songe même du poète ayant pris corps dans une vision à la fois réelle et symbolique (PAUL BOURGET, Nouveaux Essais de psychologie contemporaine, préface. 1885, page 97 ). Dans cette pièce, où tous les six, muets, nous nous tenions, ce silence prenait corps dans une pâte humaine (HENRI BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 275 ). · Prendre forme, se préciser, devenir consistant, prendre de l'importance et de la réalité. Désir, crainte qui prend corps; soupçons qui prennent corps. Il faut que l'idée de révolution sociale prenne corps dans des revendications précises (JEAN JAURÈS, Études socialistes, 1901, page 105 ). Alors commença de prendre corps dans les journaux parisiens la honteuse légende de la captivité agréable et dorée (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 129 ). — [Le complément d'objet désigne une chose abstraite] Donner (un/du) corps à quelque chose. · Donner (un) corps à quelque chose Lui donner forme, précision, consistance; lui donner de la réalité, le matérialiser; le réaliser, le concrétiser. Donner corps à l'espoir, à l'ambition, à une oeuvre; donner un corps à une idée, à une théorie, à des rêves. L'écriture donne un corps à la parole en la mettant sous les sens (LOUIS-GABRIEL A. DE BONALD, Législation primitive considérée dans les derniers temps par les seules ténèbres de la raison, tome 2, 1802, page 9 ). La métaphore vient donner un corps concret à une impression difficile à exprimer (GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace, 1957, page 79 ). · Donner du corps à quelque chose Lui donner plus de consistance, plus de réalité. Donner quelque corps à quelque chose; donner quelque corps à une hypothèse. Si mon mari avait été gravement malade, cela aurait donné du corps à tous ces potins (FRANÇOIS MAURIAC, Le Noeud de vipères, 1932, page 146) : Ø 22. L'imagination donne du corps aux idées et leur crée des types et des symboles vivants qui sont comme la forme palpable et la preuve d'une théorie abstraite. ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète, 1824, page 880. b) [Par référence au corps, et en particulier au tronc (confer supra II A 2) en tant qu'il est le contenant des organes corporels vitaux] Partie, élément qui, du fait de sa masse, de sa situation, de sa constitution, de sa fonction... constitue la partie, l'élément central et essentiel de quelque chose, par opposition à ce qui est relativement accessoire. a ) ANATOMIE ANIMALE et HUMAINE. Partie centrale, principale de certains os, muscles ou organes. · Corps d'un os : corps de l'os hyoïde, d'une phalange, du sphénoïde, du sternum. Partie moyenne de l'os hyoïde, d'une phalange... (confer Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) tome 1 1970). Corps du fémur, corps de l'os maxillaire supérieur. Corps vertébral. " Partie antérieure, renflée et cylindrique, d'une vertèbre. (...) " (confer Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) tome 1 1970). Corps des vertèbres, corps de l'atlas. Corps d'un muscle, corps du biceps brachial. Corps d'un organe : corps du clitoris, corps de la verge, corps du pancréas, corps de la vésicule biliaire. ß ) BOTANIQUE. Corps ligneux. Dans les branches, la tige ou la racine de certains végétaux, zone ligneuse, centrale entre la moelle et l'écorce. On n'a pas idée de la nappe qui circule dans un corps ligneux adulte pour répondre à son besoin d'eau (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, page 17 ). ? ) ARCHITECTURE. Corps de logis ou corps de bâtiment. Partie centrale, ou la plus massive d'un bâtiment (isolé ou compris dans un ensemble), souvent par opposition aux ailes* où à des annexes diverses. Le pavillon (...) était situé au fond du jardin et dans un isolement complet (...) l'écurie se trouvait dans un des corps du logis de l'hôtel (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 1, 1859, page 314 ). L'hôtel se dressait, ayant aux angles deux pavillons, deux sortes de tours engagées à demi dans le corps du bâtiment (ÉMILE ZOLA, La Curée, 1872, page 331 ). — FORTIFICATIONS. Corps d'une place ou d'une forteresse. " La place ou la forteresse considérée, abstraction faite de ses dehors " (Dictionnaire de l'Académie Française). « Les assiégeants avaient pris les dehors, et étaient attachés au corps de la place » (Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). d ) MARINE. Corps d'un bateau, d'un navire... Coque du bateau, du navire... sans les ponts, les mâts, les voiles... Corps de voile. Chacune des voiles principales d'un navire. e ) Dans le domaine des écrits. Corps d'un livre, d'un ouvrage... Développement de la pensée de l'auteur, texte même, par opposition aux pages préliminaires, aux commentaires marginaux, aux appendices, tables et index divers. Corps d'un chapitre; corps d'un journal, d'un article. Pour le numéro d'août, dans le corps de la revue, un article sur le Saint-Jean-de-la-Croix de Jean Baruzi (CHARLES DU BOS, Journal, 1924, page 48 ). · Dans le domaine épistolaire. Corps d'une lettre, d'une missive... Texte même, par opposition aux indications secondaires (date, formule de politesse, signature...). Remarque : Confer corps d'une lettre infra A 3 b ? ? ) TECHNOLOGIE et divers. [Dans une machine, un appareil, une pièce...] Partie essentielle, centrale ou la plus massive. Corps de bibliothèque, de meuble, de chauffe, de roue (confer Grand Larousse encyclopédique en dix volumes), corps de charrue (confer Dictionnaire encyclopédique Quillet 1965), corps de palier (confer Poignon 1967), corps de poulie (confer Bonn.-Paris 1895), corps de pompes (centrifuge) (confer Dictionnaire technique de l'eau et des questions connexes (RENÉ COLAS, RENÉ CABAUD, PAUL VIVIER) 1968 et Dictionnaire français de minéralurgie, Aurillac, 1972). Corps de poêle. " Partie comprise entre le socle et la corniche " (Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER)). Des lignes (...) qu'interrompaient avec symétrie de grands corps de cheminées (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 88 ). · Corps de violon, de guitare. Partie creuse du violon, de la guitare, le manche n'étant pas compris. Corps de harpe. « Dans la harpe, le corps est concave et comprend le dos et la table d'harmonie de l'instrument » (Dictionnaire général de l'art musical (PAUL ROUGNON) ). · Corps d'une lettre (de l'alphabet). Principal trait parmi ceux qui dessinent une lettre. B.— [Par référence au corps humain en tant qu'il constitue un assemblage qui est un modèle d'unité organique autonome; selon les emplois, l'accent est mis sur l'une ou plusieurs de ces idées dominantes] 1. [Le corps comme symbole d'union] a) Locutions verbales figurées. — [Seulement en parlant de personne] Ne former qu'un corps; ne faire qu'un corps (et qu'une âme) : Ø 23. Et il n'y a point de chefs, ni de soldats, mais chacun Garde sa partie comme un musicien, et ils ne forment qu'un corps. PAUL CLAUDEL, Tête d'or, 2e. version, 1901, page 268. — [En parlant de deux ou plusieurs personnes ou choses] Faire corps avec. Être solidaire de, être uni à, ne faire qu'un avec; adhérer à, ne former qu'un tout, qu'une masse avec. Je faisais corps tout entier avec une sorte de volonté droite, dont je sentais le poids, entre mes deux seins (HENRI BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 75 ). Les conséquences (...) dépendent de la décision et font corps avec elle (VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 213 ). · Faire corps. « Ces deux branches font tellement corps ensemble, qu'il est presque impossible de les séparer » (Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). Que deviendrons-nous (...) si nous ne faisons pas corps, solidement? Unis, nous sommes invincibles (EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, page 180 ). b) Spécialement. RELIGION. Corps du Christ, corps de l'Église, corps mystique (du Christ). « Corps du Christ, unité organique des chrétiens rattachés, dans leur corps même (...) par les rites du baptême (...) et de l'Eucharistie (...) au corps du Christ ressuscité et vivifié, par l'Esprit » (Dictionnaire de la foi chrétienne (OLIVIER DE LA BROSSE, ANTONIN-MARIE HENRY, PHILIPPE ROUILLARD) 1968) : Ø 24. — Par notre union au Christ, son chef, dans l'unité visible de l'Église, le corps des fidèles est restitué à Dieu. — Il faut communiquer au Christ. Pour tenir à la tête, il faut être corps. Nous sommes corps de l'Église par notre soumission à la forme, c'est-à-dire aux pasteurs légitimes, et par notre participation à la vie, c'est-à-dire aux sacrements qui en sont les canaux. PAUL CLAUDEL, Correspondance [avec André Gide] , 1899-1926, page 65. 2. [Le corps comme symbole d'unité d'organisation des personnes] Groupe de personnes constitué en ensemble plus ou moins organisé du fait de liens divers, d'intérêts communs et solidaires. Tout corps existant a droit à sa conservation (ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu 1807, page 15 ). SYNTAXE : Formation, organisation, ensemble, intérêts, d'un corps; élément(s), membre(s) d'un (même) corps; visite, repas de corps. « Corps respectable, influent, vénéré » (Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878). Entrer dans un corps, appartenir à un corps. « Il a été agrégé au corps, reçu dans le corps » (ibidem). Faire, former un corps à part; faire corps à part (confer Dictionnaire de l'Académie Française). — Locution adverbiale. En corps. Tous les membres de la collectivité, du corps, étant unis et solidaires : Ø 25.... ils se déclarent en corps contre l'État, ils s'insurgent en corps contre l'État, mais cette déclaration même, mais cette insurrection même, ils ne la font que comme corps de l'État, et au titre d'un corps de l'État. CHARLES PÉGUY, L'Argent, 1913, page 1209. Remarque : Confer infra les locutions esprit de corps et en corps constitué. — En particulier. a) [Au plan social, professionnel] Corps social; corps de la noblesse; corps enseignant, corps professoral; corps médical; corps savant; corps ecclésiastique, corps épiscopal; corps des avocats; corps des guides. Ces quatre-vingts petites ingénues qui composent le corps de ballet (EDMOND ABOUT, Le nez d'un notaire, 1862, page 17 ). Les chevaliers, c'est-à-dire le corps aristocratique, ne prirent pas part à cette insurrection (NUMA-DENIS FUSTEL DE COULANGES, La Cité antique, 1864, page 487 ). · Corps de métier. Ensemble organisé de personnes exerçant la même profession (confer corporation). HISTOIRE. [Sous l'Ancien Régime] Corps (de) marchands. Ensemble organisé et régi par des statuts particuliers, des personnes exerçant le même commerce. « Il y avait autrefois, en France, six corps des marchands. Les merciers étaient un corps séparé des drapiers » (Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). Esprit de corps. Esprit de solidarité existant entre les membres d'un même corps de métier. Par extension, esprit de solidarité, communauté de pensée... qui existe entre les différents membres de tout groupe. Esprit de corps exclusif et hostile; avoir, entretenir un esprit de corps; manquer d'esprit de corps; esprit de corps qui aveugle : Ø 26. — La superbe? reprit le père Felletin. Ne la confondez-vous pas avec l'esprit de corps qui est une fierté mal placée, injuste quelquefois, mais qui est issue de la solidarité de gens vivant ensemble, enfermés, et dont le champ de vision est fatalement restreint. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 1, 1903, page 215. b) [Au plan politique, institutionnel] Corps d'un État, d'un royaume; corps judiciaire, de la magistrature; corps administratif, corps d'origine (confer Vocabulaire de l'administration (AGENCE DE COOPÉRATION CULTURELLE ET TECHNIQUE) 1972); Corps diplomatique (confer Lexique de termes juridiques (RAYMOND GUILLIEN, JEAN VINCENT), 1971); corps consulaire; corps municipal; corps conservateur. — En dehors des corps académiques reconnus par l'État, lui dit le secrétaire, il existe nombre de petites sociétés savantes (JULES FLEURY-HUSSON, DIT CHAMPFLEURY, Les Bourgeois de Molinchart, 1855, page 260 ). · Corps constitué(s) DROIT. " Organe collectif ayant une existence permanente (...) et une constitution unitaire (...), et investi d'une part de l'autorité ou d'une participation à l'administration publique " (Vocabulaire juridique (HENRI CAPITANT)). Remarque : VOCABULAIRE JURIDIQUE (HENRI CAPITANT), 1936 précise : " L'expression est employée d'ailleurs dans des acceptions d'étendue inégale. Au sens de la loi sur la presse (Loi du 29 juillet 1881, article 30), les « corps constitués », que la loi distingue à la fois et des « cours et tribunaux » et des « administrations publiques », comprennent les assemblées législatives ". Usuel. a ) [Par opposition aux assemblées législatives] Organes de l'Administration et tribunaux prévus par la Constitution. ß ) " (...) surtout à l'occasion des cérémonies officielles, (...) réunion des représentants des activités participant au fonctionnement de l'État " (Vocabulaire de l'administration (AGENCE DE COOPÉRATION CULTURELLE ET TECHNIQUE) 1972). Recevoir l'hommage des corps constitués. Remarque : Grand Larousse de la Langue française en six volumes enregistre la locution figurée " venir en corps constitué venir en groupe résolu et organisé pour prendre une décision grave ". · Grands corps de l'État. Corps de hauts fonctionnaires ne faisant pas partie des administrations centrales, particulièrement Conseil d'État, Cour des comptes et Inspection générale des Finances. · Corps politique. a ) Ensemble des citoyens considérés en tant qu'ils exercent des droits politiques. ß ) Groupe organisé intervenant de façon active et suivie dans la vie politique d'un état. Mais est-il nécessaire que le clergé soit un corps politique dans l'État (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, tome 2, 1817, page 222 ). · Corps électoral. Ensemble des citoyens jouissant du droit de vote. La méthode, contraire aux traditions démocratiques, qui consisterait à appeler le corps électoral à se prononcer par voie de référendum sur un projet de constitution (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 257 ). · HISTOIRE. a ) [Dans différentes Constitutions] Corps législatif. Assemblée délibérante chargée de voter les lois. ß ) [Sous l'Ancien Régime] Corps intermédiaires. Groupes se situant entre le pouvoir politique central et le corps électoral et représentant des intérêts intermédiaires (confer Vocabulaire de l'administration (AGENCE DE COOPÉRATION CULTURELLE ET TECHNIQUE) 1972). La monarchie (...) est entourée de corps intermédiaires qui la soutiennent à la fois et la limitent (BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, De l'Esprit de conquête et de l'usurpation, 1813, page 186 ). c) [Dans l'organisation militaire] Unité militaire plus ou moins importante, jouissant d'une certaine autonomie. SYNTAXE : Corps de régiment, de garnison; rejoindre son corps; corps d'armée; général de corps d'armée; corps de troupe(s); corps de bataille; corps aérien; corps de réserve, (par opposition) corps actif. · En particulier. Ensemble des militaires de certaines armes spéciales, de certains services. Corps d'artillerie, d'infanterie, de cavalerie; corps alpin, colonial, blindé; corps léger d'intervention; corps sanitaire, corps de santé. On ne double pas, pour de simples manoeuvres, les troupes du corps d'observation sur la frontière (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 504 ). Corps expéditionnaire. Corps spécialement formé pour accomplir une expédition lointaine. Corps(-)franc. a ) Petit groupe militaire formé sur la base du volontariat spécialement constitué et entraîné pour s'acquitter d'opérations isolées et délicates. ß ) Groupe plus ou moins important de volontaires levé en temps de guerre, hors du cadre de l'armée, dans des circonstances exceptionnelles. Corps francs du maquis (ROGER VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, page 180 ). Ils [les Français] ont été ahuris de voir (...) les antimilitaristes prendre la tête de corps-francs pour poursuivre la lutte malgré l'armistice (ROGER VAILLAND, Drôle de jeu, 1945 page 50 ). Corps de garde. Groupe de soldats chargé d'assurer la garde d'un poste, d'un bâtiment de l'armée. Corps de garde avancé; établir un corps de garde. Synonyme moderne : poste* de garde. Par métonymie. Local où se tient le corps de garde. Salle, atmosphère, veillées du corps de garde; emmener quelqu'un au corps de garde, passer la nuit au corps de garde. [Par référence à la façon dont peuvent se comporter des soldats entre eux pendant les heures de garde] Langage, expressions, plaisanteries, histoire, couplets... de corps de garde. Langage, expressions... que caractérise la vulgarité. Récits exacts de toutes les querelles de cabaret, de toutes les grossièretés de corps de garde, de toutes les rixes d'ivrognes (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 2, 1836, page 338 ). Spécialement. Ensemble des militaires constituant les cadres d'une armée, d'une arme, d'un service. Corps des officiers, corps de l'Intendance; corps d'état-major. Ensemble des officiers sans commandement de troupes attachés à un officier supérieur, à un général dont ils constituent l'état-major. 3. [Le corps comme symbole ou principe d'unité d'organisation des choses] Ensemble d'éléments dont la réunion forme un tout organisé. a) Ensemble formé par la réunion de textes relatifs à un même domaine. Synonyme : souvent vieilli de corpus*. " Corps des poètes grecs, des poètes latins. Le corps des historiens de France, des historiens d'Allemagne. C'est un grand corps, un beau corps d'histoire " (Dictionnaire de l'Académie Française). Corps de droit civil, de droit canon; corps de lois; corps de règles juridiques, de règles morales; corps de connaissances. « Il faut rassembler toutes ces pièces et en faire un corps » (Dictionnaire de l'Académie française. ). — Locution adverbiale. En corps. Je ne prétends pas (...) rassembler en corps ce qui est partout disséminé dans les livres ou dans la mémoire des érudits lorrains (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 8, 1909-11). b) Ensemble organisé d'entités matérielles ou intellectuelles. · Corps de doctrine. Ensemble de principes formant une doctrine. Corps de doctrines religieuses, corps de doctrine scientifique; corps de doctrine conforme aux traditions; créer un corps de doctrine; rassembler, réunir en corps de doctrine. — Spécialement. · DROIT. Corps de preuves. Faisceau concordant de preuves partielles de différentes sortes dont l'ensemble constitue la preuve complète qui établit un fait. · FORTIFICATIONS. Corps de place. Ensemble des ouvrages constituant l'enceinte continue de la place (Confer Grand dictionnaire universel du XIXe. et du XXe. siècle siècle (Pierre Larousse); voir par ailleurs supra III A 3 b ? corps d'une place ou d'une forteresse). · MARINE. Corps de voilure. Ensemble des voiles du navire (Confer Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER); voir par ailleurs supra III A 3 b d corps de voile). · MATHÉMATIQUES MODERNE. Ensemble muni de deux lois internes de composition (addition, multiplication) (Confer Dictionnaire de mathématiques (LUCIEN CHAMBADAL) 1970et 1972; Mathématiques modernes 1972). Corps abélien* (confer Dictionnaire de sociologie (JOSEPH SUMPF, MICHEL HUGUES) 1973). c) [L'ensemble unifié jouit d'une certaine indépendance] — ANATOMIE. Élément anatomique ou organe présentant, du fait de sa constitution cellulaire, de sa fonction... une relative indépendance. Corps vitré. " Masse de consistance visqueuse (...) qui occupe l'espace compris entre la surface postérieure du cristallin et la rétine " (Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) tome 1 1970). Corps striés. Ensemble constitué par la réunion de trois amas de substance grise contrastant avec la blancheur des parties environnantes (confer Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) tome 1 1970). Corps calleux. Commissure interhémisphérique se présentant comme une lame de substance blanche (Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) tome 1 1970). Corps thyroïde. Synonymes : (glande) thyroïde* (confer Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) tome 1 1970). Le corps thyroïde règle notre embonpoint (MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 603 ). Corps jaune. " Corps qui se forme dans l'ovaire, chez les Mammifères, à la place du follicule de Graaf après sa rupture et la libération de l'ovule. (...). Le corps jaune agit, comme une glande à sécrétion interne, produisant de la progestérone (...) " (Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT)). Corps jaune gravidique, gestatif ou vrai; corps jaune menstruel ou périodique : corps jaune persistant. — ARCHITECTURE. Corps de logis. Bâtiment, servant de logement, indépendant de la construction principale. « Il occupe un petit corps de logis sur le devant » (Dictionnaire de l'Académie française. ). Remarque : Voir par ailleurs supra A 3 b ? architecture corps de bâtiment ou corps de logis. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 33 119. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 50 077, b) 35 826; XXe. siècle : a) 40 754, b) 54 417.

« ? 3....

le corps de l'homme poss?de non-seulement un squelette articul?, mais encore celui de tous qui est le plus complet et le plus perfectionn? dans toutes ses parties.

Ce squelette affermit son corps, fournit de nombreux points d'attache pour ses muscles, et lui permet de varier ses mouvemens presqu'? l'infini. JEAN-BAPTISTE LAMARCK, Philosophie zoologique, tome 1, 1809, page 138.

SYNTAXE?: Corps bien/mal constitu?, proportionn?; corps difforme, disgraci?; corps mince, svelte; corps de liane; corps dodu, ?pais, trapu; corps ch?tif, amaigri, d?charn?; corps osseux, squelettique; morphologie, constitution, configuration du corps; silhouette, lignes du corps; parties, partie inf?rieure, haut du corps; membres, attaches du corps; muscles, organes, veines du corps; beaut?, difformit? du corps; beau corps; corps harmonieux; (?tre) beau de visage et de corps; (?tre) sans d?faut de corps; (?tre) mince de corps; ?tudier, diss?quer le corps humain.

? Locution figur?e, vieillie.

Prendre l'ombre pour le corps.

Confondre de trompeuses apparences avec la r?alit?.

[Le sujet d?signe deux personnes] ?tre comme l'ombre et le corps.

?tre ins?parables, ne pas se d?placer l'une sans l'autre.

C'est comme l'ombre et le corps.

? Sp?cialement.

a) [Le corps f?minin par opposition au corps masculin et dans sa repr?sentation po?tique] Corps superbe, gracieux, ?l?gant; joli corps; corps de vierge, de f?e, de d?esse?: ? 4.

Tout ton essai a ce m?me charme gr?le, timide et gauche que tu attribues au corps de la femme.

La forme des phrases sugg?re sans cesse cette subtilit? frileuse et envelopp?e?: toujours leur mouvement est juste et reproduit l'inflexion d?licieusement d?form?e du corps f?minin. JACQUES RIVI?RE, Correspondance [avec Alain-Fournier] , 1907, page 281.

b) [Le corps humain du point de vue des v?tements qui le couvrent] Jeannot avait sur le corps nu un petit pantalon blanc avec des bretelles (ELSA TRIOLET, Le Premier accroc co?te deux cents francs, 1945, page 111 ). SYNTAXE?: Linge* de corps; (re)couvrir, rev?tir son corps (d'un v?tement); jeter un v?tement sur son corps; avoir un v?tement autour du corps; (avoir) le corps serr? dans un v?tement.

? Locution adjectivale.

[En parlant d'un v?tement] Pr?s du corps.

Tr?s ajust?, sans ?tre tout ? fait collant On. »

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