Définition et usage du mot: BÂTI2, -IE, participe passé, adjectif et substantif masculin.

Définition et usage du mot: BÂTI2, -IE, participe passé, adjectif et substantif masculin. I.— Participe passé de bâtir2* II.— Emploi adjectival. A.— [En parlant d'un inanimé concr] 1. [En parlant d'un édifice, d'un inanimé composé de parties assemblées et prenant généralement appui sur le sol] Construit. Maisons à moitié bâties, villes toutes bâties. a) [Pour indiquer la manière d'être d'un édifice, sa situation, etc.] Ville, maison bien bâtie : Ø 1. La prison de Reinbach était bâtie en étoile, suivant le plan habituel. MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, page 277. — Au figuré (Confer bâtir2 I B) Bâti sur le sable : Ø 2. Il promulgue des lois, et il les change; il établit des constitutions, et il les viole; il fonde des empires, et il les renverse; il n'est jamais content de son édifice bâti sur le sable, et dont la base se perd dans l'abîme. BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, De l'Esprit de conquête et de l'usurpation, 1813, page 189. b) Spécialement. [Avec un complément indiquant le matériau dont les murs d'un édifice sont construits] Bâti en, de : Ø 3. Mort! essuie à son front l'extase du tombeau, Qu'il soit d'argile fruste ou bâti de basalte. HENRI DE RÉGNIER, Poèmes, Tel qu'en songe, 1892, page 128. SYNTAXE : Maison bâtie en briques, en granit; cabanes bâties de fange et de paille; immeubles bâtis de plâtre et de papier mâché. — Au figuré. Édifice bâti de boue et de crachats. Édifice peu solide et dont les matériaux sont mauvais (Confer Jean-François Rolland, Dictionnaire du mauvais langage, 1813, page 18). 2. [En parlant d'un terrain] Couvert d'une ou plusieurs constructions : Ø 4. Cette cour, en 1815, était plus bâtie qu'elle ne l'est aujourd'hui. Des constructions qu'on a depuis jetées bas y faisaient des redans, des angles et des coudes d'équerre. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 369. SYNTAXE : Terrain bâti, non bâti. (Domaine administratif et fiscal) foncier bâti, non bâti; propriété bâtie, non bâtie; revenu cadastral bâti, non bâti. 3. TECHNOLOGIE. " Façonné, en parlant d'un chapeau " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). B.— [En parlant d'un inanimé abstrait, du moins en partie] Constitué, fait. 1. Élaboré, achevé : Ø 5. Rivière d'ailleurs poursuivait, sans lui en faire part, ses méditations : « Le visage de ce réseau est beau mais dur. Il nous a coûté beaucoup d'hommes, de jeunes hommes. Il s'impose ici, avec l'autorité des choses bâties, mais combien de problèmes il pose! » Cependant le but pour Rivière dominait tout. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Vol de nuit, 1931, page 96. 2. [En parlant d'une oeuvre artistique, d'un texte littéraire, etc.] Œuvre mal bâtie, solidement bâtie; oeuvre bâtie d'or et de boue (PAUL VALÉRY, Variété III, 1936, page 22 ); phrase mal bâtie : Ø 6. Ses premiers essais étaient restés au-dessous de la médiocrité; son oeil de paysan voyait gauchement et salement la nature; ses toiles, boueuses, mal bâties, grimaçantes, défiaient toute critique. ÉMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, page 28. C.— Figuré et familier. [En parlant d'une personne] 1. [En parlant de la conformation d'une personne, exceptionnellement d'un animal] Conformé, constitué : Ø 7. Le mammifère Paresseux est si mal bâti que, s'il tombe seulement sur le dos, il est incapable de se relever... JEAN ROSTAND, La Vie et ses problèmes, 1939, page 175. SYNTAXE : Bien, mal bâti; (être) bâti à chaux et à sable; bâti comme un hercule; fortement, solidement bâti; bâti en armoire. — Emploi comme substantif, familier, péjoratif. Un (grand) mal bâti ou malbâti : Ø 8. De la gouape! disait sentencieusement le contremaître, un mal bâti, laid jusqu'à l'horreur, avec sa face livide, tigrée de petite vérole, et ses touffes de sourcils embroussaillant un oeil crevé qui roulait, laiteux, dans une paupière rouge. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Les Soeurs Vatard, 1879, page 19. 2. [En parlant du caractère, du tempérament d'une personne] Être ainsi bâti (que) : Ø 9. Nous sommes ainsi bâtis que presque toutes nos émotions sont des malheurs;... ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1930, page 911. — Rare. [Avec la préposition de suivie d'un complément (supra II A 1 b)] Bâti de puérilités (JULES BARBEY D'AUREVILLY, 1er. Memorandum, 1837, page 114 ); Mais l'homme est bâti de ces bizarreries! (JULES BARBEY D'AUREVILLY, 2e. Memorandum, 1838, page 264 ). III.— Emploi comme substantif masculin. A.— TECHNOLOGIE. Pièce ou assemblage de pièces servant à supporter quelque chose ou à donner de la rigidité à un ensemble. Bâti d'un échafaudage; bâti de bois, de métal; bâti triangulaire : Ø 10. Au fond, un lit de camp, fait d'un bâti et de quelques brassées de paille. HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, page 65. SYNTAXE : Bâti du rouet. « Sa cage ou son support » (CHESN. 1857). Bâti-support (Catal. d'instruments de laboratoire. [Jouan] , 1933, page 64). — La formation du vocabulaire de l'aviation Bâti d'union (J. GUILLEMIN, Précis de construction, calcul et essai des avions et hydravions, 1929, page 156). — Céramique. Batis (substantif masculin) ou batisse (substantif féminin). « Dispositif d'enfournement permettant de cuire une grosse pièce » (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). — Charpenterie, menuiserie. Bâti dormant « Cadre fixe d'une porte, croisée, etc. » (Dictionnaire technique du bâtiment et des travaux publics (MAURICE BARBIER, ROGER CARDIERGUES, GUSTAVE STOSKOFF), 1963); bâti double. « Second bâti disposé à l'intérieur d'un autre, comme le bâti d'un guichet de porte cochère; dans ce cas, le bâti extérieur se nomme bâti de rive » (CHABAT 1881); bâti d'encadrement. « Cadre d'un parquet, d'un panneau, etc. » (Ibidem); bâti de remplissage. « Bâti qui divise en petits panneaux un lambris en parquet » (Ibidem); bâti de tenture. « Cadre sur lequel on cloue de la toile, que l'on recouvre ensuite de papier ou d'étoffe de tenture » (Ibidem). — HORLOGERIE. " Châssis d'une machine à fendre les roues " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). — THÉÂTRE. " Partie mobile des dessous d'un théâtre qui, par un machinisme, peut à volonté monter ou descendre, et sert ainsi à faire apparaître devant le public des personnages, des accessoires, des décors, etc. " (Hubert Génin, Le Langage des planches, 1911, page 15). — Par métaphore, au figuré : Ø 11. Quel que soit le cas envisagé, nous pouvons être sûrs qu'à la conscience la plus développée correspondra chaque fois un bâti plus riche et mieux agencé. Le plus simple protoplasme est déjà une substance de complexité inouïe. PIERRE TEILHARD DE CHARDIN, Le Phénomène humain, 1955, page 56. B.— Construction grossière de bois ou de maçonnerie : Ø 12. La vieille maison paternelle était constituée par un bâti de grosses pierres jointoyées à la chaux avec, dans l'intervalle des piliers, des murs de moëllons grossiers et de briques crues bourrées à la terre grasse. JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, page 97. — Par métaphore : Ø 13. En Méditerranée, les côtes basses sont rares; partout s'élèvent des montagnes qui l'abritent, scient en deux les nuages et forment le bâti circulaire d'un cirque uniforme, le cirque de l'olivier. PAUL MORAND, La Route des Indes, 1936, page 345. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 978 (substantif : 28). Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 3 453, b) 3 683; XXe. siècle : a) 2 388, b) 2 063. Forme dérivée du verbe "bâtir" bâtir BÂTIR1, verbe transitif. COUTURE. Assembler (les pièces d'un vêtement) en (les) faufilant Cette robe n'est pas cousue, elle n'est que bâtie (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932) : Ø 1. Je la vois passer devant ma fenêtre, les pieds enfouis dans des souliers d'homme, habillée d'une veste noire dont les coutures ne sont que bâties avec du fil blanc, comme pour un essayage,... ELSA TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, page 278. — emploi absolu. Assembler au moyen d'un faufil les pièces d'un vêtement : Ø 2. Parfois, elle faisait, à la cantonade, quelque confidence pensive touchant son travail. Elle disait : « Je vais bâtir. » Je savais bien qu'elle allait prendre une aiguillée de fil et coudre à grands points. J'avais toutefois le temps d'imaginer qu'elle pouvait, par magie, faire surgir de la table des murailles, des palais, des tours. GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, page 63.